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travers de cette peau ; défilez-la, & prenant les deux bouts du fil, tirez l’onglée à vous, & la coupez toute entiere avec des ciseaux ou un bistouri ; retirez le sol & bassinez l’endroit avec de la crême.

ONGLET, s. m. (Géom.) nom que les Géometres donnent à une tranche de cylindre terminée par la base, la surface courbe du cylindre, & son plan oblique qui rencontre la base avant d’avoir coupé la surface entiere du cylindre.

La surface courbe de l’onglet est quarrable, & on peut aussi trouver un parallélepipede qui lui soit égal en solidité. On trouvera plusieurs théorèmes sur les onglets de toute espece dans le troisieme volume du cours de Mathématique de M. l’abbé Didier, à Paris chez Jombert.

Cet auteur a recueilli ce que ses prédécesseurs avoient trouvé de plus curieux sur cette matiere. Si on appelle x les abscisses de la base de l’onglet, & y les ordonnés de cette base, les hauteurs correspondantes z des parties de l’onglet, seront , n étant à m comme la tangente de l’angle du plan oblique est au sinus total. Or comme , en nommant a le rayon, & que l’élément ds de l’arc de cercle est  ; il est visible que l’élément zds de la surface de l’onglet est  ; & que l’élément de l’onglet lui-même est  : d’où il est aisé de déduire, par le calcul intégral le plus simple, la surface & la solidité de l’onglet. (O)

Onglet, assemblage à, (Charpenterie.) c’est une maniere de joindre & d’assembler les pieces de bois pour un bâtiment, comme lorsque les pieces ne sont pas coupées quarrément, mais diagonalement ou en triangle. Voyez les articles Menuiserie & Charpente, & les Pl. de ces arts.

Onglet, terme de Fleuriste, c’est la partie blanche des feuilles de la rose, & de quelques autres fleurs, qui tient au calice, & qu’on retranche quand on les prépare pour des médicamens.

Onglet, (Gravure.) c’est une espece de burin dont se servent les graveurs en reliefs & en creux, il ne differe des onglettes qu’en ce qu’il est plus étroit par le côté de la pointe. Voyez Onglette.

Onglet, s. m. terme d’Imprimeur, ce sont deux pages qu’on imprime de nouveau, parce qu’il s’étoit glissé des fautes dans deux autres pages qu’on avoit imprimées auparavant : on appelle cela faire un onglet.

Onglet, terme de Menuiserie, est la coupe que l’on donne aux cadres & aux moulures dans les assemblages.

Onglet, terme d’Orfevre & Graveur, sorte de poinçon taillé en ongle ; il differe du burin qui est taillé en losange. (D. J.)

Onglet, (Relieure.) les Relieurs appellent onglet une bande de papier qu’ils cousent dans un livre pour y coller quelque chose. Ils appellent encore de ce nom le rebord des figures qui a servi à les coudre, ou le papier qu’ils collent à des feuilles pour y substituer des marges au besoin.

ONGLETTES, s. f. (Gravure.) les graveurs en relief & en creux sur les métaux, ainsi que les graveurs en cachets, & les Serruriers, se servent d’onglettes, ce sont des especes de petits burins plats ; il y en a qu’on appelle demi rondes, d’autres plattes, & d’autres tranchantes & à couteau. Voyez les figures dans nos Planches de la Gravure ; la premiere représente une onglette tranchante ou à couteau, montée sur son manche & à poignée de bois garnie d’une virole de cuivre ; la seconde une onglette double, c’est-à-dire qui a deux pointes ; elle est représentée

sans poignée : on se sert de cet outil comme du burin. Voyez Burin & l’article Graveur au burin.

ONGUENT, s. m. (Pharmacie.) remede extérieur, qui ne differe du liniment que par la consistence, & qui même en differe à peine par cette qualité. Voyez Liniment.

On trouve dans toutes les Pharmacopées un si grand nombre d’onguens officinaux, que le médecin peut se dispenser dans tous les cas d’en prescrire de magistraux. Si l’indication ou le défaut d’onguens officinaux l’y obligeoient pourtant, il pourroit en faire composer facilement d’après cette unique notion de leur essence pharmaceutique ; savoir que pour former un onguent il suffit de mêler ou de faire fondre ensemble différentes matieres huileuses, grasses, balsamiques, résineuses, d’une telle consistance ou avec une telle compensation de consistance, que le mélange étant froid ait à-peu-près la consistance du saindoux.

Les proportions des ingrédiens qui different naturellement en consistance sont déterminées d’après l’observation pour les onguens officinaux, & consignées dans les Pharmacopées. Quant aux onguens magistraux, si l’on mêle ensemble deux drogues, dont l’une ait trop de consistance & l’autre trop peu, comme l’huile & le blanc-de-baleine, par exemple ; la cire & un baume naturel, liquide, &c. on doit se diriger par le tâtonnement, ajoutant de l’un ou de l’autre des ingrédiens, selon que l’exige la consistance qu’on a obtenue par une premiere épreuve, réitérant ces épreuves, &c.

Les onguens sont principalement destinés au traitement des maladies extérieures, telles que les douleurs des membres, les dartres, la galle, les tumeurs, les plaies, les ulceres, &c. On les emploie aussi quelquefois pour combattre des maladies internes ; l’application des onguens sur le côté dans la pleurésie, sur la région épigastrique, sur les hypochondres, sur la région des reins, sur la région ombilicale, hypogastrique, &c. Dans la pleurésie, le vomissement, & d’autres maladies d’estomac, diverses maladies du foie, de la rate & des reins ; certaines coliques intestinales, des maladies de la vessie, de la matrice, &c. cette application, dis-je, est comptée parmi les secours que la Médecine fournit pour la guérison de ces maladies. Voyez ces articles Thérapeutique & Topique.

On applique les onguens sur les plaies & les ulceres, &c. étendus sur des plumaceaux. Voyez Plumaceaux. Quand ils sont employés à cet usage particulier, ils sont plus connus dans l’usage ordinaire de la Chirurgie sous le nom de digestifs. Voyez Digestif. On les applique dans tous les autres cas, en en répandant une couche légere sur la partie affectée, les faisant pénétrer autant qu’il est possible par le moyen d’une légere friction, & recouvrant ensuite la partie de linges chauds. C’est évidemment de cette maniere d’appliquer l’onguent que cette préparation tire son nom : il est appellé unguentum, du mot ungere, oindre.

L’usage de se frotter les jointures, & même les membres & tout le corps avec des huiles & des baumes ou onguens, qui étoit fort en vogue parmi les anciens dans l’état de santé, soit dans la vûe de se parfumer, ou dans celle de donner de la souplesse ou de la vigueur à leur corps ; cet usage, dis-je, est absolument aboli parmi nous, & même la théorie regnante de la transpiration cutanée & sur la vertu obstipante des matieres huileuses, prononce hardiment que cette application est non-seulement inutile, mais même très-dangereuse. Il est constant cependant que des peuples entiers l’ont autrefois pratiquée, au-moins sans mauvais effet. Nous savons aussi que les Islandois & les Groenlandois, & quel-