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tueuses, qu’il est bien difficile d’y former un résultat qui soit au goût de tout le monde.

Le résultat ordinaire des disputes, dit M. Bayle, c’est que chacun demeure plus attaché à son sentiment qu’auparavant.

RÉSUMER, v. act. (Gram.) reprendre sommairement les principaux points d’un discours, soit pour le réfuter, soit pour le faire valoir.

RÉSUMPTE, s. f. terme de l’école, c’est un acte qui a été rétabli en 1676 par la faculté, & qui doit être soutenu par le nouveau docteur, pour avoir suffrage aux assemblées de la faculté & jouir des droits du doctorat. Cet acte se soutient dans une des six années qui suivent la licence ; jusqu’alors les nouveaux docteurs ne sont ni admis aux assemblées de la faculté, ni choisis pour présider aux theses. La résumpte dure depuis une heure jusqu’à six ; elle a pour objet tout ce qui appartient à l’Ecriture sainte.

RÉSUMPTÉ, adj. celui qui a soutenu sa résumpte, un docteur résumpté.

RESUMPTION, s. f. (Gram.) est une recapitulation des choses qui ont été dites, soit par celui qui les resume, soit par un autre. Ainsi l’on dit résumer un discours. résumer une dispute. Les avocats généraux, avant que de donner leurs conclusions, résument les moyens pour & contre.

Resumption, en termes d’école, est la répétition que fait un répondant de l’argument ou de la difficulté qu’on lui propose, afin de la résoudre & d’y répondre en forme.

RÉSURE, s. f. (Commerce de poisson salé.) on dit aussi rognes, raves ou coques ; ce sont les divers noms que l’on donne aux œufs de morues, de gabillands, de stockfiches & de maquereaux que l’on a ramassés & salés dans des barrils. Son usage ordinaire est pour jetter dans la mer avant que de pêcher les sardines ; l’appât qu’on en compose étant une espece d’ivraie qui enivre ce poisson, l’oblige de s’élever du fond de l’eau & le fait donner dans les filets. Diction. du Commerce. (D. J.)

RÉSURRECTION, s. f. (Théolog.) c’est l’acte de retourner après la mort à une seconde ou nouvelle vie. Voyez Vie & Mort.

La résurrection peut être ou pour un tems ou perpétuelle. La résurrection pour un tems est celle où un homme mort ressuscite pour mourir de nouveau. Telles sont les résurrections miraculeuses dont il est fait mention dans l’Ecriture, comme celle de Lazare. La résurrection perpétuelle est celle où l’on passe de la mort à l’immortalité, telle qu’a été la résurrection de Jesus-Christ, & telle que la foi nous fait espérer que sera la nôtre à la fin des siecles. C’est dans le dernier sens que nous allons prendre le mot de résurrection dans tout cet article.

Le dogme de la résurrection des morts est une créance commune aux Juifs & aux Chrétiens. On le trouve clairement marqué dans l’ancien & le nouveau Testament. Comme, Psalm. xv. 10. Job xix. 25. Ezéch. xxxvij. 1, 2, 3. Macch. viij. 9, 14, 23, 29, lorsque Jesus-Christ parut dans la Judée, la résurrection des morts étoit reçue comme un des principaux articles de foi de la religion des Juifs par tout le corps de la nation, à l’exception des seuls Sadducéens qui la nioient & qui toutefois étoient tolérés, mais Jesus-Christ a enseigné expressément ce point de notre foi & est lui-même ressuscité.

L’argument qu’on tire de sa résurrection en faveur de la vérité de la religion chrétienne est un de ceux qui pressent avec plus de force & de conviction. Les circonstances en sont telles qu’elles portent ce point jusqu’à la démonstration, suivant la méthode des géometres, comme Ditton l’a exécuté avec succès.

Quoique les Juifs admettent la résurrection, ils varient beaucoup sur la maniere dont elle se fera. Les

uns la croient générale, d’autres avancent que tous les hommes ne ressusciteront pas, mais seulement les Israélites, encore exceptent-ils du nombre de ceux-ci les plus grands scélérats. Les uns n’admettent qu’une résurrection à tems, les autres une résurrection perpétuelle, mais seulement pour les ames. Léon de Modene, cérémon. des Juifs, part. IV. c. ij. dit qu’il y en a qui croient, comme Pythagore, que les ames passent d’un corps dans un autre, ce qu’ils appellent gilgul ou roulement. D’autres expliquent ce roulement du transport qui se fera à la fin du monde par la puissance de Dieu de tous les corps des Juifs morts hors de la Judée, pour venir dans ce dernier pays se réunir à leurs ames. Voyez Gilgul.

Ceux d’entre les Juifs qui admettent la métempsycose sont fort embarrassés sur la maniere dont se fera la résurrection ; car comment l’ame pourra-t-elle animer tous les corps dans lesquels elle aura passé ? Si elle n’en anime qu’un, que deviendront tous les autres ? & seroit-il à son choix de prendre celui qu’elle jugera le plus à propos ? Les uns croient qu’elle reprendra son premier corps, d’autres qu’elle se réunira au dernier ; & que les autres corps qu’elle a autrefois animés, demeureront dans la poussiere confondus avec le reste de la matiere.

Les anciens Philosophes qui ont enseigné la métempsycose, ne paroissent pas avoir connu d’autre résurrection, & il est fort probable que par la résurrection plusieurs Juifs n’entendoient non plus que la transmigration successive des ames.

On demande quelle sera la nature des corps ressuscités, quelle sera leur taille, leur âge, leur sexe ? Jesus-Christ, dans l’Evangile de S. Matth. chap. xxij. vers. 30, nous apprend que les hommes, après la résurrection, seront comme les anges de Dieu, c’est-à-dire, selon les peres, qu’ils seront immortels, incorruptibles, transparens, légers, lumineux, & en quelque sorte spirituels, sans toutefois quitter les qualités corporelles, comme nous voyons que le corps de Jesus-Christ ressuscité étoit sensible, & avoit de la chair & des os. Luc xxiv. 9.

Quelques anciens docteurs hébreux, cités dans la Gemarre, soutenoient que les hommes ressusciteroient avec la même taille, avec les mêmes qualités & les mêmes défauts corporels qu’ils avoient eu dans cette vie ; opinion embrassée par quelques Chrétiens qui se fondoient sur ce que Jesus-Christ avoit conservé les stigmates de ses plaies après sa résurrection. Mais, comme le remarque S. Augustin, Jesus-Christ n’en usa de la sorte que pour convaincre l’incrédulité de ses disciples, & les autres hommes n’auront pas de pareilles raisons pour ressusciter avec des défauts corporels ou des difformités. Sermon. 242. n°. 3 & 4.

La résurrection des enfans renferme aussi des difficultés. S’ils ressuscitent petits, foibles & dans la forme qu’ils ont eue dans le monde, de quoi leur servira la résurrection ? Et s’ils ressuscitent grands, bien faits & comme dans un âge avancé, ils seront ce qu’ils n’ont jamais été, & ce ne sera pas proprement une résurrection. S. Augustin penche pour cette derniere opinion, & dit que la résurrection leur donnera toute la perfection qu’ils auroient eue, s’ils avoient eu le tems de grandir, & qu’elle les garantira de tous les défauts qu’ils auroient pû contracter en grandissant. Plusieurs, tant anciens que modernes, ont cru que tous les hommes ressusciteront à l’âge où Jesus-Christ est mort, c’est-à-dire vers 33 ou 35 ans. Pour accomplir cette parole de S. Paul, afin que nous arrivions tous à l’état d’un homme parfait à la mesure de l’âge complet de Jesus-Christ. Ce que les meilleurs interpretes entendent dans un sens spirituel des progrès que doivent faire les Chrétiens dans la foi & dans la vertu. Aug. epist. 167. de civit. Dei, l. XXII.