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moëlleux, & un peu plus gros que la greffe, on la met dans le milieu de la vigne.

Ces généralités peuvent suffire : on trouvera les détails dans un traité de la culture de la vigne, publié dernierement à Paris en deux volumes in-12 ; mais il faut remarquer que cette culture n’est pas la même dans les diverses provinces de ce royaume ; & comme elle est abandonnée à des vignerons ignorans, qui suivent de pere en fils une routine aveugle, on juge aisément qu’elle est susceptible de beaucoup d’amélioration. (D. J.)

Vigne, (Mat. mèd. & Diete.) cette plante que l’on appellera, si l’on veut arbre ou arbrisseau, fournit à la pharmacie sa seve, ses jeunes pousses, ses bourgeons, ses feuilles & la cendre de ses sarmens ; son fruit que tout le monde connoît sous le nom de raisin, a des usages pharmaceutiques & diététiques trop étendus, pour ne pas en traiter dans un article distinct. Voyez Raisin.

Les pleurs ou la seve de la vigne que l’on ramasse au printems, est regardée comme apéritive, diurétique & propre contre la gravelle étant prise intérieurement par verrées. Cette liqueur est regardée aussi comme très-utile dans les ophtalmies, les petits ulceres des paupieres & la foiblesse de la vue, si on en bassine fréquemment les yeux ; l’une & l’autre de ces propriétés paroît avoir été accordée à cette liqueur assez gratuitement.

Les anciens medécins & quelques modernes ont ordonné le suc des feuilles ou celui des jeunes pousses de vigne, qui est d’une saveur aigrelette assez agréable dans les devoiemens ; ce remede ne vaut pas mieux, peut-être moins que les autres sucs acidules végétaux, tels que ceux de citron, d’épine-vinette, de groseille, &c. qui sont quelquefois indiqués dans cette maladie.

C’est un remede populaire & fort usité que la lessive de cendre de sarment ou branches de vigne contre l’œdème, la leucophlegmatie, l’hydropisie ; mais les principes medicamenteux dont cette lessive est chargée, sont des êtres très-communs, & point-du-tout propres à la vigne.

C’est ici un sel lixiviel purgatif & diurétique, comme ils le sont tous. Voyez Sel lixiviel. (b)

Vigne blanche, (Mat. méd.) voyez Bryone.

Vigne de Judée, (Botan.) ou dozce-amere ; ce sont deux nonis vulgaires de l’espece de morelle, appellée par Tournefort, solanum scandens. Voyez Morelle. (D. J.)

Vigne sauvage, (Botan.) vitis sylvestris, seu labrusca, C. B. P. espece de vigne qui croît sans culture au bord des chemins, & pioche des haies ; son fruit est un fort petit raisin qui, quand il mûrit, devient noir, mais il ne mûrit guere que dans les pays chauds. (D. J.)

Vigne sauvage, (Botan. exot.) voyez Pareira-brava.

Vigne-vierge, (Jardinage.) bryonia ; ce nom lui vient de Virginie en Amérique : cette plante est vivace, & se multiplie de plants enracinés. Elle approche de la coulevrée, & a comme elle des tenons pour s’attacher par-tout, & sert à couvrir des murs & de berceaux de treillage. Sa feuille & sa fleur sont à-peu-près les mêmes, & rougissent sur la fin de l’automne ; on remarque qu’elle ne porte point de fruit.

Vigne, fruit de la, (Critiq. sacr.) dans S. Matt. xxvj. 29. γένημα τοῦ ἀμπέλου. Il est aussi appellé le sang de la vigne, Eccl. xxxjx. 32. Deutéron. xxxij. 14. Pindare le nomme ἀμπέλου δρόσος, la rosée de la vigne, & Philon, ἀμπέλου καρπὸς, le fruit de la vigne. « Jesus-Christ, c’est Clément d’Alexandrie qui parle, Pad. lib. II. p. 158. montre que ce fut du vin qu’il bénit, lorsqu’il dit à ses disciples, je ne boirai plus de ce fruit de vigne, c’étoit donc du vin que le

Seigneur bûvoit ; soyez persuadé que Jesus-Christ a béni le vin quand il dit : prenez, bûvez ; ceci est mon sang, le sang du vin. L’Ecriture, dit plus haut ce pere de l’Eglise, p. 156. nomme le vin, le symbole mystique du sang sacré ». Rem. de M. de Beausobre. (D. J.)

VIGNERON, s. m. (Gramm.) celui qui s’entend & s’occupe de la culture de la vigne.

VIGNETTE, s. f. terme d’Imprimerie, on entend par vignette, les ornemens dont on décore les impressions. Elles sont fort en usage au commencement d’un ouvrage, à la tête d’un livre, d’une préface, & d’une épître dédicatoire. Les vignettes sont des desseins variés & de grandeur proportionnée au format. Ces gravures se font sur bois & sur cuivre. Il est une troisieme sorte de vignetes qui se font à l’imprimerie ; pour cet effet elles sont fondues de même que les lettres : chaque corps de caractere, dans une Imprimerie bien montée, a un casseau de vignettes qui lui est propre, c’est-à-dire qui est de la même force ; au moyen de quoi un ouvrier compositeur, artiste en ce genre, avec du goût, peut à même de toutes ces pieces différentes, mais dont il y a nombre de chacune, composer une vignette très-variée & d’un très-beau dessein. On se sert de ces mêmes pieces pour composer les passe-partout & les fleurons composés à l’Imprimerie. Voyez Passe-partout, Fleurons, &c.

VIGNOBLE, s. m. (Agricult.) est un lieu planté de vignes. Voyez Vigne.

VIGNUOLA ou VIGNOLA, (Géogr. mod.) petite ville d’Italie dans le Modénois, sur le Panaro, aux confins du Boulonois. (D. J.)

VIGO, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Galice, sur la côte de l’Océan, à 3 lieues au sud-ouest de Redondillo, & à 106 au nord-ouest de Madrid, avec un bon port de mer, dans lequel les Anglois prirent ou coulerent à fond les galions d’Espagne en 1702. La campagne des environs est des plus fertiles. Long. 9. 14. latit. 42. 3. (D. J.)

VIGOGNE, s. f. (Zoolog.) camelus, seu camelo congener, pacos dictum, Ray. ovis peruana, pacos dicta, Marg. animal de la grandeur d’une chevre & de la figure d’une brebis, qui se trouve dans les montagnes du Pérou depuis Arica jusqu’à Lima. Les Espagnols l’appellent ordinairement vicunna, dont nous avons fait vigogne. Il ne faut pas le confondre avec le lamas ou l’alpague, deux autres animaux qui lui ressemblent assez.

La vigogne a le pié fourchu comme le bœuf, il porte sa tête comme le chameau, qu’il a assez semblable à celle de cet animal ; il va assez vîte, & s’apprivoise facilement.

Les plus grands, qui quelquefois le deviennent autant qu’une petite génisse, ou qu’un âne de grandeur moyenne, servent au transport des vins, des marchandises & autres fardeaux, pouvant porter cinq arroues qui reviennent à 125 livres pesant de France.

Ce sont des animaux de compagnie, & ils vont toujours ou par troupeaux ou par caravanes ; ils servent ordinairement à porter dans les vignes de la gouaclit qui est de la fiente d’oiseaux sauvages, dont on se sert pour engraisser les terres dans le Pérou.

La laine de vigogne est brune ou cendrée, quelquefois mêlée d’espace en espace de taches blanches. Voyez Vigogne, (Lainage.)

Lorsque les Péruviens veulent prendre & chasser ces animaux, ils s’assemblent le plus grand nombre qu’ils peuvent pour les pousser à la course, & en faisant de grands cris dans des passages étroits qu’ils ont auparavant reconnus, & où ils ont tendu leurs filets. Ces filets ne sont que de simples cordes attachées à quelques pieux de trois ou quatre piés de