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prétend que l’oracle de Delphe blâma le meurtrier d’un homme si rare par son génie.

On ignore le nom de cet excellent homme de Paros, qui dressa le plus beau monument de chronologie qui soit au monde, & dont nous n’obmettrons pas l’article dans cet ouvrage. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Paros, chronique de, (Chronol.) Voyez Marbre de Paros, où vous trouverez l’histoire de cette célebre chronique, gravée sur du vrai marbre il y a plus de deux mille ans, & conservée sur ce marbre presque jusqu’à nos jours.

C’est un monument dont l’autorité mérite la plus grande considération, non-seulement à cause de son antiquité, qui n’est que de cent cinquante ans moins reculée que celle du plus ancien historien dont les ouvrages nous soient parvenus ; mais encore parce que c’est un original, auquel on ne peut reprocher les altérations & les vices qui se rencontrent dans tous les autres ouvrages d’histoire & de chronologie, qui ne nous ont été transmis que par une succession de copies toujours d’autant plus suspectes, qu’elles sont éloignées de la source d’où elles sont parties.

C’est une remarque de M. Gibert, qui prouve dans les mémoires de l’académie des Inscriptions, tome XXIII. que les fautes légeres qu’a pu peut-être commettre Selden, & ceux qui l’ont secondé dans la lecture de cette chronique précieuse, ne sont ni en grand nombre, ni telles qu’elles puissent diminuer l’autorité de ce marbre, je ne dirai pas sur celle des auteurs postérieurs incontestablement moins instruits ; mais sur celle de plusieurs écrivains antérieurs, qui ne se sont pas occupés, qui ont fait l’unique objet du chronographe de Paros ; enfin sur celle de tous les manuscrits, que leur nature même, & l’ignorance d’une longue suite de copistes rendront toujours bien plus suspects qu’une inscription originale, dont la copie nous a été fournie par un des plus savans hommes du dernier siecle.

Paros, marbre de, (Hist. nat.) Parium marmor, lychnites. C’est le nom que les anciens donnoient à un marbre d’un beau blanc, très-compacte, susceptible de prendre le plus beau poli, d’une dureté médiocre, & composé d’un amas de particules très-brillantes, qui sont des petites lames ou feuillets luisans de spath, étroitement lies les uns aux autres, c’est à cela qu’on peut reconnoître le marbre de Paros.

Les anciens regardoient le marbre de Paros comme le plus beau & le plus propre à faire des statues. L’île de Paros n’est point la seule où il se trouve, il y en a encore des carrieres dans celles de Nanos & de Tinos ; mais on ne les exploite plus. Il nous reste encore plusieurs statues antiques faites avec le marbre de Paros.

On a quelquefois confondu le marbre blanc de Carrare avec celui de Paros ; mais il est d’un grain plus fin que ce dernier.

PAROTIDES, s. f. pl. en Anatomie ; ce sont deux grosses glandes situées derriere les deux oreilles, qui remplissent l’espace qui est entre l’angle postérieur de la machoire inférieure, & l’apophyse mastoïde. Voyez Glande & Oreille.

Ce mot est composé du grec παρά, proche, & οὖς, oreille ; elles sont de l’espece conglomerée ; & par divers canaux excrétoires, qui enfin se réunissent en un, versent une humeur qu’elles séparent du sang artériel, qu’on nomme salive dans la bouche, par deux vaisseaux formés de plusieurs branches unies à l’issue de ces glandes, & qui vont rendre le long de la joue à la troisieme dent molaire. Voyez Salive & Salivaire.

Parotides, on donne aussi le nom de parotides

à une tumeur inflammatoire, c’est-à-dire, accompagnée de rougeur, chaleur, douleur & pulsation, dont la glande parotide est attaquée. Ces tumeurs sont ordinairement malignes & critiques ; elles surviennent à la suite des fievres malignes & pestilentielles. Les parotides bénignes sont plutôt œdémateuses qu’inflammatoires ; elles sont ordinaires aux enfans, & connues plus particulierement sous le nom d’oreillons. Voyez Oreillons.

Les parotides inflammatoires demandent, surtout lorsqu’elles sont critiques, à être déterminées à la suppuration. Dès qu’on s’apperçoit, après l’usage des maturatifs, d’un point de fluctuation au centre de la tumeur, on peut & l’on doit l’ouvrir sans différer. La continuation des cataplasmes émolliens & résolutifs procurera la résolution de la circonférence de la tumeur, concurremment avec la fonte suppuratoire qui se fait au centre.

On se presse de faire l’ouverture des parotides enflammées, pour empêcher l’engorgement du cerveau, par la compression que ces glandes engorgées font sur les jugulaires. Quelques auteurs prescrivent l’application d’une pierre à cautere pour entamer cette glande & y attirer forcément la suppuration.

Dans les virus vénériens & scrophuleux, les glandes parotides deviennent skirrheuses par l’épaississement de la lymphe, à quoi le froid extérieur auquel ces glandes sont exposées, ne laisse pas de pouvoir beaucoup contribuer. La résolution de ces tumeurs dépend de l’efficacité des remedes internes, appropriés à la destruction du principe virulent. Les émolliens, les discussifs & les fondans extérieurs sont fort utiles. Si la parotide venoit à suppurer à la suite d’un engorgement vénérien, comme la tumeur s’est formée lentement & par congestion, on n’est pas obligé d’avoir recours aux moyens prompts que prescrit le traitement méthodique de la parotide critique à la suite d’une fievre aigue. Il faut laisser le pus se former comme dans les bubons des aines, dont la parotide ne differe alors que par la situation du mal. Le pus peut être résorbé sans inconvénient pendant l’usage des antivénériens ; & s’il séjourne dans la tumeur, lorsqu’elle est bien en maturité, une légere incision à la partie déclive suffit pour évacuer le pus. L’attention du chirurgien éclairé est seulement de ne pas attendre que les tégumens soient émincis au point de ne pouvoir être conservés.

La cure des parotides ouvertes est la même que celle des abscès. Voyez Absces, Ulceres, Détersifs, &c. (Y)

PAROXYSME, redoublement, accès, (Gram. Synonim. Médec.) ces trois mots confondus chez les Grecs, & compris sous le nom générique de παροξυσμὸς ont été distingués dans le langage latin & françois de la Médecine ; ils ont chacun leur signification, leur usage & leur application propres. On les emploie en général pour désigner dans les maladies intermittentes le tems auquel les symptomes reviennent ou augmentent ; mais on a restreint l’usage des mots, paroxysme & accès, aux maladies où l’intermittence est complette, pour exprimer le retour absolu des accidens qui avoient cessé tout-à-fait de se faire sentir ; redoublement se dit des maladies continues dans lesquelles on observe une alternative de bien & de mal ; & on donne proprement ce nom à l’augmentation des symptomes ; c’est en ce sens qu’on dit fievres putrides avec redoublement : le mot latin qui lui répond est exacerbatio. Ces fievres méritent une attention particuliere, & exigent quelques variétés dans le traitement. Voyez Fievre.

Quoique paroxysme & accès appliqués aux maladies intermittentes complettes, paroissent & soient en effet dans la rigueur synonymes, cependant on ne s’en sert pas indistinctement ; il n’y a point de regle qui