nera la pression capable de produire cette vîtesse, par la regle suivante : l’espace parcouru par le vent, dans une seconde de tems, est à la hauteur qu’un fluide devroit avoit dans un tube vuide, pour avoir une pression capable de donner cette vitesse, dans la raison composée de la pesanteur spécifique de ce fluide, à celle de l’air, & du quadruple de la hauteur qu’un corps parcourt en tombant pendant une seconde, à cet espace dont on vient de parler, parcouru par l’air dans une seconde.
Plusieurs physiciens ont essayé de mesurer la vîtesse des vents, en lui donnant à emporter de petites plumes & d’autres corps légers ; mais les expériences qu’on a faites sur ce sujet, s’accordent fort peu entre elles. M. Mariotte prétend que la vîtesse du vent le plus impétueux, est de 32 piés par seconde. M. Derham la trouve environ deux fois plus grande.
Il a fait ses expériences avec des plumes légeres, & de la semence de pissenlis, que le vent emporta avec la même rapidité que l’air même. Il fit en 1705, le 11 Août, un furieux orage qui renversa presque tout un moulin à vent. Le vent qui souffloit alors, parcouroit 66 piés d’Angleterre dans une seconde, & par conséquent 45 milles d’Angleterre dans l’espace d’une heure ; mais l’orage extraordinaire de 1703. fut encore plus furieux, puisqu’alors le vent parcouroit 50 à 60 milles en une heure. Ces vents rapides ont quelquefois tant de force qu’ils renversent presque des rocs entiers, & qu’ils déracinent des arbres de 100 & 200 ans, quelque gros qu’ils puissent être.
Il y a au-contraire d’autres vents dont le cours est si lent qu’ils ne sauroient dévancer un homme à cheval ; d’autres ont une vîtesse médiocre, & ne parcourent que dix milles d’Angleterre par heure. M. Formey.
La force du vent se détermine par une machine particuliere qu’on appelle anemometre, laquelle étant mise en mouvement par le moyen d’ailes semblables à celles d’un moulin à vent, éleve un poids qui s’écartant de plus en plus du centre du mouvement, en glissant le long d’un bras creusé en gouttiere & adapté sur l’aissieu des voiles, résiste d’autant plus qu’il est plus élevé, jusqu’à ce que devenant en équilibre avec la force du vent sur les voiles, il en arrête le mouvement. Une aiguille fixée sur le même axe à angle droit avec le bras, montre en s’élevant ou en en descendant, la force du vent sur une espece de cadran divisé en degrés. Voyez Anemometre.
On trouvera dans le traité du navire de M. Bouguer, la description d’un anemometre, que cet habile géometre a inventé, & auquel nous renvoyons. Ce n’est autre chose qu’un morceau de carton appliqué à un peson d’Allemagne. M. Poleni a aussi donné la description d’un instrument semblable, dans la piece qui a remporté le prix de l’académie en 1733.
Qualités & effets du vent. 1°. « Un vent qui vient du côté de la mer, est toujours humide, & de plus froid en été & chaud en hiver, à moins que la mer ne soit gelée : ce qui peut se prouver ainsi ». Il s’éleve continuellement une vapeur de la surface de toute eau, & cette vapeur est beaucoup plus considérable qu’on ne peut l’imaginer lorsque l’eau est exposée à l’action des rayons du soleil ; c’est un fait qu’il est aisé de reconnoître, en exposant à l’air un vase rempli d’eau, & en remarquant que l’eau diminue sensiblement au-bout d’un assez petit espace de tems. Voyez Vapeur.
De-là il suit que l’air qui est au-dessus de la mer est chargé de beaucoup de vapeurs : or les vents qui viennent du côté de la mer, balayant & ramassant ces vapeurs, doivent être par conséquent humides.
De plus en été l’eau s’échauffe moins que la terre par l’action des rayons du soleil ; au-lieu qu’en hiver l’eau de la mer est plus chaude que la terre, qui est
souvent couverte de glace & de neige : or comme l’air qui est contigu à un corps, partage son degré de froid ou de chaud, il s’ensuit que l’air contigu à la mer est plus chaud en hiver que celui qui est contigu à la terre ; & que le même air est réciproquement plus froid en été. On peut dire encore que les vapeurs que l’eau exhale en hiver, étant plus chaudes que l’air dans lequel elles s’élevent, ainsi qu’on le peut juger par la condensation de ces vapeurs qui les rend visibles aussitôt qu’elles s’élevent dans l’air ; il faut que ces vapeurs échauffent continuellement la partie de l’atmosphere qui est au-dessus de la mer, & en rendent la chaleur plus considérable que dans celle qui est au-dessus de la terre ; mais en été, les rayons du soleil réfléchis de la terre dans l’air, étant en bien plus grand nombre que ceux qui sont réfléchis de l’eau dans l’air, l’air contigu à la terre échauffé par une plus grande quantité de rayons que celui qui est contigu à la mer, sera par conséquent plus chaud. De tout-celà il s’ensuit que les vents de mer produisent des tems épais & couverts, & des brumes.
2°. « Les vents qui viennent des continens sont toujours secs, chauds en été, & froids en hiver » : car comme il s’éleve beaucoup moins de vapeurs de la terre que de l’eau, il faut aussi que l’air qui est au-dessus des terres soit beaucoup moins chargé de vapeurs que celui qui est au-dessus des mers. D’ailleurs les vapeurs ou exhalaisons qui s’élevent de la terre, par les grands degrés de chaleur, sont beaucoup plus déliées & moins sensibles que celles qui viennent de l’eau. Il faut donc que le vent qui vient du continent amene peu de vapeur, & qu’il soit par conséquent sec. De plus la terre étant plus échauffée dans l’été, que ne l’est l’eau, quoique exposée aux mêmes rayons du soleil, il faut donc que l’air qui est contigu à la terre, & par conséquent le vent qui vient de terre, soit plus chaud que celui qui vient de la mer : on verroit de la même maniere que les vents de terre doivent être plus froids en hiver que les vents de mer ; & on verroit aussi que ces mêmes vents de terre, en hiver, doivent rendre le tems froid, clair & sec. Voyez Tems.
Quoi qu’il en soit, les vents du nord & du sud, qui sont communément estimés les causes des tems froids & des tems chauds, doivent être plutôt regardés, suivant M. Derham, comme les effets du froid & du chaud de l’atmosphere : car nous voyons fréquemment un vent chaud de sud se changer subitement en un vent de nord, s’il survient de la neige ou de la grêle ; & de même le vent qui est au nord, dans une matinée froide, se changer en vent de sud quand le soleil a échauffe la terre, & retourner ensuite sur le soir au nord ou à l’est, lorsque la terre se refroidit. Voyez à l’article du Barometre, les effets du vent sur le barometre.
La nature qui ne fait rien d’inutile, sait mettre les vents à profit : ce sont eux qui transportent les nuages, pour arroser les terres, & qui les dissipent ensuite pour rendre le beau tems ; leurs mouvemens purifient l’air, & la chaleur ainsi que le froid se transmettent d’un pays à un autre. Quelquefois aussi les vents nous sont nuisibles, comme lorsqu’ils viennent d’un endroit mal sain, ou lorsqu’ils apportent des graines de mauvaises plantes dans des endroits où on desireroit qu’il n’en crût point. Quel secours ne tirons-nous pas des moulins à vent, pour moudre le grain, extraire l’huile des semences, fouler les draps, &c. De quelle utilité le vent n’est-il pas à la navigation ? le secours du vent est si commode, & ses avantages sont si bien connus, que nous nous en procurons souvent quand nous en manquons : le forgeron se sert d’un soufflet pour allumer son feu ; le boulanger nettoie son blé en le faisant passer devant une es-