d’hui cette charge, on compte trente-six grands veneurs.
VÉNÉZUELA, (Géog. mod.) province de l’Amérique méridionale. Elle est bornée au septentrion par la mer du Nord, au midi par la nouvelle Grenade, au levant par la province de Cumana, & au couchant par celle de Rio de la Hacha, sur un golfe de même nom. Le terroir produit en quelques endroits deux recoltes. Cette province a été découverte en 1499, par Alphonse Ojéda qui avoit sur son bord Améric Vespuce, riche marchand florentin. Sa capitale se nomme Macaraïbo, dont la longitude est 309. latit. 10. 12.
Ojéda & Vespuce ayant découvert en Amérique par les onze degrés de latitude septentrionale, un grand golfe, le nommerent Vénézuela ou petite Venise, à cause d’un village qu’ils y trouverent bâti sur pilotis, dans des petites îles, avec des especes de ponts de communication de l’une à l’autre.
Quelques années après, le facteur royal Jean d’Amquez eut ordre, en 1527, d’aller s’y etablir avec 60 hommes qu’on lui donna. Il débarqua à l’endroit où Ojéda avoit trouvé cette bourgade, bâtie à la maniere de Venise, au milieu d’une lagune ; & il s’allia avec Manauré, cacique puissant, ce qui lui facilita l’exécution des ordres dont il étoit chargé. Il bâtit la ville de Coro dans une situation très avantageuse, & il se rendit maître sans beaucoup de peine de toute cette belle province, comme aussi des iles de Curacao ou Coraçol, d’Otuba, & de Bonayre, qui ne sont qu’à 14 lieues.
Les Velses, riches marchands d’Augsbourg, qui avoient fait de grandes avances à Charles-Quint, ayant oui parler de Vénézuela, comme d’un pays abondant en or, en obtinrent de cet empereur le domaine à titre de paiement, pendant un tems limité, & à de certaines conditions. Ils confierent l’exécution de leur entreprise à un allemand nommé Affinger, qui arriva à Vénézuela, en 1529, avec trois navires qui portoient quatre cens hommes de pié ; mais cette colonie périt bientôt, parce qu’Affinger au lieu de gagner l’amitié des Indiens, ne songea qu’à satisfaire son avarice par toutes sortes d’actions barbares, ce qui revolta les peuples qui le tuerent, & lui couperent la tête, juste récompense de ses cruautés. (D. J.)
VENGEANCE, (Droit naturel) peine qu’on fait souffrir à son ennemi, soit par raison, soit par ressentiment d’une offense qu’on en a reçue.
La vengeance est naturelle : il est permis de repousser une véritable injure, de se garantir par-là des insultes, de maintenir ses droits, & de venger les offenses où les lois n’ont point porté de remede ; ainsi la vengeance est une sorte de justice ; mais j’entends la voix des sages, qui me disent qu’il est beau de pardonner, qu’on doit de l’indulgence à ceux qui nous ont manqué en des choses légeres, & du mépris à ceux qui nous ont réellement offensés : l’homme qui a profité des lumieres de tous les siecles, condamne tout ce qui n’est que pure vengeance ; celles qui partent d’une ame basse & lâche, il les abhorre, & les compare à des fleches honteusement tirées pendant la nuit. Enfin il est démontré que les personnes d’un esprit vindicatif ressemblent aux sorciers, qui font des malheureux, & qui à la fin sont malheureux eux-mêmes ; je conclus donc que c’est une grande vertu d’opposer la modération à l’injustice qu’on nous a faite. (D. J.)
VENGEUR du sang, (Critique sacrée) la loi de Moïse permettoit au vengeur du sang, qui devoit être le plus proche parent ou héritier d’une personne tuée par quelque cas fortuit, de venger son sang ; c’est-à-dire, que si ce parent trouvoit le meurtrier involontaire hors des bornes de l’asile, il lui étoit permis par
la loi de le tuer sans autre façon ; encore même que le malheureux homicide eût été déclaré innocent par les juges, l’héritier du sang ne sera point coupable de meurtre, dit le législateur, Nombre, c. xxv. v. 27.
Il ne s’ensuit point de là néanmoins, que ce vengeur du sang, en tuant à son tour l’homicide involontaire, fût innocent devant le tribunal de la conscience, devant Dieu, & selon le droit naturel ; mais Moïse avoit jugé à propos, par des raisons politiques, d’accorder l’impunité au vengeur du sang devant les juges civils ; ainsi ces mots, il ne sera point coupable de meurtre, veulent dire seulement, les juges civils ne pourront pas le condamner comme meurtrier, Apparemment que le législateur regardoit dans ce cas particulier, qu’il y avoit de la faute du mort, qui auroit dû ne pas sortir des bornes de l’asyle, comme la loi l’avoit défendu pour de très-bonnes raisons, il n’ignoroit donc pas la loi, ensorte que pour ne point s’exposer aux malheurs qui en pouvoient résulter, il devoit auparavant, pour se mettre à couvert de la loi, faire dans l’asyle même, & sans en sortir, son accommodement avec le plus proche parent, ou l’héritier de celui qu’il avoit tué par malheur, & fort involontairement. (D. J.)
VENIAT, s. m. (Gram. & Jurisprud.) terme latin usité dans le discours françois pour exprimer l’ordre qui est donné à quelqu’officier de justice, soit par son supérieur ou par le roi même pour venir en personne rendre compte de sa conduite. Voyez Lettre de cachet. (A)
VENICNIUM PROMONTORIUM, (Géog. anc.) promontoire de l’Hybernie, sur la côte septentrionale de l’île, entre le promontorium Borcum, & l’embouchure de la riviere Vidua, selon Ptolomée, l. II. c. ij. Camden croit que c’est aujourd’hui Rameshead. (D. J.)
VÉNIEL, péché, (Théolog.) les théologiens catholiques définissent le péché véniel, un péché qui affoiblit en nous la grace sanctifiante, quoiqu’il ne nous l’ôte pas, telle qu’une legere impatience, un murmure, un doute involontaire contre la foi, &c.
La confession des péchés véniels n’est pas absolument nécessaire, mais elle est fort utile soit pour humilier, soit pour purifier de plus en plus le pécheur. Ce qui caractérise le péché véniel, & le différencie du péché mortel ; c’est quand sa matiere est legere, ou que le consentement de la volonté est imparfaite.
Les prétendus réformés rejettent cette distinction de péchés mortels & véniels, & soutiennent que tous les péchés, quelque griefs qu’ils soient, sont véniels, c’est-à-dire, pardonnables ; or tout cela n’est qu’une dispute de mots ; car les catholiques conviennent également qu’il n’y a point de péchés irrémissibles. Mais les protestans ajoutent que tous les péchés quelque legers qu’ils puissent être, sont mortels, parce qu’ils offensent tous Dieu. Doctrine également opposée à la religion, qui dicte que les plus justes ne sont pas exempts des fautes de foiblesse & d’infirmité ; & à la raison qui démontre que tous les péchés ne sont pas égaux, ainsi que le prétendoient les stoïciens. Voyez Stoïcien.
VÉNILIE, s. f. (Mythol.) Venilia, nymphe, femme de Daunus, & sœur d’Amate, mere de Lavinie, qui eut Turnus pour fils, selon Virgile. Vénilie, dit Varron, est l’eau qui vient baigner la riviere. (D. J.)
VENIMEUX, VÉNÉNEUX, (Synon.) on dit l’un & l’autre ; les scorpions & les viperes sont des bêtes vénéneuses ou venimeuses ; on tire des remedes des serpens les plus venimeux ou les plus vénéneux.
Venimeux se dit seul dans le figuré ; une langue venimeuse, pour médisante. Venimeux dans le propre est beaucoup plus en usage que vénéneux.
Selon l’académie, venimeux ne se dit proprement