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modifier par differens procédés, que de trouver le moyen de découvrir des vertus nouvelles. Les Chimistes avoient entrepris cette recherche, & avoient cru pouvoir y parvenir en décomposant les plantes, & en en faisant une analyse exacte : mais les plus habiles artistes ont échoüé dans cette entreprise ; les résultats de l’analyse n’ont pas été d’accord avec les qualités les plus connues des plantes analysées. On a même prétendu que les plantes les plus opposées en vertu, se réduisoient aux mêmes principes. Enfin on a abandonné la voie de l’analyse, après s’être convaincu qu’elle ne pouvoit conduire à aucune connoissance certaine sur les propriétés des plantes. Que de travaux infructueux ! La plûpart des plantes usuelles avoient été analysées ; on les avoit déja caractérisées par les principes auxquels elles avoient été réduites, & on espéroit que cette méthode nous feroit connoître les propriétés d’une nouvelle plante par les résultats de son analyse.

Il faut donc renoncer à cette erreur, quelque flateuse qu’elle soit : mais pour avoir fait des tentatives inutiles, on ne doit pas se décourager dans un sujet aussi important. Il s’agit à présent de substituer à l’analyse des plantes quelqu’autre moyen de découvrir leurs propriétés : dût-on échoüer de nouveau après une longue suite d’expériences, on ne peut trop les multiplier, pour peu que le succès soit probable. On vient de faire une découverte dont on pourroit tirer des lumieres pour cette recherche. M. de Buffon nous a fait voir des corps mouvans, non-seulement dans les semences des animaux, mais dans celles des plantes. Lorsqu’on a fait infuser pendant quelque tems des semences broyées ou d’autres parties d’une plante, on y voit, par le moyen du microscope, des parties organiques qui se développent, qui se meuvent de différentes manieres, & qui prennent des figures différentes. Hist. nat. tom. II. Voyez Animalcule. Cette belle découverte qui a, pour ainsi dire, dévoilé aux yeux de son auteur le mystere de la réproduction des animaux & des plantes, pourroit peut-être nous rendre les propriétés des plantes sensibles aux yeux. Ce fut la premiere réflexion que je fis, lorsque M. de Buffon me montra ces corps mouvans dans toutes les infusions de plantes qu’il mit en expérience pour la premiere fois, après qu’il eut conclu, que puisqu’il y avoit des parties organiques sensibles dans les semences des animaux, elles devoient aussi se trouver dans celles des plantes. Cette induction, qui ne pouvoit venir que d’un génie fait pour les plus grandes découvertes, a été confirmée par toutes les expériences qui ont été faites depuis. M. Néedham en a fait beaucoup en vûe de la végétation. Nouvell. obs. microscop. J’en ai fait quelques-unes par rapport aux propriétés des plantes, & je crois qu’il seroit à propos d’en faire bien d’autres, pour tâcher de parvenir par ce moyen à déterminer les différences entre les propriétés connues, & à en trouver de nouvelles. Le développement, la situation, la figure, le mouvement, la durée de ces corps mouvans pourroient servir de regle & de mesure pour juger des propriétés de la plante, & pour évaluer leur efficacité. Voyez Histoire naturelle, Plante. (I)

BOTANOMANCIE, s. f. divination qui se faisoit par le moyen des plantes & des arbrisseaux. Ce mot est formé du Grec βοτάνη, herbe, & de μαντεία divination.

On se servoit, dans la botanomancie, de branches ou de rameaux de verveine, de bruyere, de figuier, & d’autres simples ou arbrisseaux, sur lesquels on écrivoit le nom & la question du consultant. Les auteurs ne nous disent pas de quelle maniere se faisoit la réponse, ni par quels signes elle se manifestoit. Il est à présumer que les prêtres ou les devins la rendoient de vive-voix. On faisoit grand usage dans la

botanomancie de branches de tamarin ou de bruyere, parce que cet arbrisseau étoit particulierement consacré à Apollon, qui présidoit à la divination, & à qui l’on avoit donné le surnom de myricœus, du Latin myrica, qui signifie bruyere, & à celle-ci l’épithete de prophétique. Au reste il ne faut pas confondre la divination dont nous parlons ici, avec la coûtume qu’avoit la sibylle de Cumes d’écrire ses réponses sur des feuilles. (G)

BOTHNIE, (Géog.) province considérable de Suede, sur le golfe du même nom, qui la divise en orientale & occidentale.

BOTHRION, s. m. (Chirurgie.) nom d’une espece d’ulcere creux, étroit, & dur, qui se forme sur la cornée transparente & sur l’opaque. On l’appelle aussi fossette, fossula ou annulus, à cause de sa profondeur. La cure ne differe point de celle des autres ulceres qui attaquent ces parties. Voyez Argema. (Y)

BOTHYNOE ou Antres, (Physique.) sorte de météore. Voyez Aurore boréale. (O)

BOTRYTIS, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante, qui ne differe du byssus que parce qu’elle dure très-peu, & par l’arrangement de ses semences, qui sont disposées en grappe ou en épi au bout des tiges ou des rameaux. Micheli, Nova plantarum genera. Voyez Plante. (I)

La bothrytes ou bothrytis ou botrys vulgaris, offic. Germ. 250. est amere au goût, & son odeur est forte, mais non desagréable ; elle est chaude de sa nature, desséchante, résolutive, apéritive, détersive, & purgative ; elle empêche la putréfaction, & elle est d’une efficacité singuliere dans les oppressions, les toux, la difficulté de respirer, & toutes les maladies froides de la poitrine ; elle est bonne pour dissiper les matieres visqueuses contenues dans les bronches ; elle leve les obstructions du foie, des reins, & de la matrice, guérit la jaunisse, prévient les hydropisies, hâte les regles & les vuidanges, & calme les douleurs du bas-ventre & de l’uterus.

Les dames Vénitiennes regardent le botrys comme un remede infaillible contre les acces de la passion hysterique.

L’eau, la conserve, & le looch de botrys sont excellens dans toutes les maladies de la poitrine & du bas-ventre.

L’herbe bouillie dans une lessive quelconque tue la vermine ; & si l’on en lave la tête, elle emportera la gale.

On assûre que cette plante semée avec le grain, tue les vers qui sont nuisibles au grain. Barthol. Zorn, Botanalog. (N)

BOTTAGE, s. m. (Commerce.) est un droit que l’abbaye de S. Denys en France leve sur tous les bateaux & marchandises qui passent sur la riviere de Seine, à compter du jour S. Denys, 9 Octobre, jusqu’à celui de S. André, 30 Novembre.

Ce droit est assez fort, pour que les marchands prennent leurs mesures de bonne heure pour l’éviter, soit en prévenant l’ouverture de ce droit pour le passage de leurs marchandises, soit en différant jusqu’à sa clôture, sur-tout si ces marchandises sont de gros volume. (G)

BOTTE, s. s. (Manége.) chaussure de cuir-fort, dont on se sert pour monter à cheval : elle est composée de la genouillere, d’une tige aussi large en-haut près du genouil, qu’en-bas près du cou-de-pié, & d’un soulier armé d’un éperon qui tient à la tige. La botte-forte est celle dont la tige est dure & ne fait aucun pli ; elle sert ordinairement aux chasseurs, aux postillons, & à la cavalerie. Voyez Planche du Cordonnier-Bottier, fig. 47. La botte-molle, est celle qui fait plusieurs plis au-dessus du cou-de-pié ; les académistes & les dragons s’en servent. Les bottes à la houssarde & à l’Angloise sont molles & n’ont point de genouil-