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très-grande déférence l’un pour l’autre, & il n’y eut jamais aucune diminution dans leur amitié, parce que la vertu en serroit les nœuds.

Il nous reste diverses lettres françoises d’Utenbogaert à Louise de Coligni. Si on les compare avec des lettres écrites en ce même tems par nos françois, on les trouvera aussi-bien tournées, & peut-être mieux ; & pour les choses même, on verra qu’il n’y a rien que de sage, & qui ne convienne au caractere d’un homme de bien, prudent & retenu.

Il a publié un grand nombre d’ouvrages tous en hollandois : les deux principaux sont, son histoire ecclésiastique, depuis l’an 400, jusqu’en 1619, imprimée en 1646 & 1647, in-fol. & l’histoire de sa vie, qu’il acheva en sa 82e année, en 1638. Cet ouvrage a paru après sa mort, en 1645, in-4°. & a été réimprimé en 1646. L’article de ce savant théologien, si long-tems persécuté dans sa patrie, a été fait avec grand soin par M. de Chaufepié dans son dictionnaire historique, & c’est un article extrémement curieux.

Je finis cette courte liste par un homme de goût, écrivain poli, Van-Effen (Juste), né à Utrecht en 1684, & mort à Bois-le-Duc en 1735, étant alors inspecteur des magasins de l’état dans cette ville. Il cultiva de bonne heure la langue françoise, dans laquelle il a composé tous ses ouvrages, & qu’il écrit aussi-bien que peut le faire aucun étranger. Un esprit philosophique, des connoissances diversifiées, une assez grande vivacité d’imagination, & beaucoup de facilité, mirent M. Van-Effen en état de travailler avec distinction sur toutes sortes de matieres. Il a eu beaucoup de part au journal littéraire ; & comme il entendoit fort bien l’anglois, il a donné la traduction entiere du Mentor moderne. Son parallele d’Homere & de Chapelain, qui se trouve à la suite du chef d’œuvre de l’Inconnu, par M. de Saint-Hyacinthe, est un badinage heureux, & très-bon dans son genre ; mais le principal ouvrage de cet ingénieux écrivain, est son Misantrope, qu’il fit à l’imitation du spectateur anglois. Cet ouvrage est mêlé de prose & de vers, & l’on peut dire qu’en général, le jugement y domine partout. La meilleure édition est celle de la Haye, en 1726, en deux volumes in-8°. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Utrecht, seigneurie d’, (Géog. mod.) province des Pays-bas, & l’une des sept qui composent la république des Provinces-Unies, entre lesquelles ellé a le cinquieme rang. Elle est bornée au nord par la Hollande & le Zuiderzée ; au midi par le Rhein, qui la sépare de l’île de Betau ; à l’orient par le Veluwe & la Gueldre ; à l’occident par la Hollande encore. Ce pays étoit autrefois si puissant, qu’il pouvoit mettre sur pié une armée de quarante mille hommes, & quoiqu’il fût continuellement attaqué par les Bataves, par les Frisons, & par les Gueldrois, qui l’environnent de tous côtés, il se défendit néanmoins vaillamment contre de si puissans ennemis.

On divise aujourd’hui la province d’Utrecht en quatre quartiers, qui sont le diocèse supérieur & inférieur, l’Emsland, & le Montfort-land. On y respire un air beaucoup plus sain qu’en Hollande, parce que le pays est beaucoup plus élevé, & moins marécageux.

Son gouvernement est semblable à celui de la province de Zélande. Il a néanmoins cela de particulier, que huit députés laïcs, représentant l’ordre du clergé, ont séance dans l’assemblée des états de la province avec les députés des nobles, & de villes d’Utrecht, d’Amerfort, de Wyck, de Rhenen, & de Mont-fort.

Ce sont les cinq anciens chapitres de la ville d’Utrecht, qui fournissent les députés représentans le clergé. Les deux autres ordres élisent leurs députés,

& c’est pour cela qu’on les nomme élus.

En 1672 les François se rendirent maitres de toute la seigneurie d’Utrecht ; mais ils furent obligés l’année suivante, d’en abandonner la conquête. Les Etats-Généraux mécontens de la conduite de cette province, & de son aversion pour le prince d’Orange, l’exclurent du gouvernement de la république, de même que les provinces de Gueldres & d’Over-Issel ; cependant ces trois provinces furent réunies à la généralité le 29 de Janvier 1674, & cette réunion a subsisté jusqu’à ce jour. (D. J.)

UTRICULARIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné par Linnæus au genre de plante que les autres auteurs appellent lentibularia ; son calice est une enveloppe à deux feuilles ; la fleur est labiée & monopétale ; la levre supérieure est droite & obtuse ; la levre inférieure est large & sans découpure ; le nectarium est fait en maniere de corne, il est plus court que le pétale de la fleur, & sort de sa base. Les étamines sont deux filets courts & crochus, leurs bossettes sont petites & adhérentes ensemble, le pistil a le germe arrondi, le stile est délié comme un cheveu & de la longueur du calice ; le stigma est fait en cône, le fruit est une grosse capsule conique, renfermant une seule cavité ; les graines sont très-nombreuses. (D. J.)

UTRICULE, s. m. (Hist. nat. Bot.) On nomme utricules en botanique, des especes de vésicules, ou de sucs ovoïdes formés par les intervalles que laissent entr’eux les faisceaux des fibres ligneuses. Les vésicules sont placés horisontalement, & paroissent avoir pour fonction principale, celle de préparer le suc nourricier de la plante. (D. J.)

UTZNACH, (Géogr. mod.) petite ville de Suisse au canton de Zurich, à quelque distance du lac de Zurich. Elle a son chef qu’on nomme avoyer, & son conseil. (D. J.)

VU

VU, participe. (Gram.) Voyez l’article Voir, Visibilité, Vision.

Vu ou Veu, (Jurisprud.) est un terme usité dans les jugemens, pour indiquer que les juges ont vu & examiné telles & telles pieces. Les jugemens d’audience n’ont que deux parties, les qualités & le dispositif. Les jugemens sur procès par écrit ou sur pieces vues, ont trois parties ; les qualités, le vu & le dispositif. La seconde partie que l’on appelle le vu, a été ainsi nommée, parce qu’elle commence par ces mots, vu par la cour, &c. ou vu par nous si ce ne sont pas des juges souverains.

Au conseil du roi, on appelle requête en vû d’arrêt celle qui est rédigée dans la forme d’un vu d’arrêt, de maniere que pour en faire un arrêt, il n’y a que le dispositif à ajouter. Voyez Arrêt, Cassation, Jugement, Dispositif, Sentence, Qualités, Requête. (A)

UVA URSI, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche ronde ; le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit mou ou une baye spherique qui renferme de petits noyaux applatis d’un côté & relevés en bosse de l’autre. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

UVAGE ou EUVAGE, s. m. (Sucrerie.) c’est ainsi qu’on appelle dans une sucrerie la partie du glacis garnie en carreaux de terre cuite qui forment l’encaissement de chaque chaudiere à sucre, & en augmente considérablement les bords. Voyez Sucrerie, Edifice.

Les Negres, charpentiers des isles, appellent uvage deux longues planches ou bordages placés le long des côtes d’une pyroque ou d’un canot servant