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se de Londres, où les marchands s’assemblent. Voyez Banque.

La bourse de Londres sut construite pour la premiere fois en 1566, par les soins de Thomas Gresham ; le nom de banque royale (royal exchange) lui fut donné solemnellement à son de trompe par un héraut, en présence de la reine Elizabeth. Jusqu’à cette année les marchands s’étoient assemblés dans le lombard streat (rue des lombards). La bourse étoit bâtie de brique, & on la regardoit alors comme la plus belle de l’Europe. Cent ans après, elle fut entierement brûlée dans le grand incendie de Londres ; mais elle fut reconstruite aussitôt avec encore plus de magnificence qu’auparavant. La dépense pour la rebâtir monta à 50000 l. sterling. La moitié de cette somme fut donnée par la chambre de Londres, l’autre moitié par la compagnie des merciers, qui pour le remboursement de leurs avances eurent la permission de louer 190 boutiques sur les degrés à 20 liv. chacune, ce qui joint aux autres boutiques qui sont élevées sur le terrein où la bourse est construite, produit un revenu annuel de 4000 livres, quoique ce terrein n’excede pas les d’un arpent ; aussi peut-on dire que c’est le morceau de terre le plus cher qu’il y ait dans le monde.

Ce bâtiment est quadrangulaire, & il est entouré d’une espece de galerie ou portique, sous lequel les marchands se promenent. Au milieu de la cour est une statue du roi Charles II. en habit d’empereur romain. Cette statue a été élevée par la société des marchands. Autour de cette statue sont rangées celles des rois d’Angleterre depuis la conquête des Normands.

Poissons royaux, sont en Angleterre les baleines & esturgeons (quelques-uns y ajoutent les marsouins), qui appartiennent de droit au roi, en quelque endroit du royaume qu’ils soient jettés sur le rivage, soit par naufrage ou autrement ; aucun des sujets du roi ne peut s’en emparer sans une permission expresse de sa majesté. Voyez Poissons.

Fori royal, voyez Fort.

Franchise royale, voyez Franchise.

Hopital royal, voyez Hopital.

Chêne royal, est un beau & grand arbre, dont on voit encore les restes à Boscobel, dans la pairie de Donnington, province de Staffort, & dont toutes les branches étoient autrefois couvertes de lierre. Le roi Charles II. après la défaite entiere de ses troupes à la bataille de Vorcester par celles de Cromwel, se tenoit caché pendant le jour dans l’épaisseur de cet arbre avec le colonel Carelisl, & passoit la nuit dans le château de Boscobel. Ceux qui disent que c’étoit alors un vieux chêne creux, se trompent ; c’étoit un très-bel arbre qui s’élevoit au milieu de plusieurs autres. Pour conserver ce qui reste de ce chêne, on a construit aujourd’hui un mur tout-autour, & au-dessus de la porte du mur on a mis cette inscription en lettres d’or : felicissimam arborem quam in asylum potentissimi regis Caroli II. Deus optimus maximus per quem reges regnant, hîc crescere voluit, &c. Transact. philos. n°. 310.

Officiers royaux ou officiers du roi, voyez Officiers.

Parapet royal, ou parapet du rempart, en terme de fortification, est un banc d’environ trois brasses de large, & de six piés de haut, placé sur le bord du rempart du côté de la campagne, & destiné à couvrir ceux qui défendent les remparts. Voyez Rempart & Parapet.

Port royal, voyez Port.

Société royale de Londres, est une académie ou société de gens recommandables par leur savoir. Elle a été instituée par Charles II. pour l’avancement des sciences naturelles. Voyez Académie.

Cet illustre corps n’étoit dans son origine, & avant son renouvellement, qu’une société de gens d’esprit qui s’assembloient une fois par semaine dans le college de Wad-sham à Oxford, au logis du docteur Wilkins.

Ensuite vers l’année 1658, leurs assemblées se tinrent au college de Gres-ham à Londres, parce que la plûpart de ces savans demeuroient en cette ville. Dès le commencement du rétablissement de Charles II. c’est-à-dire en 1660, milord Clarendon les appuya de son crédit. Et le roi ayant eu connoissance des opérations de cette société, lui accorda une ample chartre datée du 22 Avril 1663, par laquelle cette société fut érigée en un corps consistant en président, conseillers & membres, & destiné à l’avancement des sciences naturelles, & à faire des expériences utiles. Les élections pour les officiers s’y font par ballotage. Les conseillers sont au nombre de 21, dont il y en a toujours dix nouveaux qu’on élit chaque année le jour de S. André, & onze qu’on continue pour l’année suivante.

Le chef du conseil porte la qualité de président. Son office est de convoquer & de renvoyer l’assemblée, de proposer les matieres qu’on y doit agiter, de demander qu’on produise les expériences, & d’admettre les membres qui sont élus.

Pour être admis, l’aspirant doit être proposé dans une assemblée par quelqu’un des membres ; & après que l’assemblée a approuvé la proposition, elle en renvoie l’examen au conseil ; si le conseil l’approuve, il en fait son rapport à la société qui ne manque presque jamais d’y donner son suffrage.

Chaque membre, en entrant dans la société royale, souscrit un engagement par lequel il promet qu’il tâchera de contribuer de tout son possible au bien de la société, engagement dont il peut se relever au bout d’un certain tems, en signifiant au président qu’il desire se retirer.

On paie en entrant, 40 s. au trésorier, & 13 s. par quartier, tout le tems qu’on continue d’être membre de la société.

Le nombre des membres de la société n’est point fixe. On voit par la liste de 1724, qu’elle étoit alors composée de deux cens dix-sept personnes des royaumes d’Angleterre, d’Ecosse & d’Irlande, & de soixante-quatre étrangers Parmi les uns & les autres il y en avoit de la premiere noblesse, & beaucoup qui étoient distingués dans l’état & dans l’église.

Le but & l’objet de la société royale est de faire des exposés fideles de tous les ouvrages de la nature & de l’art, qui peuvent être à la portée de l’esprit humain, de sorte que dès à présent, & dans les siecles futurs, on puisse reconnoitre les erreurs qu’une longue prescription a rendu invétérées, rétablir les vérités qui pouvoient avoir été négligées, appliquer à de nouveaux usages celles qui sont déja connues, enfin applanir le chemin pour arriver à ce qui reste à découvrir.

Dans cette vue, la société a fait un grand nombre d’expériences & d’observations sur les différens phénomenes de la nature : éclipses, cometes, météores, mines, plantes, tremblemens de terre, inondations, sources, humidité, feux soûterreins, flux & reflux, courans, magnétisme, &c. Elle a aussi recueilli plusieurs faits singuliers, soit d’histoire naturelle, soit d’arts, plusieurs machines utiles & autres inventions. Le public a retiré de tout cela une grande utilité ; l’architecture navale, civile, militaire a été perfectionnée ; la navigation est devenue plus sure & plus parfaite ; enfin l’agriculture s’en est sentie, & les plantations ont été multipliées non-seulement dans l’Angleterre, mais aussi dans l’Irlande.

La société royale recueille avec soin dans des regîtres, toutes les expériences, relations, observa-