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dans d’autres le corcelet est tout couvert de poils antérieurement ; d’autres ont la partie postérieure de leur dos toute velue. L’on découvre encore dans quelques-uns des poils sur leurs aîles, tant inférieures que supérieures, & sur leurs jambes. Les poils de divers insectes sont roides & cassans ; c’est ce qui rend les piquures de ceux des chenilles si incommodes, & qui a fait regarder ces insectes comme venimeux.

Ces poils sont de différentes couleurs, qui changent cependant lorsque les insectes vieillissent, & qu’ils sont prêts à former leur coque ; c’est sur-tout dans ces derniers cas, où les insectes cessent de manger, & vont se disposer à changer d’état, qu’il arrive quelquefois des changemens très-considérables à leurs poils. De bons observateurs ont remarqué des chenilles d’un poil naturellement très-blanc, & qui se change alors en noir en moins de quelques heures.

Les poils sont clair-semés sur quelques-uns ; sur d’autres assez abondans, & d’autres en sont hérissés. Il y a des insectes qui sont ornés de brosses, les unes quarrées, les autres rondes ; en d’autres les poils égalisés par le haut, ressemblent aux aigrettes de verre que les Turcs portent à leurs turbans, ou se terminent en pointe comme l’extrémité d’un pinceau. L’on en voit dont les poils sont si gros, si piquans, qu’on les peut appeller des épines.

Chacune de ces épines se divise encore quelquefois en plusieurs branches dures, & souvent si petites, qu’elles ne tombent pas sous les sens. Elles sont pareillement de différentes couleurs, comme on le remarque dans les diverses especes de chenilles épineuses : chacune de ces épines n’a pas le même nombre de branches ; les unes en ont trois, d’autres quatre, ou même plus ; leur position est aussi très-différente. Dans les uns, les épines sont placées autour de chaque anneau sur une même ligne ; dans d’autres, elles y sont placées sur deux lignes différentes, obliquement, & toujours à des distances si égales, qu’on diroit qu’elles ont été mesurées dans la derniere exactitude.

Ces poils & ces épines ont leur usage ; ils garantissent tels insectes d’un trop grand frottement, qui ne pourroit qu’endommager leur peau ; ils servent d’armes aux autres qui les emploient à piquer leurs ennemis avec assez de force. Enfin, parmi ceux qui vivent sous l’eau, il y en a qui y renferment entre leur poil une bulbe d’air qui leur sert pour remonter plus facilement sur l’eau. (D. J.)

Poils, (Chimie.) poils & cheveux. Voyez Substances animales.

Poil, (Commerce.) filets déliés, qui sortent par les pores de la plûpart des animaux à quatre piés, & qui servent de couverture à toutes les parties de leur corps.

Il se fait en France, en Angleterre, en Hollande & ailleurs, un commerce & une consommation prodigieuse de plusieurs sortes de poils, qui s’emploient en diverses especes de manufactures. Les uns sont filés, & les autres encore tels qu’ils ont été levés de dessus la peau des animaux qui les ont fournis.

Les principaux sont le castor ou bievre, la chevre, le chameau, le lapin, le lievre, le chien, le bœuf, la vache & le veau. Savary. (D. J.)

Poils, (Jardinage.) les poils qu’on voit à nombre de végétaux, ne sont point surement des parties superflues, ainsi que plusieurs jardiniers se l’imaginent ; elles servent ainsi que dans les animaux, pour la transpiration de leurs trachées & pour l’écoulement de leurs superfluités ; rien, comme l’on sait, n’est inutile dans la nature.

Poil de cheval : le poil que les Académistes & les Maréchaux appellent vulgairement la robbe du che-

val, fait un des principaux objets de leur science,

Voyez Cheval.

Si le poil d’un cheval, & sur-tout celui qui est autour du cou, & sur les parties découvertes, se trouve lisse, poli & serré, c’est une marque de santé & d’embonpoint : mais s’il est rude, hérissé & bigarré, il marque de la froideur, de la pauvreté, ou quelque défaut interne. Pour lisser, polir & adoucir le poil d’un cheval, il faut le tenir chaud, le faire suer souvent & le bien étriller chaque fois.

Le fanon ou toupet de poil qui vient au derriere du boulet de plusieurs chevaux, sert à en défendre la partie qui s’avance quand il marche dans des chemins pierreux, ou dans le tems de gelée. Quand il y avoit quelqu’endroit chauve ou dégarni, ou que le poil y étoit trop court, les anciens maréchaux avoient coutume de le laver avec de l’urine d’un jeune homme, & ensuite avec une lessive de chaux vive, de céruse & de litharge. Les modernes ont plusieurs méthodes différentes : les uns lavent ces parties avec une décoction de racine d’althéa ou de guimauve, les autres avec du lait de chevre, dans lequel on a broyé de l’agrimoine. Quelques-uns frottent les parties avec de la semence d’ortie pilée, avec de l’eau de miel & du sel ; d’autres les bassinent avec du jus d’oignon ou de rave ; d’autres avec une composition d’alun, de miel, de crotte de chevre, & de sang de porc ; d’autres avec la racine de lis blancs bouillie dans l’huile : d’autres avec du goudron, de l’huile d’olives & du miel ; & d’autres enfin avec des coquilles de noix pulvérisées, & mêlées avec du miel, de l’huile & du vin.

Pour ôter le poil de quelqu’endroit, on y applique un emplatre fait de chaux vive bouillie dans l’eau, auquel l’on ajoute de l’orpiment.

La largeur d’un poil fait la quarante-huitieme partie d’un pouce, en fait de mesure.

Poil planté ou poil piqué, se dit quand on voit le poil du cheval tout droit, au lieu d’être couché à son ordinaire, c’est signe que le cheval a froid, ou qu’il est malade.

Poil lavé, voyez Lavé. Souffler au poil, voyez Souffler.

Avoir toujours l’éperon au poil, se dit du cavalier qui picote sans cesse le poil de son cheval avec les éperons, ce qui est un défaut.

Poil de laine, (Plumassier.) duvet que fournit l’autruche : il y en a de deux sortes, l’un fin & l’autre gros, dont le premier entre dans la fabrique des chapeaux communs, & l’autre sert à faire les lisieres des draps blancs les plus fins, pour être destinés à teindre en noir. (D. J.)

Poil de velours ; on appelle poil le velours, la chaîne qui sert à faire la barbe du velours. Voyez Fabrique de velours.

Poil des étoffes en soie & en dorure ; on appelle poil des étoffes de soie, la chaîne qui sert à faire le figuré des étoffes où l’on en a besoin, ou celle qui sert à lier les dorures.

Poil, terme de Fauconnerie ; mettre l’oiseau à poil, c’est le dresser à voler le gibier à poil.

POILLIER, s. m. (Architect.) grosse piece de fer qui porte la fusée & la meule dans un moulin ; c’est sur cette piece que pose la poilette, qui est un vaisseau de gros fer dans lequel on met la graisse. (D. J.)

POINCILLADE, s. t. poinciana, (Hist. nat. Bot.) genre de plante dont la fleur est composée ordinairement de cinq pétales disposés en rond, & au milieu desquels il y a une touffe d’étamines recourbées. Le pistil sort du calice qui est divisé en cinq feuilles, dont l’inférieure est crochue & pliée en gouttiere ; ce calice devient dans la suite une silique applatie & dure, qui s’ouvre en deux parties, & qui renferme des semences arrondies, minces & séparées les unes