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sée de cinq châtellenies, mais la premiere étymologie paroît la meilleure. Voyez Ducange sur Joinville, Chopin sur Anjou, le gloss. de Lauriere, & ci-devant le mot Quintaine.

Quinte, s. f. en Musique, est la seconde des trois consonnances parfaites. Voyez Consonnance. Son rapport est de 2 à 3 ; elle est composée de quatre degrés diatoniques ou de cinq sons, d’où lui est venu le nom de quinte. Son intervalle est de trois tons & demi.

La quinte peut s’altérer de deux manieres ; savoir en diminuant son intervalle d’un semi-ton, & alors elle s’appelle fausse-quinte, & devroit s’appeller quinte diminuée ; ou en augmentant d’un semi-ton ce même intervalle, ce qui rend la quinte superflue. De sorte que la quinte superflue a quatre tons, & la fausse-quinte trois seulement, comme le triton.

Il y a deux accords qui portent le nom de quinte, savoir l’accord de quinte, & sixte, qu’on appelle aussi grande-sixte ou sixte ajoutée, & l’accord de quinte superflue. Le premier de ces deux accords se considere de deux manieres, savoir, comme un renversement de l’accord de septieme, la tierce du son fondamental étant portée au grave, c’est l’accord de grande sixte ; ou bien, comme un accord direct dont le son fondamental est au grave, & c’est alors l’accord de sixte ajoutée. Le second est un accord dominant en mode mineur au-dessous duquel on fait entendre la médiante, avec laquelle la note sensible fait quinte superflue. Voyez Accord.

Il est défendu en composition de faire deux quintes justes de suite par mouvement semblable entre les mêmes parties ; cela choqueroit l’oreille, & annonceroit une double modulation.

M. Rameau prétend rendre raison de cette regle par le défaut de liaison entre les accords. Il se trompe : premierement on peut former ces deux quintes, & conserver la liaison harmonique : secondement, même avec cette liaison, les deux quintes n’en sont pas moins mauvaises : troisiemement, il faudroit, par le même principe, étendre la regle aux tierces majeures ; ce qui n’est pas & ne doit pas être, car il n’appartient point à nos hypothèses de contrarier le jugement de l’oreille, mais seulement d’en rendre raison. (S)

Quinte-fausse, en Musique, est une quinte réputée juste dans l’harmonie, mais qui, par la force de la modulation, se trouve affoiblie d’un semi-ton. Telle est celle de l’accord de septieme sur la seconde note du ton en mode mineur.

La fausse-quinte est une dissonnance qu’il faut sauver ; mais la quinte-fausse peut passer pour consonnance, & être traitée comme telle quand on compose à quatre parties. Voyez Fausse-quinte. (S)

Quinte de flûte a bec, (Luth.) instrument dont la figure & la tablature est semblable à celles de la flûte à bec. Voyez Flûte a bec. Elle sonne la quarte au-dessous de la taille décrite dans l’article cité, & l’unisson des deux octaves supérieures du clavecin. Cet instrument a une 16e d’étendue, comprise depuis l’ut de la clé, ou du milieu du clavecin jusqu’au d la re tout en-haut. Voyez la table du rapport de l’étendue de tous les instrumens.

Quinte de flûte traversiere, (Luth.) est un instrument entierement semblable à la flûte traversiere, & qui sonne la quinte au-dessus. Sa tablature & sa construction est entierement semblable, en sorte que cet instrument ne differe de la flûte traversiere ordinaire qu’en ce qu’il est plus petit dans la raison de 3 à 2. Voyez Flûte traversiere.

Quinte de violon, (Luth.) instrument de Musique est tout semblable au violon, voyez Violon, dont il ne differe que parce qu’il est plus gros, & qu’il sonne la quinte au-dessous. Voyez la table du rapport

de l’étendue des instrumens de Musique. L’accord à vuide est par quintes, & les cordes rendent à vuide en commençant par la chanterelle les sons la, ré, sol, ut. Cet instrument est aussi nommé taille & haute-contre de violon.

Quinte, (Maréchal.) fantaisie qui tient du cheval rétif ; car le cheval se défend pendant quelques instans, & ne veut point avancer. Les mules sont sujettes à ce défaut.

Quinte, parer en, terme d’escrime, voyez Parade de flaconade.

Quinte, au jeu de piquet, c’est une séquence de cinq cartes de même couleur, comme as, roi, dame, valet & dix ; roi, dame, valet, dix & neuf ; dame, valet, dix, neuf & huit ; valet, dix, neuf, huit & sept, la plus forte emportant la plus foible, & vaut quinze à celui qui l’a dans son jeu.

QUINTÉ, QUINTÉE, adj. (Comm.) on appelle un lingot d’or quinté, une barre d’argent quintée ces métaux en barres ou lingots qui ont été essayés, pesés & marqués par les essayeurs & commis du roi d’Espagne. Voyez Quint & Quinter. Diction. de commerce.

Quinte-essence, s. f. (Chimie & Méd.) c’est l’extraction de l’huile essentielle des végétaux & son mélange avec l’alkool rectifié. Cette préparation distillée donne un esprit des plus pénétrans, & le remede le plus sûr en qualité de cordial de tous ceux que l’on connoisse.

Une goutte d’huile essentielle divisée ainsi par une quantité considérable d’esprit-de-vin, mêlée dans un verre de vin d’Espagne ou de quelque autre liqueur, fait une boisson des plus gracieuses & capable de ranimer les esprits dans la syncope, la lypothimie, les suffocations hystériques, & autres symptomes fâcheux ; mais l’usage de ces mélanges spiritueux, nuds & dépouillés de leur véhicule devient un remede préjudiciable, attendu qu’ils produisent un acrimonie inflammatoire, pris à l’intérieur & appliqués extérieurement.

Ainsi on ne doit employer ces moyens qu’après avoir pris toutes les précautions possibles pour prévenir les funestes effets de leur usage, comme de faire prendre des adoucissans, des délayans, ou de diviser la quinte-essence dans un grand véhicule.

QUINTE-FEUILLE, s. f. (Hist. nat. Bot.) quinque folium, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, qui est composé d’une seule feuille, & profondément découpé ; il devient dans la suite un fruit presque rond, dans lequel on trouve plusieurs semences rassemblées en maniere de tête, & enveloppées du calice mince. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont situées à l’extrémité du pédicule, & qu’elles surpassent le nombre de trois. C’est par ce caractere que la quinte feuille differe du fraisier. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

M. Tournefort compte 19 especes de ce genre de plante ; la grande quinque-folium majus, repens, est la plus commune.

Sa racine est longue quelquefois de la grosseur du petit doigt, fibreuse, noirâtre en dehors, rouge en dedans d’un goût stiptique ; elle donne comme le fraisier plusieurs tiges, longues d’environ un pié & demi, rondes, grêles, flexibles, velues, rougeâtres, genouillées par intervalles, & poussant de leurs nœuds des feuilles & des racines par le moyen desquelles la plante se répand au large, & se multiplie.

Ses feuilles sont oblongues, arrondies à leur extrémité, nerveuses, dentelées en leurs bords d’un verd obscur ; rangées en main ouverte, ordinairement au nombre de cinq sur la même queue, laquelle est longue de trois pouces, & même de plus.