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traiter 2 comme très petite par rapport à , que tant que a une valeur considérable ; car si x est presque = 2a, alors , est presque =0, & alors z bien loin d’être très-petite par rapport à , peut être beaucoup plus grande. De même si un corps est attiré vers un point, par une force qui soit en raison inverse du quarré de la distance, & qu’à cette force il s’en ajoûte une autre dans la même direction, que j’appellerai φ, & qui soit très-petite par rapport à la premiere, on auroit tort de supposer en général, que le rayon vecteur differe peu de ce qu’il seroit s’il n’y avoit que la premiere force ; car la seconde force peut être telle qu’elle donne un mouvement à l’apogée, & que par conséquent au bout de plusieurs révolutions l’orbite change considérablement de position & de forme. Au reste, l’usage & la lecture des grands Géometres en apprendront plus sur ce sujet que toutes les leçons & tous les exemples. (O)

Négliger, (Jardinage.) on dit un jardin négligé, un gazon négligé, un oranger négligé.

Négliger son corps à cheval, c’est ne s’y pas tenir en belle posture.

NÉGOAS, (Géog.) ou l’ile des Negres ; île d’Asie, l’une des Philippines entre celles de Luçon au nord, & celle de Mindanoa au midi. Long. 139. 35-141. lat. 8. 50-10.35. (D. J.)

NÉGOCE, s. m. (Commerce.) ou trafic de marchandises ou d’argent. Voyez Commerce.

Le négoce est une profession très-honorable en Orient, où elle est exercée non seulement par les roturiers, mais encore par les plus grands seigneurs, & même par les rois quelquefois en personne, mais toûjours par leurs commis.

C’est sur-tout en Perse que la qualité de marchand a des honneurs & des prérogatives extraordinaires ; aussi ce nom ne se donne-t-il point aux gens qui tiennent boutique ou qui trafiquent de menues denrées, mais seulement à ceux qui entretiennent des commis & des facteurs dans les pays les plus éloignés. Ces personnes sont souvent élevées aux plus grandes charges, & c’est parmi elles que le roi de Perse choisit ses ambassadeurs. Le nom de marchand en persan est saudaguet, qui signifie faiseur de profit.

Le négoce se fait en Orient par courtiers, que les Persans nomment delal, c’est-à-dire grands parleurs, à cause de leur maniere singuliere de traiter. Voyez Courtiers. Et ils appellent vikils, ceux qu’ils tiennent dans les pays étrangers. Diction. de Com.

Le moyen le plus sûr de ruiner le négoce dans un royaume, est d’autoriser la Finance à son préjudice. L’embarras des formalités, les droits des fermiers, des commis, les charges, les visites, les procès-verbaux, le retard des expéditions, les saisies, les discussions qui en résultent, &c. détruisent en peu d’années dans les provinces, le négoce le plus lucratif & le mieux accrédité. Aussi la pernicieuse liberté accordée au fermier de la douane de Lyon, d’établir des bureaux où bon lui sembleroit, fut si bien employée dans le dernier siecle, qu’en moins de cinquante ans il s’en trouva cent soixante-sept dans le Lyonnois, le Dauphiné, la Provence & le Languedoc ; & par-là tout le négoce des denrées à l’étranger se trouva culbuté. C’est au grand crédit des favoris & des Financiers, sous le regne d’Henri III. que l’on doit rapporter la plûpart des établissemens funestes au négoce du royaume. (D. J.)

NÉGOCIANT, s. m. banquier ou marchand qui fait négoce. Voyez Banquier, Marchand, Commerce, Négoce, Trafic.

NÉGOCIATEUR, s. m. (Politique.) ministre chargé de traiter de paix, de guerre, d’alliance & de toute autre affaire d’état, plus ou moins importante.

Le négociateur ou le plénipotentiaire, dit la Bruyere, est un prothée qui prend toutes sortes de formes : semblable quelquefois à un joueur habile, il ne montre ni humeur, ni complexion, soit pour ne point donner lieu aux conjectures, ou se laisser pénétrer, soit pour ne rien laisser échapper de son secret par passion, ou par foiblesse. Quelquefois aussi il sait feindre le caractere le plus conforme aux vûes qu’il a, & aux besoins où il se trouve, & paroître tel qu’il a intérêt que les autres croient qu’il est en effet.... Il parle quelquefois en termes clairs & formels : il sait encore mieux parler ambiguement, d’une maniere enveloppée ; user de tours ou de mots équivoques qu’il peut faire valoir ou diminuer dans les occasions & selon ses intérêts. Il demande peu quand il ne veut pas donner beaucoup ; il demande beaucoup, pour avoir peu & l’avoir plus sûrement ; il demande trop, pour être refusé ; mais dans le dessein de se faire un droit ou une bienséance de refuser lui-même ce qu’il sait bien qu’on lui demandera, & qu’il ne veut pas octroyer....... Il prend directement ou indirectement l’intérêt d’un allié, s’il y trouve son utilité ou l’avancement de ses prétentions. Il ne parle que de paix, que d’alliance, que d’intérêts publics ; & en effet il ne songe qu’aux siens, c’est-à-dire à ceux de son maître....... Il a son fait digéré par la cour, toutes ses démarches sont mesurées, les moindres avances qu’il fait lui sont prescrites ; & il agit néanmoins dans les points difficiles, & dans les articles contestés, comme s’il se relâchoit de lui-même sur le champ, par un esprit d’accommodement & de déférence, promettant qu’il fera de son mieux pour n’être pas désavoué par sa cour. Il ne tend par ses intrigues qu’au solide & à l’essentiel, toûjours prêt de leur sacrifier les points d’honneur imaginaires....... Il prend conseil du tems, du lieu, des occasions, de sa puissance ou de sa foiblesse, du génie des nations avec qui il traite, du tempérament & caractere des personnes avec qui il négocie. Toutes ses vûes, toutes ses maximes, tous les raffinemens de sa politique tendent à un seule fin, qui est de n’être point trompé, & de tromper les autres. (D. J.)

Négociateur, s. m. dans le Commerce, celui qui se mêle de quelque négociation, traité ou marché entre les Commerçans. Les agens de banque & courtiers sont les négociateurs des marchands & banquiers. Dict. de commerce. (G)

NÉGOCIATION, s. f. (Société civile.) conduite d’affaires & de traités entre particuliers.

Le but de toutes négociations est de découvrir ou d’obtenir quelque chose. Les hommes se découvrent ou par confiance, ou par colere, ou par surprise, ou par nécessité, c’est-à-dire lorsqu’on met quelqu’un dans l’impossibilité de trouver des faux fuyans, ni d’aller à ses fins sans se laisser voir à découvert.

Pour gagner un homme, il faut connoître son naturel & ses manieres ; pour le persuader, il faut savoir la fin où il butte, ou gagner les personnes qui ont le plus de pouvoir sur son esprit : pour lui faire peur, il faut connoître ses foiblesses & ses désavantages. Avec les gens adroits, consultez plutôt leurs desseins que leurs paroles, vous connoîtrez leurs vûes par leurs intérêts : la ruse décele moins d’esprit que de foiblesse ; mais la finesse permise est le chemin couvert de la prudence.

Les négociations importantes ont besoin de tems pour mûrir. La précipitation fait de grands maux dans les affaires, ainsi qu’une digestion trop hâtée détruit l’équilibre des humeurs, & que la crudité des sucs devient le germe des maladies. On avance beaucoup plus à marcher d’un pas égal & soutenu, qu’à courir à perte d’haleine. La vanité de paroître