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se couvrent, & des autres matieres qu’on y applique, soit pour le consolider, soit pour l’orner.

Carcasse. Voyez Parquet.

Carcasse de navire, (Marine.) c’est le corps du vaisseau qui n’est point bordé, & dont toutes les pieces du dedans paroissent au côté, comme tous les os d’une carcasse. (Z)

Carcasse : les Artificiers appellent ainsi une machine ou espece de bombe, ovale, rarement sphérique, composée de deux cercles de fer passés l’un sur l’autre en croix, en forme d’ovale, avec un culot de fer, le tout presque de la même figure que sont certaines lanternes d’écurie. On dispose en-dedans, selon la capacité de la carcasse, de petits bouts de canon à mousquet, chargés de balles de plomb ; de petites grenades chargées, du calibre de deux livres, & de la poudre grenée ; on couvre le tout d’étoupe bien goudronée, & d’une toile forte & neuve par-dessus, à laquelle on fait un trou pour placer la fusée qui répond au fond de l’ame de la carcasse. On la jette avec un mortier, pour mettre feu aux maisons & pour produire d’autres pareils effets.

On a donné à cette machine le nom de carcasse, parce que les cercles qui la composent représentent en quelque sorte les côtes d’un cadavre humain.

On prétend que les carcasses furent inventées vers l’an 1672, & que les François en firent usage dans la guerre qu’il y eut alors entre la France & la Hollande.

La carcasse pesoit environ 20 livres ; elle avoit 12 pouces de hauteur & 10 pouces de diametre par le milieu. L’usage en est pour ainsi dire aboli, parce qu’on a remarqué qu’elle ne faisoit guere plus d’effet que la bombe, & qu’elle étoit d’une plus grande dépense. Voyez Bombe. (Q)

Carcasse, en terme de Marchand de modes, sont des branches de fil de fer, couvertes d’un cordonnet, & soûtenues toutes par une traverse commune à laquelle elles aboutissent. Ces carcasses servent à monter les bonnets, à en tenir les papillons étendus, & à empêcher qu’ils ne se chiffonent.

CARCASSEN, (Géog.) ville d’Espagne, dans le royaume de Valence, dans la vallée de Xucar.

CARCASSEZ (le) Géog. petit pays de France, au bas Languedoc, dont Carcassone est la capitale.

CARCASSONE, (Géog.) ville de France, en Languedoc : il y a beaucoup de manufactures de draps ; elle est sur l’Aude. Longit. 20d. 0′. 49″. lat. 43d. 10′. 51″.

CARCHI, (Géog.) petite île très-fertile, dans la mer Méditerranée, près de celle de Rhodes.

CARCINOME, s. m. καρκίνωμα, terme de Medecine, synonyme à cancer. Ce mot vient de καρκίνος, cancer, écrevisse. Voyez Cancer.

CARCUNAH, (Géog.) ville d’Afrique, dans la province de Berbera en Barbarie Éthiopique.

CARDAILLAC ou CARDILLAC, (Géog.) petite ville de France, dans le Quercy.

CARDAIRE, s. f. (Hist. nat. Ichth.) raia spinosa, poisson de mer du genre des raies : il est herissé d’aiguillons à peu près comme des cardes avec lesquelles on carde la laine, c’est pourquoi on lui a donné le nom de cardaire. Il a des aiguillons non-seulement sur les nageoires, comme la raie appellée ronce, mais encore sur les côtés de la tête, devant les yeux, sur le dos, &c. Rondelet. Voyez Raie. (I)

CARDAMINE, sub. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont la fleur est composée de quatre feuilles disposées en croix. Le pistil sort du calice & devient dans la suite un fruit ou une silique composée de deux lames ou panneaux appliqués sur les bords d’une cloison, qui divise la silique en deux loges remplies de quelques semences arrondies pour l’ordinaire. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les lames

des siliques se recoquillent par une espece de ressort, se roulent en volute, & répandent les semences de part & d’autre avec assez de force. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

La cardamine offic. Germ. emac. 259. ressemble fort au cresson de fontaine, & en a à peu près les propriétés ; elle est échauffante, & bonne contre le scorbut ; elle se donne à la place du cresson de fontaine. On l’employe rarement dans les boutiques. Miller Bot. off. (N)

* CARDAMOME, s. m. (Hist. nat. bot.) cardamomum ; le meilleur vient de Comagene, d’Arménie, & du Bosphore ; il en croût aussi dans l’Inde & dans l’Arabie : il faut préférer celui qui est plein, bien ferme, & difficile à rompre ; celui qui manque de ces qualités est vieux. Le bon cardamome doit avoir l’odeur forte, & le goût acre & un peu amer.

On en distingue de quatre especes ; le cardamome proprement dit, dont nous venons de parler, le maximum, le majus, & le minus.

Le maximum, qu’on appelle aussi graine de paradis, a les grains quarrés, angulaires, d’un rouge brun, blancs en-dedans, d’une saveur chaude & mordicante, mais moins aromatique que le cardamome proprement dit : la cosse qui renferme les grains est à peu près sphérique ; elle vient de Guinée : l’arbre qui la porte est inconnu. Les grains de cardamomum maximum, ou grains de paradis, sont chauds, dessiccatifs, & ont à peu près les mêmes qualités que le poivre.

Le majus ou grand cardamome a la cosse longue, à peu près triangulaire, le grain cornu, rouge, brun, chaud, & aromatique ; il vient de l’île de Java. On n’en tire guere, parce qu’il n’est plus d’usage en Medecine.

Le minus, ou cardamome commun, a la cosse triangulaire, sur une tige courte, coriace, striée, & contenant des grains petits, angulaires, chauds, épicés. On l’apporte des Indes orientales : la plante qui le produit est inconnue.

On attribue à tous, mais sur-tout à ce dernier dont on fait beaucoup d’usage en Médecine, les propriétés d’échauffer, de fortifier, d’aider la digestion, d’être bienfaisant à l’estomac & aux visceres, de chasser les vents, de soulager dans les maux de nerfs & de tête, de provoquer les urines & les regles, & de dissiper la jaunisse.

CARDAN (Philosophie de). Jérome Cardan, Milanois, naquit le premier Octobre 1508 ; il fut professeur en Medecine dans presque toutes les Académies d’Italie. En 1570 il fut mis en prison ; & en étant sorti il alla à Rome, où le pape lui donna une pension. On remarqua une étrange inégalité dans ses mœurs, & sa vie a été remplie de différentes aventures qu’il a écrites lui-même avec une simplicité ou une liberté qui n’est guere en usage parmi les gens de lettres. En effet il paroît n’avoir composé l’histoire de sa vie, que pour instruire le public qu’on peut être fou & avoir beaucoup de génie. Il avoue également ses bonnes & ses mauvaises qualités. Il semble avoir tout sacrifié au desir d’être sincere ; & cette sincérité déplacée va toûjours à ternir sa réputation. Quoiqu’un auteur ne se trompe guere quand il parle de ses mœurs & de ses sentimens, on est cependant assez disposé à contredire Cardan, & à lui refuser toute créance, tant il semble difficile que la nature ait pû former un caractere aussi capricieux & aussi inégal que le sien. Il se félicitoit de n’avoir aucun ami sur la terre, mais en revanche d’avoir un esprit aérien mi-parti de Saturne & de Mercure, qui le conduisoit sans relâche, & l’avertissoit de tous ses devoirs. Il nous apprend encore qu’il étoit si inégal dans son marcher, qu’on le prenoit sans doute pour un fou. Quelquefois il marchoit fort lentement, & en