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que, qui est locus frequentissimus, cùm pars altera quaestionem, vera fatendi necessitatem vocet, altera sæpè etiam causam falsa dicendi, quòd aliis patientia, facilè mendacium faciat, aliis, infirmitas necessarium. Ajoutez le passage du jurisconsulte Ulpien, in lib. I. §. quaest. de quaest. Statutum est non semper fidem tormentis, nec tamen nunquam adhibendam fore. Etenim res est fragilis, quaestio & periculosa, veritatem fallat ; nam plerique patientiâ, sive duritiâ tormentorum, ita tormenta contemnunt, ut exprimi eis veritas, nullo modo possit : alii tantâ sunt impatientiâ, ut quoevis mentiri, quam pati tormenta velint. Ita fit, ut etiam vario modo fateantur, ut non tantùm se, verùm etiam alios criminentur. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Questions perpétuelles, (Hist. romaine.) c’est ainsi qu’on appelloit chez les Romains, les matieres criminelles, dont le jugement étoit commis à des magistrats particuliers, que le peuple créoit à cet effet, & qui furent nommés quæsitores parricidii, questeurs du parricide.

Ce fut seulement l’an de Rome 604, que quelques-unes de ces commissions furent rendues permanentes. On divisa peu-à-peu toutes les matieres criminelles en diverses parties, qu’on appella des questions perpétuelles, quæstiones perpetuæ, c’est-à-dire des recherches perpétuelles. On créa divers préteurs pour faire ces recherches, & on en attribua un certain nombre à chacun d’eux, suivant les conjonctures. On leur donna pour un an la puissance de juger les crimes qui en dépendoient, & ensuite ils alloient gouverner leurs provinces. Voyez de plus grands détails au mot Recherches perpétuelles. (Jurisprud. rom.)

QUESTIONNAIRE, s. m. (Jurisprud.) est celui qui donne la question ou torture aux accusés.

On se sert aussi du questionnaire pour faire fustiger ceux qui sont condamnés à avoir le foüet sous la custode, & auxquels on ne veut pas imprimer de note d’infamie.

Dans les endroits où il n’y a pas de questionnaire en titre, c’est l’exécuteur de la haute justice qui donne la question. Voyez ci-devant Question & le mot Torture. (A)

QUESTIONNER, INTERROGER, DEMANDER, (Synonymes.) on questionne, on interroge, & l’on demande pour savoir ; mais il semble que questionner fasse sentir un esprit de curiosité ; qu’interroger suppose de l’autorité, & que demander ait quelque chose de plus civil & de plus respectueux.

Questionner & interroger font seuls un sens ; mais il faut ajouter un cas à demander ; c’est-à-dire que pour faire un sens parfait, il faut marquer la chose qu’on demande.

L’espion questionne les gens ; le juge interroge les criminels ; le soldat demande l’ordre au général. Girard.

QUESTOIRE, s. m. (Art milit. des Rom.) quæstorium ; on nommoit ainsi chez les Romains la tente, le pavillon, le logement du questeur dans le camp. C’étoit dans ce logement qu’étoit la caisse militaire ; & nous apprenons de Polybe qu’on posoit toujours pour la garde trois sentinelles devant le questoire ; mais on n’en posoit que deux devant le logement de ceux que le sénat envoyoit pour servir de conseil au général ; c’étoit ordinairement des sénateurs sur l’expérience desquels on pouvoit compter.

QUESTURE, s. f. (Hist. rom.) la questure ainsi que l’édilité, étoit une magistrature qui servoit à parvenir à de plus élevées ; elle étoit annuelle comme celle de consul, & elle ne s’obtenoit, à ce qu’il paroît, qu’à 25 ans au plûtôt. De-là il est facile de conclure qu’on ne pouvoit avoir entrée au sénat avant cet âge, puisque pour y entrer, il falloit avoir obtenu la questure, ou exercer quelque autre charge. Voyez Sigonius, de antiq. juris rom. Celui qui étoit honoré de la questure s’appelloit questeur. Voyez Questeur.

QUÊTE, s. f. (Gramm.) action de chercher ; on dit : il y a long-tems que je suis en quête de cet homme, de sa demeure, de sa naissance, de cette vente. On dit de l’action de demander les aumônes des fideles pour quelque œuvre pieuse, faire une quête. On fait une quête pour les brûlés, pour des pauvres familles honteuses, pour les prisonniers. Il faut une permission expresse de la police, de l’archevêque, pour faire une quête publique. Il y a un grand nombre de religieux qui n’ont pour vivre que ce qu’ils tirent de leurs quêtes.

Quête, (Hist. de la Chevalerie.) terme de l’ancienne chevalerie, qui signifie les courses ou voyages que plusieurs chevaliers qui venoient de recevoir les honneurs de la chevalerie, ou qui avoient assisté aux fêtes qui y étoient relatives, faisoient en commun, soit pour retrouver un fameux chevalier qui avoit disparu, soit pour reprendre une dame restée au pouvoir d’un ennemi, soit pour d’autres objets encore plus relevés, comme celui de la quête du S. Graal. Ces sujets se sont étendus & multipliés à l’infini dans l’imagination des faiseurs de romans. Nos héros errant de pays en pays, parcouroient sur-tout les forêts presque sans autre équipage que celui qui étoit nécessaire à la défense de leur personne ; & ils vivoient uniquement de leurs chasses : des pierres plates plantées en terre, qu’on avoit exprès placées pour eux, servoient à faire les apprêts de leurs viandes, comme à prendre leurs repas ; les chevreuils qu’ils avoient tués étoient mis sur ces tables, & recouverts d’autres pierres, avec lesquelles ils pressoient pour en exprimer le sang, d’où cette viande est nommée dans nos romans, chevaux de presse, nourriture des héros : du sel & quelques épices, les seules munitions dont on se chargeoit, en faisoient tout l’assaisonnement. Afin de surprendre plus surement les ennemis qu’ils alloient chercher, ils ne marchoient qu’en petites troupes de trois ou de quatre, ayant soin pour n’être point connus, de changer, de déguiser leurs armoiries, ou de les cacher en les tenant couvertes d’une housse. L’espace d’un an & d’un jour, étoit le terme ordinaire de leur entreprise. Au retour, ils devoient, suivant leur serment, faire un récit fidele de leurs avantures, exposer ingénuement leurs fautes, leurs malheurs & les succès qu’ils avoient eus dans leurs quêtes. (D. J.)

Quête, (Marine.) c’est la saillie, l’élancement ou l’angle, que l’étrave & l’étambord font aux extrémités de la quille. Cet angle est plus grand à l’étrave qu’à l’étambord.

Quête, (Charpent.) c’est l’avance que font les bateaux sur les rivieres, tant du côté du chef que de la quille, lorsqu’elle s’éleve & ne touche plus sur le chantier. La quête du chef d’un bateau-foncet est de la septieme partie de la longueur du fond ; & celle de la quille est de la fixeme partie de celle du chef. Savary.

Quête, (terme de Chasse.) action de celui qui va détourner une bête pour la lancer & la chasser avec des chiens courans. (D. J.)

QUÊTER, ou alle en quête, se dit en Vénerie lorsqu’un valet de limier va détourner les bêtes avec son limier. C’est aussi aller quêter une bête pour la lancer & la chasser avec les chiens courans.

QUÉVAGE, s. m. terme de Coutume, Ragueau avoue dans son indice, qu’il ne connoît point ce droit ; mais il semble à M. Aubert (& la chose est très-vraissemblable), que c’est le même droit que chevage, chevagium ou cavagium, dont il est fait mention dans plusieurs anciens titres rapportés par Galand en son traité du franc-aleu ; c’est donc ce qui se leve par tête. (D. J.)

QUEUE, s. f. (Gramm.) la partie qui termine certains animaux par derriere. Ce mot a un grand nom-