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bruit considérable un simple chuchotement, & un claquement de mains en un coup très-violent ; l’aquéduc de Claude, qui portoit la voix, dit-on, jusqu’à seize milles ; & divers autres rapportés par Kircher dans sa Phonurgie.

Le cabinet de Denys à Syracuse étoit, dit-on, de forme parabolique ; Denys ayant l’oreille au foyer de la parabole, entendoit tout ce qu’on disoit en bas ; parce que c’est une propriété de la parabole, que toute action qui s’exerce suivant des lignes paralleles à l’axe, se réfléchit au foyer. Voyez Parabole & Foyer.

Ce qu’il y a de plus remarquable sur ce point, en Angleterre, c’est le dome de l’église de S. Paul de Londres, où le battement d’une montre se fait entendre d’un côté à l’autre, & où le moindre chuchotement semble faire le tour du dome. M. Derham dit que cela ne se remarque pas seulement dans la galerie d’en-bas, mais au-dessus dans la charpente où la voix d’une personne qui parle bas est portée en rond au-dessus de la tête jusqu’au sommet de la voute, quoique cette voute ait une grande ouverture dans la partie supérieure du dome.

Il y a encore à Glocester un lieu fameux dans ce genre, c’est la galerie qui est au-dessus de l’extrémité orientale du chœur, & qui va d’un bout à l’autre de l’église. Deux personnes qui parlent bas, peuvent s’entendre à la distance de 25 toises. Tous les phénomenes de ces différens lieux dépendent à peu-près des mêmes principes. Voyez Echo & Porte-voix. (O)

CABIRES, s. m. pl. (Myth.) divinités du paganisme révérées particulierement dans l’ile de Samothrace. Ces dieux étoient selon quelques-uns, Pluton, Proserpine, & Cerès ; & selon d’autres c’étoient toutes les grandes divinités des payens. Ce nom est Hébreu ou Phénicien d’origine, cabir, & signifie grand & puissant. Mnascas met ces dieux au nombre de trois ; Axierès, Cerès ; Axiocersa, Proserpine ; & Axiocersus, Pluton, auxquels Dionysiodore ajoûte un quatrieme nommé Casimil, c’est-à-dire Mercure. On croyoit que ceux qui étoient initiés dans les mysteres de ces dieux en obtenoient tout ce qu’ils pouvoient souhaiter : mais leurs prêtres avoient affecté de répandre une si grande obscurité sur ces mysteres, qu’on regardoit comme un sacrilége de prononcer seulement en public le nom de ces dieux. De-là vient que les anciens se sont contentés de parler des mysteres de Samothrace & du culte des dieux Cabires, comme d’une chose très-respectable, mais sans entrer dans le moindre détail. M. Pluche dans son histoire du Ciel, dit que les figures de ces dieux venues d’Egypte en Phénicie, & de-là en Grece, portoient sur la tête des feuillages, des cornes, des ailes & des globes, qui, ajoûte cet auteur, ne pouvoient pas manquer de paroître ridicules à ceux qui ne comprenoient pas la signification de ces symboles, comme il arriva à Cambyse roi des Perses en entrant dans leur temple. Mais ces mêmes figures, si singulieres en apparence, désignoient Osiris, Isis & Horus, qui enseignoient au peuple à se précautionner contre les ravages de l’eau. Voilà, selon lui, à quoi se réduisoit tout l’appareil de ces mysteres, à apprendre à ceux qui y étoient initiés une vérité fort simple & fort commune.

Cabires, dans Origene contre Celse, se prend pour les anciens Persans qui adoroient le soleil & le feu. Hyde dans son Histoire de la religion des anciens Persans confirme cette étymologie. Cabiri, dit-il, chap. xxix. sunt Gabri, voce Persicâ aliquantulum detortâ ; c’est-à-dire, que du mot Gabres ou Guebres, qui est Persan, on a fait celui de Cabires. Voyez Guebres. (G)

CABIRIES, s. f. pl. (Myth.) fêtes que les anciens

habitans de Lemnos & de Thebes, célebroient en l’honneur des dieux Cabires.

Cette fête passoit pour être très-ancienne, & antérieure au tems même de Jupiter, qui la renouvella à ce qu’on dit. Les cabiries se célebroient pendant la nuit ; & l’on y consacroit les enfans depuis un certain âge. Cette consécration étoit, selon l’opinion payenne, un préservatif contre tous les dangers de la mer.

La cérémonie de la consécration, appellée θρόνωσις, ou θρονισμὸς, consistoit à mettre l’initié sur un throne, autour duquel les prêtres faisoient des danses. La marque des initiés étoit une ceinture ou écharpe d’un ruban couleur de pourpre.

Quand on avoit commis quelque meurtre, c’étoit un asyle que d’aller aux sacrifices des cabiries. Meursius produit les preuves de tout ce que nous venons d’avancer. (G)

CABITA, (Géog.) une des îles Philippines avec un port, à deux lieues de Manilla.

CABLAN, (Géog.) ville & royaume d’Asie dans l’Inde, au-delà du Gange, dépendant du roi d’Ava.

CABLE, s. m. (Corderie.) se dit en général de tous cordages nécessaires pour traîner & enlever les fardeaux ; ceux qu’on nomme brayers, en Architecture, servent pour lier les pierres, baquets à mortier, bouriquets à moilon, &c. les haubans, pour retenir & haubaner les engins, grues, & gruaux, &c. les vintaines qui sont les moindres cordages, pour conduire les fardeaux en les montant, & pour les détourner des saillies & des échaffauds. Ils servent aussi à attacher les boulins pour former les échaffauds. On dit bander, pour tirer un cable ; ce mot vient du Latin capulum, ou caplum, fait du verbe capere, prendre. Voyez Bander. (P)

Cable, s. m. en Marine, que quelques-uns écrivent & prononcent chable : ce dernier n’est point usité par les gens de mer. C’est une grosse & longue corde ordinairement de chanvre, faite de trois hansieres, dont chacune a trois torons. V. Hansiere & Toron.

Le cable sert à tenir un vaisseau en rade, ou en quelque autre lieu. On appelle aussi cables les cordes qui servent à remonter les grands bateaux dans les rivieres, & à élever de gros fardeaux dans les bâtimens par le moyen des poulies.

Il y a ordinairement quatre cables dans les vaisseaux, & le plus gros s’appelle maître-cable. Ce maître-cable est long de 120 brasses, & cela est cause que le mot de cable se prend aussi pour cette mesure : de sorte que quand on dit qu’on mouille à deux ou trois cables de terre ou d’un vaisseau, on veut dire qu’on en est à la distance de 240 ou 360 brasses. A l’égard de la fabrique des cables, voyez Cordage, Corde, & Corderie.

Les plus petits vaisseaux ont au moins trois cables ; il y a le cable ordinaire, le maître cable, & le cable d’affourché qu’on nomme aussi groslin, qui est le plus petit : la longueur la plus ordinaire de ces cables est de 110 & de 120 brasses.

On proportionne souvent la grosseur du cable de la moyenne ancre à la longueur du vaisseau, & on lui donne un pouce d’épais pour chaque dix piés de cette longueur. On se sert bien aussi de ces mêmes cables pour la maîtresse ancre. Lorsqu’on mouille dans un très-mauvais tems, on met jusqu’à deux cables à une même ancre, afin qu’ils ayent plus de force, & qu’en même tems l’ancre puisse joüer plus facilement.

Un vaisseau de 134 piés de long de l’étrave à l’étambord, doit être pourvû de quatre cables de treize pouces de circonférence, & de 100 brasses de long, & d’un autre de douze pouces.

Mais les vaisseaux de guerre sont pourvûs de cables de 120 brasses, afin qu’ils joüent plus aisément sur l’ancre : ces cables ont vingt à vingt-deux pouces de circonférence, & sont composés de trois hansie-