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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/706

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bre d’acceptions différentes. On dit la queue d’une morue, d’un chien, d’un oiseau, d’un lésard, &c. La queue d’un muscle ; la queue d’un fruit, d’une feuille, &c. la queue d’une poële ; la queue d’une robe, d’un manteau ; la queue d’une perruque ; une queue de cheveux ; la queue d’une affaire ; la queue d’un ouvrage, &c.

Queue, (Conchyl.) partie inférieure d’une coquille, laquelle partie est plus ou moins longue. Il est essentiel de la distinguer du bec, en latin rostrum, qui est toujours fort court, & qui se dit de l’extrémité de la queue, lorsqu’elle est recourbée ; d’ailleurs le mot bec, désigne quelquefois la coquille, même recourbée dans un de ses bouts, ou vers la charniere. (D. J.)

Queue d’une comete, (Astronom.) quand une comete porte sa chevelure en avant, ou vers la partie du ciel où son mouvement propre semble la porter, cette chevelure s’appelle barbe ; mais quand elle la porte vers l’endroit du ciel d’où son mouvement propre semble l’éloigner, cette chevelure se nomme queue : & enfin quand sa chevelure l’environne de toutes parts, on l’appelle simplement chevelure. On trouvera un plus grand détail sur ces différens phénomènes, avec des conjectures sur leurs causes physiques, à l’article Comete. Chambers. (O)

Queue du dragon, en terme d’Astronomie, est le nœud descendant de la lune ; on le représente sous cette figure ☋. Voyez Nœud & Dragon.

Les Astronomes ont soin de mettre cette figure dans tous leurs horoscopes ; elle y est aussi nécessaire que les autres. Voyez Horoscope. (O)

Queue de cheval, s. f. terme d’Anatomie, la partie inférieure de la moële épiniere formée par la réunion des quatre paires lombaires inférieures, & par les 5 à 6 paires sacrées, dont la derniere est très petite. Voyez Lombaire & Sacré.

Queue, (Hydr.) on dit la queue d’un moulin, laquelle comme un gouvernail, sert à le tourner au vent. On dit encore des queues de renard, ce sont des traînasses de racines fort menues, qui passant par les pores d’un tuyau de grès, ou par les nœuds de mastic qui se pourrit en terre, se nourrissent dans l’eau, & viennent si grosses & si longues, qu’elles bouchent entierement la conduite. On en a tiré de 5 à 6 toises de long. (K)

Queue d’aronde, en terme de Fortification, est une espece de simple tenaille, comme DABCE, Pl. I. de Fortification, fig. 12. dont les côtés AD, & CB, ne sont point paralleles, mais s’approchent plus du côté de la place que du côté de la campagne. Ainsi la queue d’aronde a la gorge plus petite, ou plus étroite que le front. Cette sorte d’ouvrage n’est plus guere en usage, si ce n’est dans la fortification passagere, à cause de son peu de défense. Voyez Angle mort. (Q)

Queue de la tranchée, terme de l’Art militaire, c’est le poste, ou le lieu où l’on commence à ouvrir la tranchée, pour se mettre à couvert du feu de la place. Voyez Approche & Tranchée.

C’est à la queue de la tranchée que l’on fait ordinairement le dépôt ou l’amas des matériaux nécessaires pour les approches. On y établit aussi l’hôpital ambulant pour les blessés de la tranchée. (Q)

Queue de cheval, (Hist. mod.) enseigne ou drapeau sous lequel les Tartares & les Chinois vont à la guerre. Voyez Enseigne, Pavillon, &c.

Chez les Turcs, c’est l’étendart que l’on porte devant le grand-visir, devant les bachas, & devant les sangiacs. On l’appelle toug, & on l’attache avec un bouton d’or au bout d’une demi-pique.

Il y a des bachas à une, à deux & à trois queues.

La queue de cheval arborée sur la tente du général est le signal de la bataille. A l’égard de l’origine de cette

coutume, on raconte que dans une certaine bataille l’étendart ayant été enlevé par l’ennemi, le général de l’armée turque, ou, selon d’autres, un simple cavalier coupa la queue à son cheval, & l’ayant mise au bout d’une demi-pique, il encouragea les troupes & remporta la victoire. En mémoire de cette belle action, le grand-seigneur ordonna de porter à l’avenir cet étendart comme un symbole d’honneur. Ricaut.

Queue, terme de Chancellerie, ce mot se dit de la maniere de sceller les lettres. Une lettre est scellée à simple queue, quand le sceau est attaché à un coin du parchemin de la lettre qu’on a fendu exprès ; & elle est scellée à double queue, quand le sceau est pendant à une bande en double de parchemin passée au-travers de la lettre, comme on fait dans les expéditions importantes.

Queue, s. f. (Mesure de liquides.) particulierement pour les vins dont on se sert en plusieurs endroits, provinces & villes de France. Les queues d’Orléans, de Blois, de Nuys, de Dijon, de Mâcon, sont semblables & reviennent à un muid & demi de Paris, c’est-à-dire qu’elles contiennent chacune 420 pintes de Paris. Savary. (D. J.)

Queue, en Musique, virgula ; on distingue dans les notes la tête & la queue ; la tête est le corps même de la note ; la queue est ce trait qui tient à la tête, & qui indifféremment monte ou descend perpendiculairement à-travers la portée. Dans le plein chant les notes n’ont pas de queue, mais dans la musique il n’y a que la ronde qui n’en a point. Autrefois la breve ou quarrée n’en avoit pas non plus. (S)

Queue, la, (Jeux.) c’est au piquet à écrire, lorsque pour compter les tours dont on est convenu, les joueurs à chaque coup qu’ils sont marqués, mettent un jetton dans la bourse commune, laquelle à la fin du jeu, appartient totalement à celui qui gagne le plus ; & s’il y en a deux qui gagnent autant l’un que l’autre, la queue se partage également entr’eux. C’est à celui qui a la queue à payer les cartes. On la joue aussi au quadrille, & à tel jeu qu’on veut. Jeu de piquet. (D. J.)

Queue, en terme de Blason, se dit principalement de la queue d’un cerf. Celles de plusieurs autres animaux s’expriment par des noms particuliers.

Queue, (Archit.) ou cul-de-lampe ; nom qu’on donne aux extrémités des pieces de bois qui servent comme de clés au haut des voûtes des dômes, & de quelques autres lieux, où ils sont suspendus en forme de roses.

Queue de pierre, c’est le bout brut ou équarri d’une pierre en boutisse, qui est opposée à la tête ou parement, & qui entre dans le mur sans faire parpain. Dict. d’Archit. (D. J.)

Queue, (Marine.) c’est l’arriere-garde d’une armée navale.

Queue de rat, (Marine.) on appelle ainsi une manœuvre qui va en diminuant par le bout ; tel est le corcet.

Queue de rat en bois, outil d’Arquebusier & autres artisans, tant en fer qu’en autres matieres. C’est une lime ronde, piquée à grains d’orge, qui est tortillée comme une colonne torse. Les Arquebusiers s’en servent pour agrandir & limer des trous en bois.

Queue se dit dans l’Ecriture des traits qui excedent le corps du caractere, comme les queues de b, g, d, &c.

Queue d’aronde, terme de Charpente & de Menuiserie, c’est une espece de tenon qui est plus large par le bout que par le collet, & qui a la figure de la queue d’une hirondelle. Cette sorte d’assemblage est très-forte.

Queue de paon, nom que donnent les Charpentiers & les Menuisiers donnent aux assemblages ou compartimens circulaires, qui vont en s’élargissant