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ser les vices en vertus, quand on croit les reconnoître dans un être sur lequel on ne leve les yeux qu’avec vénération. Tel fut aussi l’effet des histoires scandaleuses que la théologie payenne attribuoit à ses dieux. Dans Térence, un jeune libertin s’excuse d’une action infâme par l’exemple de Jupiter. « Quoi, se dit-il à lui-même, un dieu n’a pas dédaigné de se changer en homme, & de se glisser le long des tuiles dans la chambre d’une jeune fille ? & quel dieu encore ? celui qui ébranle le ciel de son tonnerre ; & moi, mortel chétif, j’aurois des scrupules ? je craindrois d’en faire autant ? ego vero illud feci, & lubens ». Pétrone reproche au sénat qu’en tentant la justice des dieux par des présens, il sembloit annoncer au peuple qu’il n’y avoit rien qu’on ne pût faire pour ce métal précieux. Ipse senatus recti bonique præceptor, mille pondo auri capitolio promittere solet, & ne quis dubitet pecuniam concupiscere, Jovem peculio exorat.

Platon chassoit les poëtes de sa république ; sans doute parce que l’art de feindre dont ils faisoient profession, ne respectant ni les dieux, ni les hommes, ni la nature, il n’y avoit point d’auteurs plus propres à en imposer aux peuples sur les choses dont la connoissance ne pouvoit être fausse, sans que les mœurs n’en fussent altérées.

C’est le Christianisme qui a banni tous ces faux dieux, & tous ces mauvais exemples, pour en présenter un autre aux hommes, qui les rendra d’autant plus saints, qu’ils en seront de plus parfaits imitateurs.

* CHARILES, s. f. plur. (Mythologie.) fêtes instituées en l’honneur d’une jeune Delphienne qui se pendit de desespoir d’avoir été séduite par un roi de Delphes. Elle s’appelloit Charile, & les fêtes prirent le même nom ; le roi de Delphes y assistoit, & présidoit à toute la cérémonie, dont une des principales consistoit à enterrer la statue de Charile au même endroit où elle avoit été inhumée. Les Thyades, prêtresses de Bacchus, étoient chargées de cette derniere fonction.

CHARIOT, s. m. (Hist. mod.) est une sorte de voiture très-connue, & dont l’usage est ordinaire. Voy. Char, Tirage, Traîneau &c.

Il y a plusieurs sortes de chariots, suivant les usages différens auxquels on les destine.

Plus les roues d’un chariot sont grandes, & ont de circonférence, plus le mouvement en est doux ; & plus elles sont petites & pesantes, plus il est rude & donne des secousses. En effet, on peut regarder la roue d’un chariot comme une espece de levier, dont le point d’appui est sur le terrain. Le moyeu ou centre de la roue décrit à chaque instant un petit arc de cercle autour de ce point d’appui : or ce petit arc, toutes choses d’ailleurs égales, est d’autant plus courbe que le rayon en est plus petit ; donc le chemin du chariot sera d’autant plus courbe & plus inégal que le rayon de la roue sera plus petit. Il y a donc de l’avantage à donner aux roues un grand rayon, lorsqu’on veut que les chariots soient doux, & ne cahotent point ; mais d’un autre côté, plus un chariot est élevé, plus il est sujet à verser, parce que le centre de gravité a un espace moins courbe à décrire pour sortir de la base. Voyez Centre de gravité. De-là il résulte qu’il faut donner aux roues des chariots une grandeur moyenne, pour éviter, le plus qu’il possible, ces deux inconvéniens. C’est à l’expérience à déterminer cette grandeur.

M. Couplet nous a donné, dans les Mem. de l’Académie de 1733, des reflexions sur les charrois, les traîneaux, & le tirage des chevaux. V. ce mémoire, & Tirage. Voici, ce me semble, un principe assez simple pour déterminer en général l’effort de la puissance. On peut regarder la roue comme un le-

vier dont le point d’appui est l’extrémité inférieure

qui appuie sur le terrain. Le centre ou moyeu de ce levier peut se mouvoir horisontalement en décrivant à chaque instant autour du point d’appui un petit arc circulaire qu’on peut prendre pour une ligne droite. Le chariot participe à ce mouvement progressif, & il a de plus, ou du moins il peut avoir un mouvement de rotation autour de l’axe qui passe par le centre ou moyeu de la roue. La question se réduit donc à celle-ci : soit (fig. 3. Méchan. n° 4.) un levier ABC, fixe en A, & brisé en B, ensorte que la partie CB puisse tourner autour de C. Il est visible que AB représentera le rayon de la roue, B le moyeu, & BC le chariot : il s’agit de savoir quel mouvement la puissance P, agissant suivant PO, communiquera au corps ABC.

Soit AB = a, BC = b, BO = c, x le mouvement de rotation du point B autour de A, y le mouvement de rotation du point C autour de B : on aura pour la force totale ou quantité de mouvement du chariot BC, (abstraction faite de la quantité de mouvement de la roue, que nous négligeons ici) & cette quantité doit être = à P. De plus, la somme des momens de tous les points du chariot BC, par rapport au point A, doit être égale au moment de la puissance P, par rapport au même point. (Voy. Dynamique, Levier, Equilibre, Centre de gravité) Or, un point quelconque du chariot, dont la distance au point C seroit z, auroit pour quantité de mouvement  ; & pour moment , dont l’intégrale est  : faisant donc cette quantité égale au moment , on aura les deux équations :


par le moyen desquelles on trouvera facilement les inconnues x & y. (O)

* Chariot. (Hist. anc.) Les chariots sont d’un tems fort reculé ; les histoires les plus anciennes font mention de cette voiture ; les Romains en avoient un grand nombre de différentes sortes : le chariot à deux roues, appellé birotum ou birota : ceux sur lesquels on promenoit les images des dieux, chensa : le carpentum à l’usage des matrones & des impératrices ; il étoit à deux roues, & étoit tiré par des mules : la carruque, le pilentum, la rheda, le clavulare, le covinus, la benna, le ploxenum, la sirpea stercoraria, le plaustrum, l’essedum, &c. qu’on trouvera à leurs articles, quand on saura sur ces voitures quelque chose de plus que le nom.

La plûpart, telles que les essedes & les petorrita, étoient construites avec magnificence. Pline, parlant du point où le luxe avoit été porté de ce côté, dit : On blanchit le cuivre au feu ; on le fait devenir si brillant qu’on a peine à le distinguer de l’argent ; on l’émaille, & on en orne les chariots. Voyez Char.

Chariot, en Astronomie. Le grand chariot est une constellation qu’on appelle aussi la grande ourse. Voy. Grande ourse. (O)

Chariot, (petit) en Astronomie. Ce sont sept étoiles dans la constellation de la petite ourse. Voyez Petite ourse. (O)

Chariot, en bâtiment, est une espece de petite charrette, sans aridelles ou élevations aux côtés, montée sur de très-petites roues, avec un timon fort long dans lequel, de distance en distance, sont passés de petits bâtons en maniere d’échellons, pour attacher des bretelles, & tirer à plusieurs hommes les