habitans de l’Indostan. Ces trois dieux sont Brama, Vistnou & Ruddiren. Suivant le védam, c’est-à-dire la bible des Indiens idolâtres, ces trois dieux ont été créés par le grand Dieu, ou par l’être suprème, pour être ses ministres dans la nature. Brama a été chargé de la création des êtres ; Vistnou est chargé de la conservation ; & Ruddiren de la destruction. Malgré cela, il y a des sectes qui donnent à Vistnou la préférence sur ses deux confreres, & ils prétendent que Brama lui-même lui doit son existence & a été créé par lui. Ils disent que Vistnou a divisé les hommes en trois classes, les riches, les pauvres, & ceux qui sont dans un état moyen ; & que d’ailleurs il a créé plusieurs mondes, qu’il a rempli d’esprits, dont la fonction est de conserver les êtres. Ils affirment que le védam, ou livre de la loi, n’a point été donné à Brama, comme prétendent les autres Indiens, mais que c’est Vistnou qui l’a trouvé dans une coquille. Toutes ces importantes disputes ont occasionné des guerres fréquentes & cruelles, entre les différentes sectes des Indiens, qui ne sont pas plus disposées que d’autres à se passer leurs opinions théologiques.
Les Indiens donnent un grand nombre de femmes à leur dieu Vistnou, sans compter mille concubines. Ses femmes les plus chéries sont Lechisni, qui est la Vénus indienne, & la déesse de la fortune, dont la fonction est de gratter la tête de son époux. La seconde est Siri pagoda, appellée aussi pumi divi, la déesse du ciel, sur les genoux de qui Vistnou met ses piés, qu’elle s’occupe à frotter avec ses mains. On nous apprend que ce dieu a eu trois fils, Kachen, Laven, & Varen ; ce dernier est provenu du sang qui sortit d’un doigt que Vistnou s’est une fois coupé.
Ce dieu est sur-tout fameux dans l’Indostan, par ses incarnations qui sont au nombre de dix, & qui renferment, dit-on, les principaux mysteres de la théologie des Bramines, & qu’ils ne communiquent point ni au peuple ni aux étrangers. Ils disent que ce dieu s’est transformé 1°. en chien de mer ; 2°. en tortue ; 3°. en cochon ; 4°. en un monstre moitié homme & moitié lion ; 5°. en mendiant ; 6°. en un très-beau garçon appellé Prassaram ou parecha Rama ; 7°. il prit la figure de Ram qui déconfit un géant ; 8°. sous la figure de Kisna, ou Krisna ; dans cet état il opéra des exploits merveilleux contre un grand nombre de géants, il détrôna des tyrans, rétablit de bons rois détrônés, & secourut les opprimés ; après quoi il remonta au ciel avec ses 16000 femmes. Les Indiens disent que si toute la terre étoit de papier, elle ne pourroit contenir toute l’histoire des grandes actions de Vistnou, sous la figure de Kisna ; 9°. il prit la forme de Bodha, qui, suivant les Banians, n’a ni pere ni mere, & qui se rend invisible ; lorsqu’il se montre il a quatre bras : on croit que c’est ce dieu qui est adoré sous le nom de Fo, dans la Chine, & dans une grande partie de l’Asie ; 10°. la derniere transformation de Vistnou, sera sous la forme d’un cheval aîlé, appellé Kalenkin, elle n’est point encore arrivée, & n’aura lieu qu’à la fin du monde.
Le dieu Vistnou est le plus respecté dans le royaume de Carnato, au-lieu que Ram ou Brama est mis fort au-dessus de lui, par les bramines de l’empire du Mogol ; & Ruddiren est le premier des trois dieux, pour les Malabares. Voyez Ram & Ruddiren.
Ceux qui voudront approfondir les mysteres de la religion indienne, & connoitre à fond l’histoire de Vistnou, n’auront qu’à consulter l’histoire universelle d’une société de savans Anglois, tom. VI. in-8o.
VISTNOUVA, (Hist. mod.) on a vu dans l’article qui précéde, que les bramines ou prêtres sont divises en plusieurs sectes, suivant les dieux à qui ils donnent le premier rang. Ceux qui regardent le dieu Wistnou comme la divinité suprème, s’appellent Vistnouvas ; leur secte se soudivise en deux, les uns se
nomment tadvadis, disputeurs, ou bien madya-vistnouya, du nom de leur fondateur. Ils se font une marque blanche qui va du nés au front, sur les temples, & sur les omoplates ; c’est selon eux, le signe de Vistnou, & ils sont convaincus que tant qu’ils le porteront, ni le diable, ni le juge des enfers n’auront aucun pouvoir sur eux. Ces tadvadis ont un chef ou patriarche, qui réside près de Paliacate sur la côte de Coromandel, qui est obligé de garder le célibat, sous peine de quitter son ordre.
La seconde secte de vistnouvas s’appelle romanouva vistnouva, ceux ci se mettent la marque de l’Y grec sur le front, faite avec de la craye ; & ils se font une brûlure sur les omoplates ; ils sont persuadés que Vistnou ne les punira d’aucun péché. Ces sectaires, comme de raison, se croient infiniment plus parfaits que les Tadvadis ; leur chef réside à Karnate. Il n’est point permis à ces prêtres ni de faire le commerce, ni d’entrer dans des lieux de débauche, comme aux autres.
VISTRE, le, (Géog. mod.) riviere de France, dans le Languedoc, au diocèse de Nismes. Elle prend sa source au pié de la Tourmagne, & se perd dans l’étang de Thau. (D. J.)
VISTRIZA, la, (Géog. mod.) riviere de la Turquie européenne, dans le Coménolitari. Elle prend sa source au mont du petit Dibra, traverse presque tout le Comménolitari, & se perd dans le Vardar, un peu au-dessus de l’endroit où ce fleuve se jette dans le golfe Salonique. (D. J.)
VISTULA, (Géog. anc.) Visula, Vistulus, Vistla, Viscla, Bisula, car on trouve tous ces noms dans les auteurs, grand fleuve de l’Europe, & que les anciens ont pris pour la borne entre la Germanie & la Sarmatie. Ptolomée l. II. c. xj. dit que la source de ce fleuve, & ce fleuve même jusqu’à la mer, termine la Germanie du côté de l’orient ; & dans un autre endroit, l. III. c. v. il donne la Vistule pour le commencement de la Sarmatie européenne. Dans le pays ce fleuve est connu sous le nom de Weixel, Wiessel, ou Weissel, & en françois on l’appelle la Vistule. Voyez Vistule. (D. J.)
VISTULE, la, (Géog. mod.) en allemand Veissel ou Viessel, en latin Vistula, grand fleuve de l’Europe. Il prend sa source dans la Moravie, au pié du mont Krapac, à douze ou quatorze lieues de Cracovie. Il traverse la Pologne du midi au nord, ainsi que la Prusse-royale, & forme à six lieues de ses embouchures l’île de Marienbourg ; enfin il se jette dans la mer Baltique par trois ou quatre bouches différentes. Ce fleuve porte de fort grands bateaux, & reçoit dans son sein le Rab, le Dona, la Vislok, la Sane, le Bouk, le Narew, la Prisla, &c. Cependant la vistule dans un cours de cent cinquante lieues de Pologne, n’a qu’un seul bon pont, qui est celui de la ville de Thorn, lequel est bâti sur pilotis, sans gardes-foux ni liaisons dans une longueur de près de cinq cens pas. (D. J.)
VISUEL, adj. (Opt.) se dit de ce qui appartient à la vue ou à la faculté de voir.
Les rayons visuels sont des lignes de lumiere qu’on imagine venir de l’objet jusque dans l’œil. Les rayons visuels sont des lignes droites, car l’expérience prouve qu’on ne sauroit voir un objet dès qu’il y a entre cet objet & l’œil quelque corps opaque qui empêche les rayons de venir à nos yeux ; & c’est en quoi la propagation de la lumiere differe de celle du son, car le son se transmet jusqu’à l’oreille par toutes sortes de lignes, droites ou courbes, & malgré toutes sortes d’obstacles. Voyez Rayon.
Point visuel, en Perspective, est un point sur la ligne horisontale, & dans lequel les rayons visuels s’unissent. Voyez Point & Perspective.
VISURGIS, (Géog. anc.) nom que les Latins &