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qui le recouvrent, une fistule lacrymale. Voyez Fistule lacrymale.

Les signes diagnostics des polypes du nez ne sont point difficiles ; la difficulté du passage de l’air par les narines lorsque le polype est petit, le vice de la voix qui en est l’effet, l’impossibilité absolue de respirer sans avoir la bouche ouverte quand le polype est gros ; la présence d’un corps étranger dont le malade se plaint, sont des symptomes suffisans pour déterminer à faire l’examen d’une maladie qu’on reconnoît à la simple vûe.

Pour juger des différences accidentelles des polypes, il suit, outre les signes rationels qui en indiquent beaucoup à un chirurgien éclairé, avoir recours à la sonde flexible & mousse, pour sentir où est l’attache principale de la tumeur, si elle a des adhérences à la voûte du palais, à la cloison des narines, aux cornets supérieurs ou inférieurs du nez, &c. les connoissances qu’on tire de cet examen, doivent diriger l’habile chirurgien dans l’opération.

Le prognostic est différent, suivant la nature, les accidens, les complications du polype : ceux qui sont blancs ou rougeâtres, d’une consistance charnue & indolens, sont ceux dont on doit le plus, toutes choses d’ailleurs égales, espérer la guérison.

Elle s’obtient par la cautérisation, la section, l’extirpation & la ligature. La discussion des avantages & des inconvéniens de ces différens moyens, qui peuvent être utilement employés selon les circonstances, fournit matiere à un grand traité ; nous allons, suivant les bornes qui nous sont prescrites, dire un mot sur chacun d’eux.

La cautérisation est rejettée mal-à-propos par la plûpart des praticiens. J’ai vu réussir en portant par les moyens méthodiques, du beurre d’antimoine sur l’excroissance. Voyez Porte-bougie, sous l’article Porte-aiguille. L’impression du caustique produit une petite escarre, & la réitération peut consumer totalement la maladie. Il seroit peut-être dangereux de prendre cette voie pour un polype carcinomateux, car on sait que l’application des caustiques effarouche beaucoup l’humeur cancéreuse. Voyez Cancer.

La section a été proposée par les anciens ; ils conseilloient d’introduire dans les narines une petite spatule tranchante pour couper les racines du polype. On sent assez que ces auteurs n’avoient sur la Chirurgie que des connoissances spéculatives : un instrument tranchant ne doit & ne peut jamais être porté à nud dans aucun endroit soustrait à la vûe, à-moins qu’il ne soit guidé par la présence du doigt. Fabrice d’Aquapendente a cependant trouvé un moyen de faire avec assurance la section des polypes du nez ; il a imaginé des pincettes dont les extrémités recourbées en dedans sont tranchantes, & qui par conséquent coupent la portion du polype qu’elles ont saisie, sans risque d’endommager l’organe du nez dans aucune de ses parties.

L’auteur assure s’être servi plusieurs fois de cet instrument avec succès ; & son autorité est d’un si grand poids, sur-tout dans les choses pratiques, qu’on pourroit, je pense, se servir bien utilement, du-moins en bien des circonstances, de cet instrument entierement abandonné.

L’extirpation ou l’arrachement est le moyen le plus usité pour la cure radicale des polypes. Le malade, qu’on a préparé par les remedes généraux & particuliers convenables à son état, s’assiet sur une chaise, un peu penché, & tourné de façon que le jour permette de voir autant dans la narine qu’il est possible. Un aide-chirurgien tient le malade dans cette situation, en posant les mains croisées dessus son front ; & d’autres aides lui tiennent les bras. L’opérateur prend les pinces fenêtrées (voyez Pincette à polype) ;

il les tient avec la main droite, & en introduit l’extrémité dans la narine ; il embrasse la tumeur le plus avant qu’il peut ; & quand il l’a serrée, il fait deux ou trois tours pour tordre le pédicule, & il l’arrache en donnant des demi-tours de main.

M. de Garengeot ne conseille pas qu’on détache violemment le polype par l’extirpation. Lorsqu’il y en a quelque peu hors de la narine, on y doit faire, selon lui, une ligature avec un fil double & ciré, puis embrasser la tumeur avec les pinces pour la tirer encore un peu : on fera ensuite une seconde ligature au-dessus de la premiere, & on coupera le polype au-dessous de cette seconde ligature, ou d’une troisieme si l’on a pu le tirer encore. On ne détachera point, suivant cette méthode, tout-à-fait le polype du nez, le reste tombera par la suppuration avec la ligature. On se propose, par cette maniere d’opérer, de prévenir l’hémorrhagie, dont on assure que quelques personnes sont mortes après l’extirpation d’un polype nazal.

J’ai fait plusieurs fois l’extraction d’un polype sans toutes ces précautions, & j’en ai emporté la totalité sans avoir eu d’hémorrhagie menaçante. Fabrice d’Aquapendente n’a jamais vû survenir dans l’usage de ses pinces tranchantes, d’hémorrhagie qui n’ait cédé à l’injection du gros vin, ou simple, ou alumineux. Quelques praticiens se servent d’eau à la glace ; je me suis servi quelquefois d’oxicrat. Si l’hémorrhagie est imminente, & qu’elle ne cede point à ces moyens, il faut faire usage de celui dont M. Ledran est l’inventeur. On porte l’extrémité d’une bandelette avec le doigt index de la main gauche derriere le voile du palais, puis avec des pincettes introduites dans le nez on saisit cette bandelette, sur le milieu de laquelle on a cousu un bourdonnet assez gros pour boucher l’ouverture postérieure de la fosse nazale : on tampone antérieurement la narine avec de la charpie ; par ce moyen le sang est retenu dans la cavité du nez, & le massif que sa coagulation y formera, est un moyen de compression sur le vaisseau, d’où vient l’hémorrhagie.

Si le polype a quelques restes qu’on veuille mettre en suppuration, on peut, au moyen d’une bandelette ou seton chargé des médicamens convenables, panser journellement l’intérieur du nez dans toute l’étendue de la fosse nazale. La propreté exige qu’on tire la bandelette de la bouche dans le nez.

Les tumeurs polypeuses qui descendent derriere la luette, & qui jettent la cloison charnue en-devant, doivent être tirées par la bouche : dans ce cas on se sert de pincettes dont les branches sont courbes & suffisamment alongées ; on peut même dans quelques circonstances, à l’imitation de M. Petit, couper avec un bistouri la cloison charnue du palais.

M. Levret, de l’académie royale de Chirurgie, a publié un traité sur la cure radicale de plusieurs polypes de la matrice, de la gorge & du nez, opérée par de nouveaux moyens de son invention. Il propose la ligature pour ceux du nez comme pour ceux des autres parties : l’étroitesse du lieu, souvent exactement rempli jusque dans toutes ses anfractuosités par la présence du corps polypeux, pourra rendre cette ligature difficile à pratiquer. L’auteur donne tous les moyens de surmonter les obstacles autant qu’il est possible ; il a particulierement inventé un speculum oris, pour opérer avec sureté dans la gorge. Voyez Speculum oris. Les instrumens qu’il propose pour le nez, sont, au volume près, les mêmes que ceux dont nous allons parler pour les polypes de la matrice.

Polypes de la matrice : la membrane qui tapisse intérieurement la matrice est sujette à une extension contre-nature, par la congestion des humeurs dans le tissu cellulaire qui l’unit au corps de cet or-