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tent en deux branches AB, AC, dont l’une AB est mobile autour du point A, & sur un ressort circulaire r, par le moyen de la vis V. On approche leurs machoires CB l’une de l’autre, & l’on y presse la piece que l’on y veut tenir. Dans la même Planche on a représenté une petite tenaille de la même espece, terminée par un manche. 2° Les fig. suivantes de la même Planche représentent des tenailles qu’on appelle tenailles à boucles, dont les mâchoires sont pressées l’une contre l’autre au moyen des boucles ou coulans BB, & dont les branches sont ou mobiles sur un centre en C, ou à ressort, comme celle de la petite tenaille T qui est une espece de porte-crayon ajusté dans un manche, lequel est percé d’outre-en-outre, pour laisser passer le fil de laiton dont on se sert pour faire des goupilles. 3°. Les tenailles à couper dont les machoires mm sont tranchantes, & servent à couper de petites parties de métal.

Tenailles de Menuisier, elles sont communes ; elles servent à arracher les clous.

Tenailles a etirer, en terme d’Orfevre, sont de grosses pinces proportionnées néanmoins à la grosseur du fil qu’elles prennent en sortant de la filiere. Leurs machoires sont taillées comme une lime. Elles sont composées de deux branches qui s’appliquent l’une sur l’autre en se croisant un peu, s’approchent l’une de l’autre à la tête, autant qu’on veut, & que la piece qu’elles tiennent le permet. Chacune de ces branches se terminent à l’autre bout par un crochet où s’attache la corde ou la sangle. Voyez Corde ou Sangle. Voyez les Planches.

Tenailles a fondre, en terme d’Orfevre en grosserie, ce sont de grosses tenailles qui different peu des tenailles ordinaires, si ce n’est que les pinces sont longues & recourbées quarrément. On s’en sert pour tirer les creusets du feu, & pour verser l’argent ou l’or dans les lingotiers. Voyez les Planches.

Tenailles a forger, en terme d’Orfevre, sont des tenailles grosses par proportion à la piece que l’on forge ; on les appelle tenailles à forger, parce qu’on s’en sert pour retenir les pieces d’orfevrerie sur l’enclume. Voyez les Planches.

Tenaille a jetter, outil de Potier d’étain, qui sert à jetter en moule de la vaisselle ; cette tenaille est composée de deux branches de fer qui se séparent au milieu pour passer la queue du noyau du moule ; elles joignent ensemble par le bout au moyen d’un crochet & d’un trou où il tient, & par l’autre bout qui est du côté de l’ouvrier qui travaille ; les deux bouts sont garnis de dents rondes ; on serre ces branches qui embrassent le moule avec la main droite, & de la gauche on pousse un anneau ovale de fer qui tient tout en respect lorsqu’on jette ; le moule doit être à plat sur la tenaille, lorsqu’on le serre ou qu’on le veut ouvrir, & cette tenaille est posée sur la selle à jetter. Voyez Jetter l’étain en moule & les figures des Planches du Potier d’étain.

Tenaille a paillonner, est un autre outil de fer qui sert à tenir les pieces de vaisselle sur le feu, quand on les paillonne. Les queues se serrent aussi avec un anneau, & ont des dents comme la tenaille à jetter. Voyez Paillonner & les mêmes Pl. ci-dessus.

Tenaille, (Serrurier.) les tenailles de forges sont composées de deux branches de fer fixées ensemble par une rivure. La partie qui sert à serrer le fer à forger, est de fer quarré depuis la rivure, & porte de longueur depuis trois pouces jusqu’à cinq. Les branches depuis la rivure jusqu’à leurs extrémités sont arrondies, & plus menues, plus ou moins longues, selon la force de la tenaille. Il y en a de droites & de coudées.

La tenaille à chamfrein a sa rivure à l’extrémité des branches, & ses deux machoires sont coudées l’une sur l’autre en bâton rompu. On la place dans l’étau ; elle serre la piece à limer.

La tenaille à vis ressemble à un petit étau à main qui n’a point de patte. On s’en sert pour tenir les pieces d’ouvrages à limer.

Tenailles, en terme de Cornetier Tabletier, ce sont des pinces à main qui ne different des pinces proprement dites, qu’en ce qu’elles sont plus courtes, sans clé, & que c’est par leur moyen que l’ouvrier abat des pinces une piece qu’il veut ouvrir. Voyez les Planches.

Tenaille, (Tailland.) ce sont les mêmes que celles du serrurier & des autres forgerons.

Tenailles des insectes, (Hist. des insect.) partie creuse & percée que plusieurs insectes ont au bout de la tête, & dont ils se servent pour piquer, tuer d’autres insectes, & les sucer.

Il y a divers genres d’insectes très-carnaciers, auxquels on n’apperçoit d’abord ni bouche, ni trompe, ni aucune ouverture apparente par où l’on puisse soupçonner qu’ils prennent leur nourriture. On se figureroit presque qu’ils vivent de l’air, si deux grandes tenailles en forme de cornes recourbées qu’ils ont à la tête, n’annonçoient qu’il leur faut un aliment plus solide. Ce sont ces deux tenailles même qui leur servent de trompe & de bouche ; elles sont creuses & percées, ou fendues vers leur extrémité ; ils les enfoncent dans le corps des animaux dont ils veulent se nourrir, & sucent au-travers de ces tenailles tout l’intérieur de l’animal saisi. Voyez la figure de cette partie des insectes dans la Micographie de Hook. (D. J.)

Tenaille la, en terme de Fortification, est une espece d’ouvrage extérieur composé de deux faces qui forment un angle rentrant, & de plus de deux longs côtés paralleles ou à-peu-près paralleles. Cette sorte d’ouvrage n’est plus guere en usage, parce que l’angle rentrant que forment ses faces, n’est point défendu. Il peut servir seulement dans des retranchemens ou autres ouvrages de terre très-peu élevés. Voyez Ouvrage extérieur, Angle mort & Queue d’aronde.

Il y a deux sortes de tenailles, savoir la simple & la double : la tenaille simple est un grand ouvrage extérieur, comme DABCE, composé de deux faces ou côtes AB & CB, qui renferment l’angle saillant B. Voyez Pl. I. de fortif. fig. 12.

La tenaille double ou flanquée est aussi un grand ouvrage extérieur composé de deux tenailles simples ou de trois angles saillans & de deux angles rentrans FGH & HIK. Voyez Pl. I. de fortif. fig. 13. Voyez aussi Flanqué.

Les grands défauts des tenailles sont 1°. qu’elles embrassent trop de terrein, ce qui donne de l’avantage aux ennemis ; 2°. que l’angle B est sans défense, la hauteur du parapet empêchant les assiégés de voir ce qui se passe en-bas, de sorte que les ennemis peuvent s’y loger & se mettre à-couvert ; 3°. que les faces AB & BC ne sont pas flanquées suffisamment.

C’est pour toutes ces raisons là que les plus habiles ingénieurs ont exclu les tenailles des fortifications, & que, si quelquefois ils en font encore, ce n’est que faute de tems pour faire un ouvrage à cornes.

La tenaille de la place est le front de la place compris entre les pointes de deux bastions voisins ; elle est composée de la courtine des deux flancs élevés sur cette ligne & des deux faces qui joignent ces flancs. Voyez Bastion, Courtine, &c. de sorte que la tenaille est ce qu’on appelle aussi la face ou plutôt le front d’une forteresse. Voyez Face, Front & Place fortifiée.

Tenaille du fossé, est un ouvrage bas que l’on fait devant la courtine au milieu du fossé. Voyez Fossé.

On en fait de trois sortes ; la premiere est compo-