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raconte dans la vie de S. François de Sales, que ce saint encore fort jeune étant tombé dangereusement malade, vouloit léguer son corps par testament aux écoles de Medecine, parce qu’il étoit scandalisé de l’impiété des étudians qui déterroient les morts pour en faire la dissection. Il est pourtant nécessaire que les magistrats ferment jusqu’à un certain point les yeux sur cet abus, qui produit un bien considérable. Les cadavres sont les seuls livres où on puisse bien étudier l’Anatomie. Voyez Anatomie. (O)

* L’ouverture des cadavres ne seroit pas moins avantageuse aux progrès de la Medecine ; tel, dit M. de la Métrie, a pris une hydropisie enkistée dans la duplication du péritoine, pour une hydropisie ordinaire, qui eut toujours commis cette erreur, si la dissection ne l’eut éclairé : mais pour trouver les causes des maladies par l’ouverture des cadavres. il ne faudroit pas se contenter d’un examen superficiel, il faudroit fouiller les visceres, & remarquer attentivement les accidens produits dans chacun & dans toute l’œconomie animale ; car un corps mort differe plus encore au-dedans d’un corps vivant, qu’il n’en differe à l’extérieur. La conservation des hommes & les progrès de l’art de les guérir, sont des objets si importans, que dans une société bien policée, les prêtres ne devroient recevoir les cadavres que des mains de l’Anatomiste, & qu’il devroit y avoir une loi qui défendît l’inhumation d’un corps, avant son ouverture. Quelle foule de connoissances n’acquerroit-on pas par ce moyen ! Combien de phénomenes qu’on ne soupçonne pas, & qu’on ignorera toujours, parce qu’il n’y a que la dissection fréquente des cadavres qui puisse les faire appercevoir ! La conservation de la vie est un objet dont les particuliers s’occupent assez, mais qui me semble trop négligé par la société. Voyez les articles Funérailles, Bucher, Sépulcre, Tombeau, &c.

CADDOR, (Géog.) ville d’Asie, dans l’Inde, au royaume de Brampour, dépendante du grand Mogol.

Caddor, (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne en Turquie à une épée dont la lame est droite, que les spahis sont dans l’usage d’attacher à la selle de leurs chevaux, & dont ils se servent dans une bataille au défaut de leurs sabres.

* CADEAU, s. m. (Art d’écrire.) grand trait de plume, dont les maîtres d’Ecriture embellissent les marges, & le haut & le bas des pages, & qu’ils font exécuter à leurs éleves pour leur donner de la fermeté & de la hardiesse dans la main.

CADÉE, s. f. (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme celle des trois ligues qui composent la république des Grisons, qu’on appelle autrement la ligue de la maison de Dieu. C’est la plus étendue & la plus puissante des trois ; elle renferme l’évêché de Coire, la vallée Engadine, & celle de Bregaille ou Prigel ; elle est alliée aux sept premiers cantons Suisses depuis 1498 ; on y professe le Protestantisme ; l’Allemand est la langue de deux des onze grandes & vingt & une petites communautés dont la Cadée est composée ; les autres parlent le dialecte Italien appellé le Rhétique.

CADEGI, (Hist. nat. bot.) arbre qui croît aux Indes & en Arabie, & qui a beaucoup de ressemblance avec celui qui porte la casse, mais dont la feuille est cependant plus longue & plus mince. On donne aussi le même nom à un autre arbre des Indes, qui a beaucoup de conformité avec un prunier ; son écorce est d’un brun foncé ; ses feuilles sont un peu plus longues que celles du poirier ; la fleur qu’il produit est blanche & pourpre, d’une odeur fort agréable, & le fruit ressemble aux poires de bergamotte.

CADEL-AVANACU, (Hist. nat. bot.) espece de

ricin qui croit au Bresil, fleurit, & porte fruit en Janvier & en Juillet : c’est tout ce que Ray nous en apprend. Voyez dans le dictionnaire de Medecine ses propriétés qui sont en grand nombre, & qui feroient desirer une meilleure description du cadel-avanacu, si elles étoient bien réelles.

CADENAC, (Géog.) petite ville de France dans le Querci, sur la riviere de Lot.

* CADENAT, s. m. est une espece de petite serrure qui sert à fermer les malles, les coffres forts, les cassettes, &c. Il y en a de différentes figures & de méchanisme différent : mais on peut les renfermer tous sous trois classes, & dire que les uns sont à serrure, les autres à ressort, & les troisiemes à secret. Quant aux figures, il y en a de ronds, de longs, d’ovales, en écusson, en cylindre, en triangle, en balustre, en cœur, &c.

Les cadenats d’Allemagne ont toutes leurs pieces brasées.

Pour expliquer les cadenats, nous allons commencer par ceux en cœur, en triangle, & en boule. Ils ont une anse ON, fig. 3. & 4. Pl. II. de Serrurerie, arrêtée par une goupille entre les deux oreilles qui forment la tête du palatre. Cette anse, par un mouvement de charniere, va se rendre dans une ouverture pratiquée entre les deux oreilles opposées aux précédentes, où son extrémité, à laquelle on voit une encoche, rencontre un pêle IL, soutenu sur une coulisse K, qu’elle pousse, & qui est repoussé dans l’encoche par un ressort à chien M qui est fixé sur le palatre du cadenat : c’est ainsi que le cadenat se ferme de lui-même. Pour l’ouvrir, on a une clé dont le panneton vient s’appliquer en tournant de gauche à droite contre la queue L du pêle qui est coudé en équerre, repousse le ressort, & fait sortir le pêle I de l’encoche de l’anse du cadenat, & alors le cadenat est ouvert.

Ces cadenats sont, comme on voit, composés d’un palatre, d’une cloison, & d’une couverture, qui est le côté où entre la clé, pour le dehors ; & quant à la garniture du dedans, c’est un pêle à queue coudé en équerre, & soutenu sur une coulisse K, avec un ressort à chien par derriere, & une broche qui entre dans le canon de la clé.

Autre cadenat en demi-cœur & à anse quarrée. Celui-ci a les mêmes pieces au dehors, mais aucune garniture en dedans. Les deux extrémités de son anse FGH, FGH, sont garnies sur deux faces, savoir celles qui regardent le ventre du cadenat, & celles qui se regardent sous l’anse, chacune d’un ressort en aîle, FG, FG, soudés sur les extrémités F, F, de l’anse. On fait entrer ces extrémités de l’anse avec ces ressorts dans les ouvertures E, E, qui sont entre les oreilles de dessus la tête du palatre ; dans ce mouvement, les ressorts FG, FG, se pressent contre les faces des extrémités de l’anse, & se détendant ensuite dans l’intérieur du cadenat, au-delà du diametre des ouvertures, l’anse ne peut sortir d’elle-même & le cadenat se trouve fermé. Pour l’ouvrir, on a une clé forée KI, dont le panneton est entaillé à ses deux extrémités, suivant la forme des bouts de l’anse. En tournant cette clé de gauche à droite, les deux parties entaillées du panneton pressent les deux ressorts de devant, & la partie du panneton qui est restée entiere, & qui passe entre les deux autres ressorts qui se regardent entre les branches de l’anse, les presse en même tems ; d’où il arrive qu’ils sont tous quatre appliqués sur les faces de l’extrémité de l’anse qui perd son arrêt, & lui permet de sortir.

Cadenat cylindrique à ressort à boudin (fig. 7. même Planche). Ce cadenat a pour corps un cylindre creux ABI fermé par une de ces extrémités B, & garni à l’autre extrémité d’un guide immobile & brasé avec