Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

miere ; & par conséquent la seconde emploie dans l’effort qu’elle fait pour tomber, une moindre partie de son poids que la premiere.

Par la même raison toutes les pierres, à compter depuis la clé, emploient toujours une moindre partie de leur poids, à mesure qu’elles s’éloignent du centre de la voûte, jusqu’à la derniere, qui posée sur un plan horisontal, n’emploie point du tout de son poids ; ou, ce qui revient à la même chose, ne fait point d’effort pour tomber, parce qu’elle est entierement soutenue par le pié droit.

De plus, il y a un grand point auquel il faut faite attention dans les voûtes, c’est que toutes les clés fassent un effort égal pour tomber. Pour cet effet, il est visible que comme chaque pierre (à compter de la clé jusqu’au pié droit) emploient toujours moins que la totalité de leur poids ; la premiere n’en employant, par exemple, que moitié ; la seconde, un tiers ; la troisieme, un quart, &c. Il n’y a point d’autres moyens de rendre ces différentes parties égales, qu’en augmentant la totalité du poids à proportion ; c’est-à-dire, que la seconde pierre doit être plus pesante que la premiere ; la troisieme, que la seconde, &c. jusqu’à la derniere, qui doit être infiniment plus pesante.

M. de la Hire démontre quelle est cette proportion dans laquelle les pesanteurs des pierres d’une voûte demi-circulaire doivent être augmentées pour être en équilibre, ou tendre en en-bas avec une force égale ; ce qui est la disposition la plus ferme qu’une voûte puisse avoir.

Avant lui les Architectes n’avoient point de regles certaines pour se conduire, mais le faisoient au hasard.

La regle de M. de la Hire est d’augmenter le poids de chaque pierre au-delà de celui de la clé, d’autant que la tangente de l’arc de la pierre excede la tangente de l’arc de moitié de la clé. De plus, la tangente de la derniere pierre devient nécessairement infinie, & par conséquent son poids devroit l’être aussi ; mais comme l’infini n’a pas lieu dans la pratique, la regle revient à ceci, que les dernieres pierres soient chargées autant que faire se peut, afin qu’elles soient plus en état de résister à l’effort que la voûte fait pour les séparer : c’est ce qu’on appelle le dessein & le but de la voûte.

M. Parent a depuis déterminé la courbe ou la figure que doivent avoir l’extrados ou la surface extérieure d’une voûte, dont l’intrados ou la surface intérieure est sphérique, afin que toutes les pierres puissent être en équilibre.

La clé d’une voûte est une pierre ou brique placée au milieu de la voûte en forme de cône tronqué, & qui sert à soutenir tout le reste. Voyez Clé.

Les montans d’une voûte sont les côtés qui la soutiennent.

Pendentive d’une voûte, est la partie qui est suspendue entre les arcs ou ogives. Voyez Pendentive.

Pié droit d’une voûte, est la pierre sur laquelle est posée la premiere pierre qui commence à caver. Dans les arches on entend par pié droit, toute la hauteur des culées ou des piles depuis le dessus des fondemens & des retraites jusqu’à la naissance de ces arches. Voyez Pié droit.

Voûte, (Coupe des pierres.) voûtes annulaires, font des voûtes cylindriques en quelque sorte, comme si un cylindre se courboit en sorte que son axe devînt un cercle en le réunissant par les deux bouts. Le plan d’une telle voûte est un anneau aussi-bien que tous les rangs de voussoirs que l’on peut diviser en deux classes, en extérieurs & en intérieurs ; les extérieurs font ceux qui s’appuient sur le mur de la tour, & dont les lits en joints sont des surfaces coni-

ques, dont le sommet est en en-bas ; les intérieurs sont ceux qui appuient sur le noyau qui est au milieu de la tour, voyez Noyau, & dont les lits en joints sont des surfaces coniques dont le sommet est en en-haut. Toutes ces surfaces coniques qui font les joints de lit, doivent passer par l’axe courbé du cylindre, comme aux voûtes cylindriques simples.

Tous les joints de tête, tant des voussoirs intérieurs que des extérieurs, doivent passer par le centre de la tour comme aux voûtes sphériques.

Voûtes cylindriques, sont celles dont les doelles imitent le cylindre ; leur construction est très-facile ; elles se réduisent à observer, que les joints de lit, c’est-à-dire leurs plans, passent par l’axe du cylindre, & que les joints de tête lui soient perpendiculaires & en liaison entre eux.

Voûtes coniques, sont celles dont la figure imite en quelque sorte le cône, comme sont les trompes. Il faut seulement observer pour leur construction, que les joints de lit passent par l’axe, & que les joints de tête soient perpendiculaires à la surface du cône.

Voûtes hélicoïdes ou en vis, sont des voutes cylindriques annulaires dont l’axe s’éleve en tournant autour du noyau : les joints de lit doivent suivre constamment l’axe du cylindre, & les joints de tête doivent y être perpendiculaires. Voyez au mot Noyau.

Voûtes mixtes & irrégulieres, participent toujours de quelques-unes des especes précédentes, auxquelles il faut les rapporter, comme nous rapporterons les voûtes hélicoïdes aux annulaires & aux cylindriques.

Voûte plane. Il y a en général deux manieres de les faire : si on avoit des pierres assez grandes pour pouvoir couvrit de grands appartemens, la voûte plane seroit bientôt faite ; il n’y auroit qu’à tailler la pierre A en biseau ou talud renversé ab sur les bords, ensorte que la pierre fût une pyramide tronquée & renversée, ainsi qu’elle est représentée dans la figure à la lettre A, & le haut des murs de la chambre en talud BCD pour servir de coussinets à la pierre A ; si on l’applique alors dans l’espece d’entonnoir BCDE, il est évident qu’elle ne pourra point tomber en-bas, à cause que l’ouverture de chambre est plus petite que sa grande base.

Mais comme on ne trouve pas de pierre assez grande pour faire les planchers d’une seule piece, on est obligé de les faire de différens morceaux, qui réunis font le même effet.

Supposons qu’au lieu de grandes pierres, on ne trouvât que des anneaux Q R S T, fig. 31. n°. 2. de différentes grandeurs, & percés à jour en talud mn, & ayant un talud renversé TV, en tout semblable au talud ab de notre grande pierre. Si on en met plusieurs les uns dans les autres, comme la fig. 31. le représente ; leur assemblage formera une voûte plate, que l’on pourroit comparer au marc dont se servent les orfevres. Mais comme on ne trouve pas non plus de pierre assez grande pour faire les anneaux d’une seule piece, on les fait de plusieurs parties, qu’il faut observer de poser en liaison. Voyez Liaison.

Tous les joints de cette sorte de voûte, tant ceux de lit (qui sont ceux qui séparent les anneaux les uns des autres), que ceux de tête, doivent concourir au sommet commun P des pyramides renversées, dont nous avons supposé les tronçons enfilés les uns dans les autres.

La figure L M N O, fig. 32. représente l’épure de cette sorte de voûte. Si la chambre étoit ronde, les rangs de claveaux seroient des tronçons de cône.

La seconde maniere de construire les voûtes plates est fondée sur une invention de Serlio, qui a donné une maniere de faire des planchers avec des poutrelles trop courtes pour être appuyées sur les murs de part