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4 ou 5 lignes d’épaisseur. La grande roue où est la manivelle, donne le mouvement à la petite qui porte la fusée & l’épinglier. Un petit pié d’ébene attaché à une queue de même bois, qui sert à passer dans la ceinture de celles qui s’en veulent servir en marchant, ou attacher sur une petite tablette appesantie par un plomb, & ordinairement couverte de marroquin ou de velours, quand on veut travailler sur une table, acheve toute l’ingénieuse machine, à laquelle même tient la quenouille d’une longueur proportionnée à la petitesse du rouet. L’on ne peut dire combien ce rouet est commode, ni combien l’usage en est devenu commun. Diction. de Comm. (D. J.)

Rouet, instrument du Fileur d’or, est une machine d’un méchanisme assez curieux, dressée sur un chassis ou corps de quatre montans, avec leurs traverses qui soutient tout l’ouvrage. Cette machine qui sert à couvrir le fil & la soie, d’or, d’argent, &c. pour en faire un fil propre à faire du galon, ou autre marchandise de cette nature, a environ trois piés & demi de haut, sur cinq & demi de long, & deux & demi d’épaisseur. Il y en a à seize caselles qui est plus haute, plus longue, plus profonde à proportion que celle dont nous parlons, qui n’en a que douze. On peut encore avoir huit caselles, mais on n’en fait point au-dessous. Elle s’ébranle par une manivelle & quatre roues qui se communiquent le mouvement l’une à l’autre. Voyez Caselles.

La fusée s’emboîte par chacune de ses extrémités dans deux supports attachés en-dehors aux deux montans de devant. Voyez Fusée.

Au-dessus de la fusée tournent les caselles au nombre de huit, douze ou seize, séparées l’une de l’autre par des petits piliers où elles sont retenues.

Au milieu de la piece de bois qui couvre les caselles, passe un boulon de fer qui traverse le sabot, & la grande roue proprement dite. Voyez Sabot & Grande roue.

Le pilier du montant de derriere, dont l’assemblage, ainsi que celui des montans de devant, s’appelle chassis, sont garnis de deux planches saillantes dont l’une soutient l’extrémité de la roue du moulinet, & l’autre la grande roue qui tourne au-dessus. Voyez Chassis & Roue du moulinet.

Plus haut que cette roue du moulin est une barre de fer qui tient toute la longueur du rouet, & qui soutient tous les contrepoids, à chacun desquels sont attachées des cordes qui, par leur autre bout, sont liées à des mouffles, garnies chacune de deux poulies. Voyez Mouffes, Poulies & Contrepoids.

Sur la premiere de ces poulies passe une autre corde qui va s’entortiller dans la fusée d’où elle revient par la seconde poulie sur les caselles, & les fait tourner pour devider le fil d’or, &c. dessus plus haut & un peu en-devant est le sommier appuyé de l’un & de l’autre bout sur chacune des traverses du corps du métier. Il est percé d’autant de trous qu’il y a de caselles, contenant autant de broches de fer garnies en-devant d’un moulinet, sur lequel on monte les petits roquetins pour le battu. Voyez Sommier, Moulinet, Roquetins & Battu.

Au bas du sommier sur le devant sont cinq petites poulies & deux montans, qui servent à serrer ou desserrer la corde des moulinets qui passe sur ces poulies. Voyez Poulies & Montans.

C’est la roue du milieu qui donne le mouvement aux moulinets, par le moyen d’une seule corde qui se croise sur chacune des cinq poulies, ce qui rend cette corde fort difficile à monter.

Nous finirons cette description par le dossier, qui n’est autre chose qu’une planche qui s’éleve sur le derriere du métier de toute sa largeur. Elle est percée comme le sommier de douze ou seize trous, selon la grandeur du rouet, dans lesquels on passe au-

tant de petites broches qu’on garnit de roquetins, sur

lesquels on a tracané la matiere qu’on veut couvrir. Ces roquetins sont retenus sur leur broche par un petit poids qui embrasse un de leurs bouts fait en maniere de poulie. Voyez Dossier, Tracanner, &c.

Rouet a tracanner, est fait à-peu-près de la même maniere qu’un rouet ordinaire, excepté que la broche n’est pas percée comme dans celui-ci, pour conduire le fil de la quenouille sur la bobine : ce qui n’est pas nécessaire au tracanneur, puisqu’on devide du fil d’une cazelle sur un bois. Voyez Bois.

Grand Rouet, en terme de Friseur de drap, est une roue RR garnie de dents placées horisontalement, qui engrenent dans la grande lanterne E. Voyez Lanterne. Cette roue est montée dans le manege sur un arbre vertical QQ, & tournée par un ou plusieurs chevaux. Voyez les Pl. de la Draperie.

Rouet de moulin, (Charpent.) on appelle rouet de moulin une petite roue attachée sur l’arbre d’un moulin, qui est de 8 à 9 piés de diametre, & a environ 48 chevilles ou dents de 15 pouces de long, qui entrent dans les fuseaux de la lanterne du moulin, pour faire tourner les meules. Rouet se dit généralement de toutes les roues dentées, dont les dents ou alluchons sont posés à plomb. (D. J.)

Rouet, (Serrurerie.) garniture qui se met aux serrures, pour empêcher qu’on ne les crochete. Elle entre dans le paneton de la clef ; elle est posée sur le palatre. La tige de la clé passe au centre ; elle en est embrassée ; elle est ouverte vis-à-vis de l’entrée, pour laisser passer la clé.

On monte sur le rouet d’autres pieces, comme pleinecroix, faucillon, &c. ce qui lui donne différens noms.

Pour faire un rouet, on prend un morceau de fer doux ; on l’étire très-mince & très-égal d’épaisseur. On a la longueur du rouet sur une circonférence tracée au-dedans du palatre, & prise en mettant le bout de la tige de la clé dans le trou de l’entrée, & tournant la clé ; on la trace avec la pointe à tracer, mise au milieu de la fente du rouet. On partage cette circonférence au compas, en trois, quatre ou cinq parties égales ; on y ajoute une portion, & l’on porte le tout sur une ligne droite ; la portion ajoutée est l’excédent de la courbure de l’arc du cercle sur une ligne droite égale à la corde de l’arc. Un des piés du rouet doit être posé au trou percé sur le palatre, & l’on a la distance du trou à l’autre trou où doit être posé l’autre pié. Cela fait, on coupe le rouet de longueur & de largeur ; on lui fait les deux piés, un à chaque extrémité, un peu plus larges que les trous percés, afin que si le rouet étoit ou trop long ou trop court, on pût les avancer ou reculer. On a laissé la bande de fer assez large pour pouvoir prendre sur la largeur, la hauteur des piés. On a pourvu aussi au cas où l’on seroit obligé de fendre le rouet, & de laisser passer les barbes du pêne ou de quelque secret. Alors on ne coupe point le rivet, ou le pié du rouet qui n’est autre chose que la rivure qui le fixe sur la piece où il est posé.

Si le rouet est chargé de pleinecroix, de faucillons, &c. on fend le rouet, & l’on y pratique les trous nécessaires pour recevoir les pieces. Le rouet bien forgé, bien limé, bien dressé & tourné, comme il convient, on le met en place, & on le fait passer dans la clé. Si la clé tourne bien, on le démonte, & on l’acheve en le chargeant des pieces surajoutées.

Rouet en pleinecroix fendue dans les piés. Pour le faire, lorsqu’il est coupé de longueur, limé, on y pratique un petit trou par-derriere au foret ou au burin. Ce trou doit avoir une ligne & demie, & être à la hauteur à laquelle sera fendue la pleinecroix dans la clé. A pareille hauteur, on fend le rouet par les