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trats, & les plus zélés pour la grandeur de l’état ; qui ne s’embarrassoient point que les membres inférieurs de l’état souffrissent, pourvû que cela servît à augmenter l’autorité des chefs ; & que les populares au contraire, étoient ceux qui recherchoient la faveur du bas peuple, & qui l’excitoient à demander les plus grands privileges pour contrebalancer la puissance des grands.

OPTIMUS, MAXIMUS, (Littérat.) c’est le nom le plus ordinaire que les anciens romains donnoient à Jupiter, comme étant celui qui caractérisoit le mieux la divinité dans ses deux principaux attributs, la souveraine bonté & la souveraine puissance. (D. J.)

OPTIMISME, s. m. (Phil.) on appelle ainsi l’opinion des philosophes qui prétendent que ce monde-ci est le meilleur que Dieu pût créer, le meilleur des mondes possibles. Le pere Malebranche, & sur-tout M. Leibnitz, ont fort contribué à accréditer cette opinion, voyez Malebranchisme & Leibnitzianisme. C’est principalement dans sa théodicée que le dernier de ces philosophes a expliqué & developpé son système. On peut en voir une idée dans son éloge par M. de Fontenelle, mémoires de l’académie, année 1716. Il prétend par exemple, que le crime de Tarquin qui viola Lucrece, étoit accessoire à la beauté & à la perfection de ce monde moral, parce que ce crime a produit la liberté de Rome, & par conséquent toutes les vertus de la république romaine. Mais pourquoi les vertus de la république romaine avoient-elles besoin d’être précédées & produites par un crime ? Voilà ce qu’on ne nous dit pas, & ce qu’on seroit bien embarrassé de nous dire. Et puis, comment accorder cet optimisme avec la liberté de Dieu, autre question non moins embarrassante ? Comment tant d’hommes s’égorgent ils dans le meilleur des mondes possibles ? Et si c’est-là le meilleur des mondes possibles, pourquoi Dieu l’a-t-il créé ? La réponse à toutes ces questions est en deux mots : o altitudo ! &c. Il faut avouer que toute cette métaphysique de l’optimisme est bien creuse. (O)

OPTION, s. f. (Jurisprud.) signifie quelquefois la faculté que l’on a de choisir une chose entre plusieurs. Quelquefois aussi l’on entend par le terme d’option, le choix même qui a été fait en conséquence de cette faculté : celui qui a une fois consommé son option ne peut pas varier.

Le droit d’option qui appartenoit au défunt, n’étant pas consommé, est transmissible aux héritiers directs ou collatéraux. Voyez Bacquet, des droits de justice, ch. xv. n. 77. Duplessis, traité du douaire, & traité de la continuation de communauté. (A)

Option, s. f. (Art milit. des Rom.) optio, officier d’infanterie, aide du centurion : on l’appelloit autrement uragus ; il marchoit à la queue des bandes, & son poste répondoit à celui de nos sergens. On l’appelloit option, du mot opto, je choisis, parce qu’il dépendoit du centurion de choisir qui il vouloit pour cet emploi : cependant dans les commencemens de la république, l’option étoit nommé par le tribun ou le chef de la légion. (D. J.)

OPTIQUE, en Anatomie, est la dénomination qu’on donne à deux nerfs de la seconde conjugaison, qui prennent leur origine des cuisses de la moëlle allongée, & qui vont aux yeux. Voyez Planches anat. & leur explic. Voyez aussi au mot Nerf.

Ces nerfs s’approchent peu-à-peu, à mesure qu’ils s’éloignent de leur origine, & s’unissent enfin à la base du cerveau, proche de l’entonnoir. Ils se séparent ensuite, mais sans se croiser, & il en va un à chaque œil. Voyez Œil.

Ils sont revêtus de deux tuniques qui viennent de la dure & de la pie-mere, & forment par leurs ex-

pansions les deux membranes des yeux, qu’on appelle la choroïde & la sclérotique. Voyez Choroïde & Sclérotique.

La rétine qui est une troisieme membrane ; & l’organe immédiat de la vûe, n’est que l’expansion de la partie fibreuse ou intérieure de ces nerfs. Voyez Rétine.

La construction des nerfs optiques est tout-à-fait différente de celle des autres nerfs, qui tous paroissent composés de dures fibres ; car ceux-ci avant d’entrer dans l’orbite de l’œil, ne sont qu’une tunique ou un canal formé par la pie-mere, qui enferme une production de la moëlle du cerveau, & que l’on en fait aisément sortir. A leur entrée dans les yeux ils reçoivent une autre tunique de la dure-mere ; & ces deux tuniques sont attachées ensemble par des filets prodigieusement menus. Celle qui est formée par la dure-mere se prolonge jusqu’à la choroïde, & celle qui l’est par la dure-mere, jusqu’à l’uvée.

Depuis leur entrée dans l’orbite de l’œil jusqu’à la prunelle, la moëlle enfermée dans ces deux tuniques se séparent en une grande quantité de petites cellules qui répondent l’une à l’autre. Voyez Vision.

Le lecteur ne sera point surpris si nous ajoutons ici differens points qui peuvent servir à expliquer divers phenomenes de la vision. Il saura donc qu’on a beaucoup dispute sur l’union de ces nerfs. Galien dit qu’ils se joignent & ne se croisent pas, comme Gabriel de Zerbis & autres l’ont pensé depuis. Vésale a confirmé la chose par une expérience. Dans une maladie il trouva le nerf droit plus grêle, devant & derriere leur union ; le gauche au contraire, étoit dans son état naturel : Valverda dit avoir souvent fait la même remarque. Riolan, Santorini, Cheselden, Loeselius viennent à l’appui du même fait ; Vésale a encore l’exemple d’un homme dont les nerfs n’étoient pas unis, & qui n’avoit rien de dérangé dans la vision. Charles Etienne, Colombe, Casséricq, Hovius, Briggs & Boerhaave sont tous du même avis.

Galien dit que cette union est cause que nous ne voyons qu’un objet, quoique nous ayons deux yeux. Ensuite le grand Neuwton a proposé dans ses petites questions, la même opinion qu’avoit notre auteur ; savoir que la moitié droite des deux yeux venoit de la couche droite du cerveau, & que les moitiés gauches de l’un & l’autre œil, venoient de la couche gauche. Voilà en passant, la raison pour laquelle les maux de l’œil droit passent si facilement dans l’œil gauche. Lorsqu’on coupe le nerf optique droit, les deux yeux perdent la vûe, suivant l’observation de Magatus. Dans les paralysies chroniques, les deux yeux sont presque inutiles, au jugement de S Yves ; & Méibom a vu une paralysie à l’œil droit naître de la blessure du gauche. Selon Stenon les nerfs ne sont point unis dans leur épaisseur, si ce n’est dans le lamia. Willis, Briggs, &c. sont dans la même opinion. Monroo, Bartholin & autres, prétendent aussi que cette union ne se trouve point dans le caméleon ; mais MM. de l’académie de Paris, ont démontré après Valisnieri, que ces nerfs s’unissoient dans cet animal comme dans tous les autres, à l’entrée du nerf optique. Dans l’œil il y a une papille évidente, applatie : au milieu du fond de cette papille sort une artériole, très-facile à voir dans le bœuf, décrite dans le lion, par MM. de l’académie de Paris, par Pertault, Ridley, Morgagni, &c : il y en a quelquefois plusieurs ensemble. De Haller, comment. Boerrh.

Optique, s. f. (Ordre encyclop. Entendement. Raison. philosoph. ou science, Science de la nat. Mathem. Mathématiques mixtes, Optique). est proprement la science de la vision directe, c’est-à-dire, de la vi-