Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/699

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciens le nommoient, & celui de sa capitale, Cahors, sont venus de Cadurci, peuple célebre dans les commentaires de César, par sa valeur, & pour avoir tenu jusqu’à sa mort le parti de Vercingentorix. Ce peuple alors étoit du nombre des Celtes ; mais Auguste l’attribua à l’Aquitaine ; & depuis sous Valentinien, après la division de la Province en deux, c’est-à-dire en premiere & seconde, les Cadurci furent mis sous la premiere, & sous la métropole de Bourges. Les Visigots s’en rendirent les maîtres dans le cinquieme siecle, & ils en furent dépossédés au commencement du sixieme par les François. Les rois françois ayant partagé entr’eux l’Aquitaine, le Quercy échut aux rois d’Austrasie, qui ont possédé ce pays jusqu’au déclin de la race de Clovis, lorsqu’il n’y avoit plus qu’un prince qui avoit le titre de roi, mais dont l’autorité étoit entre les mains des maires du palais. Eudes, duc d’Aquitaine, dans le commencement du buitieme siecle, se rendit maître de Cahors, comme de tout le reste de l’Aquitaine, & ses descendans ont été en possession du Quercy jusqu’au tems du roi Pepin qui conquit toute l’Aquitaine.

Les rois de la France occidentale, depuis Charles le Chauve, jouirent du Quercy jusqu’au regne de Louis d’Outremer. Ce fut alors que les comtes de Toulouse, qui s’étoient rendus absolus dans leur comté, s’approprierent le Quercy. Ensuite cette contrée fut ôtée aux descendans de Raymond de Saint-Gilles, & adjugée par le haut domaine à saint-Louis, par une sentence que les légats du pape rendirent l’an 1228. Le Roi Jean fut contraint par le traité de Bretigny de céder aux Anglois le Quercy en toute souveraineté, & ils en jouirent à ce titre, jusqu’au regne de Charles V. qui reprit ce que son pere avoit perdu en Aquitaine. Depuis ce tems-là le Quercy est demeuré uni à la couronne de France. (D. J.)

QUEREINA, (Hist. nat.) oiseau du Brésil, dont le plumage est d’une beauté singuliere. Il a l’estomac d’un rouge très-vif, les aîles noires, & tout le reste du corps bleu.

QUERELLE, s. f. (Gramm.) démélés, débat, dispute, contestation. Les querelles commencent par des mots, & finissent souvent par des blessures. Ce sont les peuples qui payent, souffrent dans les querelles des grands, & sont forcés de paroître contens.

Querelle d’inofficiosité, (Jurisprud.) est la même chose que plainte d’inofficiosité. Voyez Inofficiosité, Légitime, & au mot Plainte, l’article Plainte d’inofficiosité, le mot Prétérition, Testament.

Querelle, sergent de la (Jurisprud.) Voyez au mot Sergent.

QUERELLER, (Jurisprud.) dans cette matiere, signifie débattre, attaquer, se plaindre, comme quereller un testament d’inofficiosité.

QUERELLEUR, s. m. (Jurisprud.) se dit dans quelques coutumes, & provinces, pour exprimer celui qui intente la querelle ou plainte d’inofficiosité, ou qui intente complainte, ou qui attaque un arrêt ou autre jugement, ou un testament, ou autre acte. V. Complainte, Inofficiosité, Querelle. (A)

Querelleur, on appelle ainsi en Vénerie, un chien pillard.

Querimonie, s. f. (Jurisprud.) du latin querimonia, plainte, est un terme usité dans les tribunaux ecclésiastiques, pour exprimer la plainte que l’on rend au juge d’église, à l’effet d’obtenir permission de publier monitoire. (A)

QUERNEFURT, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, entre la Saxe & la Thuringe, chef-lieu d’une principauté ou seigneurie de même nom, qui appartient à la branche de Sare-Weisenfels. Long. 29. 52. lat. 51. 30. (D. J.)

QUERNFURT, (Géog. mod.) principauté ou

seigneurie d’Allemagne dans la Thuringe, & qui appartient aux électeurs de Saxe. On y compte quatre bailliages, dont le principal se nomme Saxenbourg.

C’est dans ce dernier bailliage qu’est né, l’an 1556, Calvisius (Seth) célebre chronologiste. Il étoit fils d’un pauvre paysan, & n’ayant point de moyens d’étudier, il commença par gagner sa vie à chanter de porte en porte. Il amassa par ce secours une petite somme qui le mit en état de s’entretenir à Leipsick, où il fut établi chantre de l’école illustre, & finalement chef de la musique. Se trouvant à son aise, il s’attacha fortement à l’étude de l’histoire & de la chronologie pendant l’espace de vingt ans, au bout desquels il publia son ouvrage de chronologie.

Il découvrit en y travaillant, que toute la certitude de cette science dépend des regles de l’Astronomie, & que les Chronologistes qui ont négligé les calculs astronomiques, sont tombés dans les fautes les plus grossieres. Il examina donc soigneusement toutes les époques, calcula plus de cent cinquante éclipses, dont les historiens font mention, pour déterminer par-là le tems précis des événemens.

Il dressa des tables astronomiques, par lesquelles on peut connoître facilement le mouvement de la lune, tant pour la longitude, que pour la latitude ; ensorte qu’à la faveur de ces tables, une personne qui n’entend point l’astronomie, peut dire certainement, que les éclipses indiquées par les historiens, pour déterminer certains événemens, sont arrivées au tems marqué. Il y ajouta des tables de la précession des équinoxes & des solstices, & plusieurs autres tables, montrant par les regles les plus sûres, comment on peut comparer avec précision une époque avec une autre époque, ce qu’aucun autre chronogiste n’avoit fait avant lui. Il joignit à tout cela une chronologie depuis la création du monde, où il fit entrer l’histoire de tous les tems, caractérisée par des circonstances, qui mettent des enfans même à portée de comprendre & de retenir la suite de l’histoire.

Cet ouvrage attaqué avec peu de succès, fut extrèmement approuvé par Scaliger, & l’a été depuis par les autres savans de l’Europe. Il couta vingt années de travail à l’auteur, & lui acquit la plus haute réputation. Il mourut l’an 1615. L’index expurgatoire de Madrid de 1667, le mit au rang des hérétiques ; mais comme il n’a jamais publié d’ouvrages théologiques, je ne lui connois d’autre hérésie, que celle d’avoir combattu dans ses écrits le calendrier Grégorien.

Ces ridicules indices expurgatoires sont, pour le dire en passant, les fruits de l’intolérance & de la barbarie. Ils ne servent à rien ; & d’ailleurs tout livre étranger, jusqu’aux almanachs inclusivement, doit être hérétique en Espagne : c’est pourquoi je pense que les auteurs de leurs indices expurgatoires ne peuvent rien faire de mieux que de se reposer, & défendre sans exception l’entrée dans leur pays, pour tout livre imprimé & à imprimer, sur quelque art & quelque science que ce puisse être. L’objet de cette défense sera d’autant plus sage, qu’à présent le venin des hérésies se prépare trop finement, pour que les artistes Espagnols le découvrent. Joignez au venin subtilement préparé, les livres ouvertement hérétiques, qui paroissent chaque jour dans toute l’Europe, & vous trouverez que leur liste, un peu complette, produiroit un catalogue annuel plus grand que celui des manuscrits de la bibliotheque du roi. Mais si les inquisiteurs prennent le parti que je viens de proposer, la nation espagnole ne se nourrira que de ses propres ouvrages de Théologie scholastique, de Droit canon, de Philosophie aristotélicienne, &c. & on les verra refleurir dans leur royaume, au grand étonnement de l’Europe savante, & à la satisfaction des inquisiteurs. (D. J.)