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que les évacuations ayent emporté la cause du mal : mais il est à-propos de s’y prendre de bonne heure, & ne pas laisser le tems à la terre de se fixer dans l’estomac, où elle formeroit une masse qu’aucun remede ne pourroit détacher.

Au défaut de taoüa, les maniaques mangent de la terre commune, des especes de petits cailloux, des pipes cassées, & d’autres drogues non moins préjudiciables à la santé. Article de M. le Romain.

Terre à foulon, (Hist. nat. des fossiles.) terre fossile, grasse, onctueuse, friable étant seche, pleine de nitre, & d’un très-grand usage en Angleterre pour dégraisser les laines.

Cette terre, qu’on nommoit simplement fuller’s earth, est si précieuse dans toute la grande Bretagne pour l’apprêt de ses étoffes de laine, que l’exportation en a été défendue sous les mêmes peines que celle de ses laines même ; en effet, cette terre, la meilleure de toutes pour son usage, est telle que la Hollande, la France & l’Espagne n’en possedent point de pareille.

On en trouve près de Ryegate en Surrey, près de Maidstone dans la province de Kent, près de Nutley en Sussex, près de Wooburn en Bedfordshire, près de Brickhill en Staffordshire, & dans l’île de Skies en Ecosse. Dans la province de Surrey, on creuse cette terre dans des trous en forme de puits, dont les côtés sont soutenus comme ceux du charbon.

On voit entre Brickhill & Wooburn une grande bruyere qui couvre quelques collines pleines de cette même terre. Le trou est un vaste découvert, creusé en forme de cône renversé qui montre la couleur & l’épaisseur de différens lits de sable, au-dessus desquels on trouve la terre à foulon à environ cinquante ou soixante piés de la surface. Sous la surface de la terre à un pié de profondeur est une couche de sable fin, jaune, rougeâtre, de l’épaisseur de neuf à dix piés ; ensuite pendant trente à quarante piés il y a divers lits de sable gris & blanc ; plus bas, une couche de deux à trois piés de sable gras mêlé de veines rougeâtres ; puis un pié de terre médiocrement grasse, encore un peu sableuse ; enfin la terre à foulon pure pendant environ sept à huit piés.

Ce banc de terre est distingué en différentes couches ; l’assiette de ces bancs est sur un plan horisontal régulier qui, communément en toutes sortes de lits & couches de terre ou mines, annonce une grande étendue. Les ouvriers sont employés à fouiller cette terre avec la pioche, & deux hommes suffisent à en fouiller & charger dans un chariot mille livres pesant dans un jour ; cette charge vaut, prise sur le lieu, 4 shelins, 4 liv. 12 s. tournois.

Cette terre est d’une couleur gris-verdâtre, qui se dégrade à l’air ; sa consistance, médiocrement ferme, se divise aisément en morceaux à la pioche ; à sécher, elle devient dure comme du savon ; sa qualité est grasse & pleine de nitre. Elle ne se dissout dans l’eau qu’en la remuant beaucoup ; le sédiment qui s’en forme lorsqu’il est séché, est doux & gras au toucher, très-friable, & se réduit entre les doigts dans une poudre presque impalpable qui semble se perdre dans les pores de la peau, &c. Cette poussiere vue au microscope est matte, opaque, & n’a point le brillant des parties sableuses ; ces qualités la rendent très-propre à s’insinuer dans les pores de la laine & à s’imbiber de sa graisse, sans offenser le tissu de l’étoffe par les plus violens frottemens. (D. J.)

Terre lemniene, terra lemnia, sorte de terre médicale, astringente, d’une consistance grasse, & d’une couleur rougeâtre, dont on se sert dans le même cas que des bols. Voyez Bols.

Elle prend son nom de la terre de Lemnos, d’où on l’apporte principalement.

On la met souvent en gâteaux ronds qu’on cachete, ce qui la fait nommer terre sigillée.

Terre de Pouzzoles, sorte de terre rougeâtre dont on se sert en Italie au-lieu de sable.

La meilleure est celle qui se trouve auprès de Pouzzoles, de Baies & de Cumes, dans le royaume de Naples ; & la premiere de ses villes lui a donné son nom.

Cette terre mêlée avec la chaux fait le meilleur mortier qu’il soit possible. Voyez Mortier. Il se durcit & se pétrifie dans l’eau ; il pénetre les pierres à feu noires, & les blanchit. On s’en sert beaucoup pour la construction des moles, & des autres bâtimens qu’on éleve dans les places maritimes. Agricola présume que la terre de Pouzzoles est d’une nature sulphureuse & alumineuse. Voyez Vitruve, Pline, de Lorme, &c. qui tous font un grand cas de cette terre.

Terre samienne ou Terre de Samos, terre Samia, sorte de bol ou terre astringente, venant de l’île de Samos, dans la mer Egée. Voyez Terre.

La meilleure est appellée par Dioscoride collyrium, parce qu’on l’emploie dans les médecines de ce nom : elle est blanche, fort luisante, douce, friable, de bon goût, & un peu glutineuse sur la langue.

Il y en a une autre espece plus dure, plus sale & plus glutineuse, qu’on appelle aster Samius, à cause de plusieurs pailles brillantes qu’on y trouve quelquefois, & qui sont disposées en forme de petites étoiles.

Chacune de ces deux especes est regardée comme fort astringente, & propre à dessécher & à guérir les blessures. Elles ont beaucoup de qualités communes avec le bol d’Arménie. Voyez Arménien & Bol.

Il y a aussi une pierre qu’on nomme pierre de Samos, λίθος Σάμιος, & qui se tire de quelques mines dans la même île. Cette pierre est blanche, elle s’attache à la langue quand on l’y met dessus, & passe pour être astringente & échauffante. Les Orfevres s’en servent aussi pour polir l’or, & lui donner de l’éclat.

Terre sigillée, terra sigillata, voyez Sigillée.

Terre verte, (Hist. nat. des fossiles.) nom d’une terre dure, d’un verd bleu foncé, qu’on trouve par couches de grands morceaux plats qui ont quatre ou cinq piés de diametre ; on les casse irrégulierement en les coupant, ce qui fait qu’on nous l’apporte en pieces de différentes grosseurs. Cette terre est lisse, luisante, douce au toucher, & semblables à quelques égards au morochtus ; elle s’attache fermement à la langue, ne teint point les mains en la maniant, mais en la frottant sur un corps dur, elle y imprime une rayure blanchâtre qui tire sur le verd ; elle ne fermente point avec les acides, & prend en la brûlant une couleur brune foncée. On la fouille dans l’île de Chypre, dans le voisinage de Vérone & en plusieurs endroits de ce royaume ; on l’emploie beaucoup pour la peinture, sur-tout la peinture à fresque, parce qu’elle donne un verd durable, & qu’on la mêle utilement avec d’autres couleurs. (D. J.)

Terres ou remedes terreux, (Médecine.) les Médecins ont employé dès long-tems à titre de remedes un grand nombre de matieres pierreuses & terreuses. Le docteur Tralles, médecin de Breslau, qui a écrit il y a environ vingt ans, un long traité sur les remedes terreux, fait de ces remedes l’énumération suivante : Du regne animal, le crâne humain, le calcul humain, la corne de cerf, la dent de sanglier, l’ivoire, la corne d’élan, la dent d’hyppopotame, les yeux ou pierres d’écrevisses, les pierres des carpes, & celles des perches, la mâchoire de brochet, le talon de lievre, l’unicorne ou l’ivoire fossile, l’unicorne vrai, le nombril de mer, les coquilles, les perles, la mere de perle, le besoard oriental & occidental, les coquilles d’œuf, les écailles d’huitre,