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d’infamies : cette preuve n’est qu’un conte absurde qu’on inventa contre des malheureux qu’on vouloit sacrifier ; & ce qui réfute pleinement la fausseté de ce bruit, c’est qu’entre tant de picards que Ziska saisit dans cette île, & qu’il fit périr, on ne voit pas dans l’Histoire qu’un seul ait été trouvé nud. De plus, comment se persuader que la noblesse de Moravie, qui protégeoit les picards de son pays, ait pu soutenir des fanatiques qui donnoient dans l’excès ridicule de se faire une religion de la nudité ? Enfin, comment imaginer que d’infâmes voluptueux souffrent constamment les plus cruels supplices, & qu’ils embrassent volontairement une mort cruelle qui les va priver de tous les plaisirs après lesquels ils couroient ? Ajoutez à toutes ces preuves le témoignage du jésuite Balbinus, qui ne doit pas être suspecté de favoriser ces hérétiques ; & néanmoins il convient que c’est à tort qu’on a accusé les Picards à cet égard, & il reproche à Théobald d’avoir donné mal-à-propos aux Adamites le nom de Picards. Balbin. Epitom. rer. Bohem. lib. IV. pag. 449. Voici ce que les Théologiens catholiques les plus modérés pensent des Picards : ils disent que ce fut une secte d’hérétiques qui s’éleverent en Bohème dans le xv. siecle, & qui prirent ce nom de leur chef appellé Picard, natif des Pays-bas.

Que ce fanatique se fit suivre d’un assez grand nombre d’hommes & de femmes, qu’il prétendoit, disoit-il, rétablir dans le premier état d’innocence où Adam avoit été créé ; c’est pour quoi il prenoit aussi le titre de nouvel Adam.

Que sous ce prétexte il établit comme un dogme parmi ses sectateurs, la jouissance des femmes, ajoutant que la liberté des enfans de Dieu consistoit dans cet usage, & que tous ceux qui n’étoient pas de leur secte étoient esclaves. Mais quoiqu’il autorisât la communauté des femmes, ses disciples ne pouvoient cependant en jouir sans sa permission, qu’il accordoit aisément, en disant à celui qui lui présentoit une femme avec laquelle il désiroit avoir commerce : Va, fais croître, multiplie & remplis la terre. Il permettoit aussi à cette populace ignorante d’aller toute nue, imitant en ce point comme en l’autre les anciens Adamites. Voyez Adamites.

Les Picards avoient établi leur résidence dans une île de la riviere de Lansnecz, à quatorze lieues de Thabor, place forte, où Ziska, général des Hussites, avoit son quartier principal. Ce guerrier instruit des abominations des Picards, marcha contr’eux, s’empara de leur île, & les fit tous périr par le fer ou par le feu, à l’exception de deux qu’il épargna, pour s’instruire de leur doctrine. Dubrav. liv. VI. Sponde ad ann. chr. 1420.

PICAREL, s. m. imaris, (Hist. nat. Icthiol.) poisson de mer. On lui a donné à Antibes le nom de garon, & en Languedoc celui de picarel, parce qu’il pique la langue lorsqu’il est desséché & salé. C’est une espece de mendole qui est toujours blanche, cependant il est plus étroit & plus court que la mendole, car il n’a que la longueur du doigt. Le museau est pointu ; il y a de chaque côté sur le milieu du corps une tache noire & des traits argentés & dorés, mais peu apparens, qui s’étendent depuis la tête jusqu’à la queue ; au reste il ressemble à la mendole par les nageoires, les aiguillons, la queue, &c. Rondelet, hist. des poissons, liv. V. chap. xiv. Voyez Mendole, poisson.

PICATAPHORE, s. m. (Astrolog. judic.) Les Astrologues appellent ainsi la huitieme maison céleste, par laquelle ils font des prédictions touchant la mort & les héritages des hommes. On la nomme encore porte supérieure, lieu paresseux, maison de mort & des héritages. Ranzovius, dans son tractatus astrolog. part. II. a traité toutes ces fadaises ridicules. (D. J.)

PICAVERET, voyez Linote.

PICCA-FLOR, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) c’est le nom que les Espagnols donnent au colibri ou à l’oiseau-mouche, à cause qu’il ne vit que du suc des fleurs. Son article est fait au mot Colibri.

Rien n’égale la beauté du plumage de ces charmans oiseaux ; ils font leurs nids avec tout l’art & les précautions possibles ; cependant ils n’en sont que trop souvent chassés par des grosses & cruelles araignées, qui y viennent pour sucer les œufs ou le sang des pauvres petits colibri.

Presque tous les auteurs assurent que cet oiseau n’habite que les pays chauds, mais M. de la Condamine déclare qu’il n’en a vu nulle part en plus grande quantité que dans les jardins de Quito, dont le climat tempéré approche plus du froid que de la grande chaleur. Mem. de l’acad. des Scienc. 1745. (D. J.)

PICEA ABIES, (Jardinage.) est une espece de sapin vulgairement appellé epicia, & semblable à l’if pour le bois & la feuille, qui ne tombe point ; il s’éleve plus haut, sans être ni si garni ni si beau. Le picea produit de la graine qui le perpétue. On le place ordinairement dans les parcs entre les arbres isolés des allées doubles, ou dans les bosquets verds.

PICELLO, (Géog. mod.) ville ou bourg de l’Anatolie sur la mer Noire, entre Penderachi & Samastro. C’est l’ancienne Psyllium de Ptolomée.

PICENTIA, (Géog. anc.) ville d’Italie, capitale des Picentins. Cette ville étoit dans les terres. Les habitans furens chassés de leur ville pour avoir pris le parti d’Annibal. Léander & Mazella disent qu’on la nomme présentement Vicentia. 2°. Il y avoit une autre ville d’Italie du nom de Picentia ; elle étoit dans le Latium, selon Denis d’Halicarnasse, l. V.

PICENTINORUM GENS, PICENTINI & PICENTES, (Géogr. anc.) peuples d’Italie. Ils habitoient sur la côte de la mer de Toscane, depuis le promontoire de Minerve, qui les séparoit de la Campanie, jusqu’au fleuve Silarus, qui étoit la borne entre les Picentins & les Lucaniens. Dans les terres ils s’étendoient jusqu’aux limites des Samnites & des Harpini ; limites qui nous sont néanmoins absolument inconnues.

PICENUM, (Géog. anc.) contrée d’Italie à l’orient de l’Umbrie, & connue aussi sous le nom d’ager Picenus. Les habitans de cette contrée étoient appellés Picentes ; ils étoient différens des Picenuni, qui habitoient sur la côte de la mer inférieure. Ce peuple étoit si nombreux, que Pline, lib. III. cap. xviij. fait monter à trois cens soixante mille le nombre des Picentes qui se soumirent aux Romains. Les bornes du Picenum proprement dit, s’étendoient le long de la côte, depuis le fleuve Œsus jusqu’au pays des Prætutiani. Dans un sens plus étendu, le Picenum comprenoit le pays des Prætutiani & le territoire de la ville Adria.

J’ai dit que les Picentins, Picentini, habitoient sur la côte de la mer inférieure ; j’ajoute ici que ce peuple étoit une colonie de Sabins, qui étant sortis de Picenum, aujourd’hui la Marche d’Ancône, s’emparerent d’une partie de la Campanie. Ils possedoient le canton de terre où est à-présent la partie occidentale du Principat méridional, entre le cap Campanella & le fleuve Sélo. On croit que Salerne étoit la capitale de ces peuples. (D. J.)

PICHA-MAL, (Hist. nat. Botan.) fleur qui se cultive dans l’île de Ceylan ; elle est blanche & a l’odeur du jasmin : on en apporte tous les matins un bouquet au roi du pays, enveloppé dans un linge blanc, & suspendu à un bâton. Ceux qui rencontrent ce bouquet se détournent par respect. Il y a des officiers qui tiennent des terres du roi pour y planter de ces fleurs ; ils ont le droit de s’emparer de tous les endroits où ils pensent qu’elles croîtront le mieux.

PICHET, PICHER, PICHE, s. m. (Marchand