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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/888

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droit les rayons qui font voir, par exemple, une couleur bleue, rencontrent fortuitement les parties solides, & ceux qui font voir le rouge les pores du corps ; & que dans un autre endroit où le corps est ou un peu plus mince, ou un peu plus épais, les rayons bleus frappent ses pores, & les rouges ses parties solides.

5°. Dans le passage de la lumiere du verre dans l’air, la réflexion est aussi forte que dans son passage de l’air dans le verre, & beaucoup plus forte que dans son passage de ce même verre dans l’eau. Il ne paroît pas cependant possible que l’air ait un plus grand nombre de parties réfléchissantes que l’eau ou le verre ; & quand même on supposeroit que cela est, on n’en seroit pas plus avancé pour cela ; car la réflexion est aussi forte ou même plus forte, quand on écarte l’air du verre au moyen de la machine pneumatique, que quand il lui est contigu. On objectera peut-être, selon l’hypothese de Descartes, qu’encore que l’on pompe l’air, il ne laisse pas d’y avoir une matiere subtile qui le remplace, laquelle étant beaucoup plus dense, est par conséquent beaucoup plus propre qu’aucun autre corps à réfléchir la lumiere. Mais quand nous n’aurions pas fait voir ailleurs, voyez Matiere subtile, que cette matiere subtile n’a jamais existé ; l’expérience suivante suffiroit pour nous convaincre de la fausseté de cette hypothèse.

5°. Si la lumiere en passant du verre dans l’air le frappe sous un angle moindre de 40 ou 41 degrés, elle se réfléchit entierement ; mais si son obliquité est moindre, elle est transmise pour la plus grande partie. Or, on ne peut pas s’imaginer que la lumiere à un degré d’obliquité, rencontre assez de pores dans l’air pour lui donner passage, & que sous un autre degré elle ne rencontre que des parties capables de la réfléchir entierement, sur-tout si l’on fait attention que dans son passage de l’air dans le verre, quelqu’oblique que soit son incidence, elle trouve assez de pores dans le verre pour en transmettre la plus grande partie. Que si l’on suppose qu’elle n’est point réfléchie par l’air, mais par les parties les plus superficielles du verre, la même difficulté subsistera toujours ; d’ailleurs une pareille supposition est inintelligible, & paroîtra également fausse, si l’on met de l’eau à la place de l’air derriere quelque partie du verre : car en supposant les rayons dans une obliquité convenable, par exemple de 40 ou 46 degrés, suivant laquelle, ils sont tous réfléchis dans l’endroit où l’air est contigu au verre, ils seront transmis pour la plûpart dans l’endroit où l’eau le touchera : ce qui prouve que leur réflexion ou leur transmission dépend de l’air & de l’eau qui sont derriere le verre, & non point de ce qu’ils frappent les parties de ce dernier ; les rayons ne se réfléchissant jamais qu’ils ne soient parvenus à la derniere surface du verre & prêts à en sortir. Car s’ils rencontrent en sortant la surface de l’eau & de l’huile, ils passent à travers ; l’attraction du verre étant balancée ou diminuée par une force contraire, & ne pouvant avoir son effet à cause de l’attraction de la liqueur qui lui est adhérente : mais si les rayons en sortant de cette derniere surface tombent dans un vuide qui n’a point d’attraction, ou dans l’air qui n’en a que fort peu, & point assez pour contre-balancer l’effet du verre, pour-lors l’action du verre les attire de nouveau, & les oblige à se réfléchir.

Cela paroîtra encore plus évident si l’on applique l’un contre l’autre deux prismes de verre, ou deux verres objectifs, dont l’un soit plat & l’autre un peu convexe, en sorte cependant qu’ils ne se touchent point, & qu’ils ne soient pas trop éloignés ; car la lumiere qui tombera sur la surface postérieure du premier verre, à l’endroit où il n’est pas éloigné du se-

cond d’un de pouces, passera à travers sa

surface pour pénétrer dans le second verre, quoiqu’il y ait de l’air ou du vuide entre deux ; mais si l’on ôte le second verre, la lumiere passant de la seconde surface du premier verre dans l’air ou dans le vuide, se réfléchira & retournera de nouveau.

Il suit delà, selon M. Newton, que les rayons sont attirés par quelque propriété du premier verre, n’y ayant rien qui puisse occasionner leur retour, & que la réflexion n’est point causée par quelque matiere subtile, contiguë à la surface postérieure, suivant les principes de Descartes ; puisque cette matiere devroit les réfléchir aussi-bien lorsque les verres sont presque contigus, que lorsqu’ils sont séparés l’un de l’autre.

Enfin, si l’on demande comment quelques-uns des rayons sont réfléchis & d’autres transmis, & pourquoi ils ne se réfléchissent pas tous également ; en supposant que la réflexion vienne de l’action de toute la surface, M. Newton répond qu’il y a tant dans les rayons de lumiere que dans les corps mêmes, certaines vibrations, ou quelque propriété pareille, imprimées aux rayons par l’action du corps lumineux qui les envoie, ou par celle des corps qui le réfléchissent, & qui fait que ces rayons, dans cette partie de leur vibration qui concourt avec le mouvement des parties du corps, entrent dans le corps, y sont rompus & transmis ; au lieu que ceux qui sont dans la partie contraire de leur vibration se réfléchissent. Voyez Couleur & Lumiere.

Le P. Malebranche, quoique d’une opinion fort différente de M. Newton sur la nature de la lumiere & sa propagation, est entierement de l’avis de ce philosophe, sur la cause de la réflexion : il pense comme lui que ce ne sont point les parties solides des corps qui réfléchissent la lumiere, & les raisons qu’il en apporte sont les mêmes. Voyez la recherche de la vérité, tom. iv. pag. 508. édit. de 1721. Plusieurs philosophes ont depuis adopté cette opinion ; cependant il semble que les preuves que ces deux auteurs en donnent, prouvent seulement que les rayons ne sont point réfléchis uniquement par les parties solides des corps, mais que cette réflexion a une autre cause plus générale & plus étendue ; mais ils n’ont peut-être pas prétendu donner entierement l’exclusion aux parties solides ; ils ont seulement dit qu’il y avoit beaucoup d’apparence que les rayons qui tomboient sur ces parties, s’éteignoient au moins en grande partie, & perdoient leurs forces.

Réflexion, en terme de Catoptrique, est le retour d’un rayon de lumiere de la surface polie d’un miroir, d’où il est repoussé. Voy. Miroir & Catoptrique.

On donne au rayon qui est ainsi renvoyé le nom de rayon réfléchi ou de réflexion ; & au point du miroir où son retour commence, celui de point de réflexion.

Si l’on suppose, par exemple, que le rayon AB, (Pl. Optiq. fig. 26.) parte du point lumineux A, & aille frapper le miroir en B, pour retourner en C, la ligne BC représentera le rayon réfléchi, & B le point de réflexion ; A B représentera le rayon incident ou d’incidence, & B le point d’incidence.

De même la ligne CG menée de quelque point C du rayon réfléchi BC, perpendiculairement au miroir, est appellée la cathete de réflexion ou de l’œil ; & la ligne AF, menée du point lumineux perpendiculairement au miroir, est appellée la cathete d’incidence. Voyez Cathete.

Des deux angles que le rayon réfléchi BC fait avec le miroir, le plus petit CDE est appellé angle de réflexion ; de même des deux angles que le rayon incident fait avec le miroir, le plus petit ABD est appellé angle d’incidence. Voyez Angle.

Si le miroir est ou convexe ou concave, les plus petits angles que le rayon fait avec la tangente au