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nées 1727 & 1729. (Le chevalier de Jaucourt.)

Salamandre fossile, (Hist. nat.) quelques auteurs se sont servi de ce nom pour désigner l’amianthe, à cause de la proprieté qu’il a de ne souffrir aucune altération de la part du feu. Ils l’appellent en latin salamandra lapidea. Voyez Lin fossile & Amianthe.

Salamandre de pierre, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs à la pierre connue sous le nom d’amianthe ou de lin fossile.

SALAMANQUE, (Géog. mod.) ville d’Espagne au royaume de Léon, sur la riviere de Tormes, qu’on y passe sur un ancien pont de pierre bâti par les Romains ; elle est à 40 lieues au midi de Léon, & à 36 au nord-ouest de Madrid. Long. suivant Harris, 18. 11. 45. lat. 41. 12.

C’est une des plus anciennes villes d’Espagne, ornée d’églises magnifiques, & peuplée de religieux & d’écoliers nobles & roturiers, qui y jouissent de grands privileges. Les couvents y sont nombreux & très riches, sur-tout celui de S. Dominique, de S. François, & de S. Bernard.

On trouve hors de Salamanque un beau chemin, large & pavé, fait par les Romains, & qui conduisoit à Mérida, & de là à Séville ; ce chemin fut reparé par l’empereur Adrien, comme il paroît par l’inscription suivante qu’on y a découverte. Imp. Cæsar. divi. Trajani parthici. F. divi Nervæ nepos Trajanus. Hadrianus aug. pontif. max. trib. pot. V. cos. iij. restituit.

L’évêché de Salamanque, fondé sur la fin du vj. siecle, & détruit sous la domination des Maures, s’étend aujourd’hui sur deux cent quarante paroisses, & l’évêque jouit de quatorze mille ducats de revenu.

L’université de Salamanque, la plus fameuse de toute l’Espagne, sut fondée par Ferdinand III. vers le milieu du xiij. siecle, des débris de celle de Palencia. Elle est composée, dit-on, de quatre-vingt professeurs, qui ont chacun mille écus de pension. Le recteur de cette université jouit de grands privileges, & est assis sous un dais dans les assemblées publiques. Le maître des écoles crée tous les officiers de l’université, est toujours ecclésiastique, & a huit mille ducats d’appointement. On dit que l’université est riche de quatre-vingt mille écus de rente.

Malgré tant de richesses & de splendeur apparentes, il ne sort pas de cette université un seul savant connu dans le reste de l’Europe ; toutes les sciences qu’on y cultive, se bornent au droit canon, à la théologie, & à la philosophie scholastique ; on enseigne dans les deux principales chaires, la doctrine de S. Thomas d’Aquin, le docteur angélique, & celle de Jean Scot, le docteur subtil, qui établit le premier l’immaculée conception de la sainte Vierge. La bibliotheque de cette université est presque vuide de livres, & ceux qui s’y trouvent sont tous enchaînés.

Aguirre, (Joseph Saëns de) cardinal, de l’ordre des bénédictins, naquit à Salamanque en 1630, & mourut à Rome en 1699. Ses principaux ouvrages sont, 1°. une histoire des conciles d’Espagne. 2°. Une collection des conciles de la même nation. 3°. Une philosophie scholastique, en 3. vol. in-fol. 4°. Une défense de la chaire de S. Pierre, contre la déclaration de l’assemblée du clergé de France de 1682, touchant la puissance ecclésiastique & politique. C’est cette défense qui lui valut le chapeau que le pape Innocent lui donna en 1686. Dans sa collection des conciles d’Espagne, il y a joint plusieurs dissertations pour soutenir le fausses décrétales des papes, ou pour m’expliquer plus clairement, une cause insoutenable. Il paroît qu’il avoit plus d’étude & de lecture, que de génie & de critique. (D. J.)

SALAMBO, s. f. (Mythol.) c’étoit la Vénus des Babyloniens, depuis qu’Alexandre eut établi l’empire des Macédoniens en Asie, elle étoit adorée à Tyr & en Syrie, sous le nom d’Astarté. Voyez Saumaise, sur Lampridius, cap. vij. de la vie d’Héliogabale, & Selden, de diis Syriis syntagm. II. c. jv. (D. J.)

SALAMIAH, (Géog. mod.) ville d’Asie, dans la Perse, sur la rive orientale du Tigre, à une journée de Mosal, en descendant le fleuve vers Bagdat. (D. J.)

SALAMINE, (Géog. anc.) en latin Salamina & Salamis. 1°. Petite île de Grece, dans le golfe saronique, vis-à-vis d’Eleusine. Scylax dit, dans son périple : « Tout près de ce temple d’Eleusine, est Salamine, île, ville & port ». La longueur de cette île, selon Strabon, l. IX. étoit de soixante & dix ou quatre-vingt stades. Il y a eu une ville de même nom dans cette île, & cette ville a été double ; l’ancienne étoit au midi de l’île, du côté d’Engia, & la nouvelle étoit dans un golfe & sur une presqu’île du côté de l’Attique. Séneque, dans ses Troades, v. 844. lui donne le surnom de vera, la vraie Salamine, pour la distinguer de celle de Cypre, bâtie ensuite par Teucer, sur le modele de la Salamine de l’Attique.

Strabon, l. VIII. nous apprend que l’île de Salamine a été anciennement nommée Sciras, Cichria, & Pityusa. Les deux premiers noms étoient des noms de héros ; le troisieme vient des pins qui y étoient en abondance. Aujourd’hui on la nomme Colouri.

Il n’est point de voyageur un peu curieux qui se trouvant dans le parage de cette île, sinus Salaminiacus, ne veuille la parcourir, parce qu’elle fut autrefois un royaume, dont Télamon & Ajax qui y naquirent, porterent la couronne ; parce qu’elle est fameuse par la déroute de la nombreuse flotte de Xerxès, victoire de Thémistocle à jamais mémorable, & finalement pour avoir donné le jour au poëte Euripide, dans la soixante-quinzieme olympiade.

2°. Salamine, ville de l’Asie mineure dans l’île de Cypre ; c’est la même que celle que Teucer y fit bâtir. Horace lui fait dire, ode 7. l. I.

Nil desperandum, obside Teucro ;
Certus enim promisit Apollo
Ambiguam tellure novâ Salamina futuram.

« Teucer est à votre tête, il est votre garant ; ne desespérez de rien. Apollon, toujours infaillible dans ses oracles, nous offre une seconde patrie dans une terre étrangere ; il nous y promet une autre Salamine, qui balancera un jour la gloire de celle que nous quittons ».

Teucer banni de son pays, prit son parti en homme de cœur, & il n’eut pas sujet de s’en repentir. Sa bonne fortune le conduisit en Cypre, grande île au fond de la Méditerranée ; Bélus qui en étoit le maître, lui permit de s’y établir ; il y bâtit la nouvelle Salamine, qui fut capitale d’un petit royaume, où sa postérité régna depuis pendant plus de huit cens ans jusqu’au court regne d’Evagoras, dont on lit l’éloge dans Isocrate.

Scylax, dans son périple, donne à Salamine de Cypre un port fermé & commode pour hyverner. Diodore de Sicile dit qu’elle étoit à deux cens stades de Citium. Son église étoit fort ancienne ; S. Paul y vint avec S. Barnabé, & y convertit Sergius, act. xiij. v. 5. aussi cette église se vantoit-elle de posséder le corps entier de S. Barnabé, & de n’être pas moins apostolique qu’Antioche : elle gagna son procès sur ce point au concile de Constantinople.

La ville fut ensuite nommée Constantia ; & c’est sous ce nom qu’elle est qualifiée métropole de l’île de Chypre, dans les notices d’Hiéroclès & de Léon le sage : le lieu où elle étoit garde encore le nom de Constantia, car il s’appelle Porto-Constanza.