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plus large par en-haut que par en bas, arrondie d’un côté, plate de l’autre ; c’est au côté plat que sont les brassieres qui servent à porter cette hotte.

Chargeoir, terme de Canonier. Voyez Charge, Art milit. & Charger.

* CHARGER, v. act. (Gramm.) c’est donner un poids à soûtenir ; & comme les termes poids, charge, &c. se prennent au simple & au figuré, il en est de même du verbe charger. Il a donc une infinité d’acceptions différentes dans les Sciences, les Arts, & les Métiers. En voici des exemples dans les articles suivans.

Charger, (Jurispr.) en matiere criminelle signifie accuser quelqu’un, ou déposer contre celui qui est déjà accusé. On dit, par exemple, en parlant de l’accusé, qu’il y a plusieurs témoins qui le chargent, c’est-à-dire qui déposent contre lui dans les informations : c’est de-là que les informations sont aussi appellées charges. Voyez Charges et Informations. (A)

Charger, (Marine.) se dit d’un vaisseau ; c’est le remplir d’autant de marchandises qu’il en peut porter. Si ces marchandises sont recueillies de différens marchands, on dit charger à cueillette sur l’Océan, & au quintal sur la Méditerranée ; & sur l’une & l’autre mer, au tonneau. Si les marchandises sont jettées en tas à fond de cale, on dit charger en grenier.

Charger à la côte, (Marine.) vaisseau chargé à la côte, vent qui charge à la côte, se dit d’un vaisseau que le vent ou le gros tems pousse vers la côte, de laquelle il ne peut pas s’éloigner, quoiqu’il fasse ses efforts pour s’élever, c’est-à-dire gagner la pleine mer. (Z)

Charger a encore d’autres acceptions dans le Commerce. Se charger de marchandises, c’est en prendre beaucoup dans les magasins ; charger ses livres, c’est y porter la recette & la dépense ; charger d’une affaire, d’un achat, d’une commission, &c. s’entendent assez.

Charger un canon ou une autre arme à feu, c’est y mettre la poudre, le boulet, ou la cartouche, &c. pour la tirer. Voyez Charge. (Q)

Charger, en termes d’Argenteur, c’est poser l’argent sur la piece, & l’y appuyer au linge avant de le brunit.

Charger, en termes de Blondier, c’est l’action de devider la soie apprêtée de dessus les bobines sur les fuseaux. Voyez Fuseau.

Charger la touraille, chez les Brasseurs, c’est porter le grain germé sur la touraille pour sécher. Voyez Brasserie.

Charger les broches, chez les Chandeliers, c’est arranger sur les baguettes à chandelle la quantité de meches nécessaires. Voyez l’article Chandelier.

* Charger, chez les Mégissiers, les Corroyeurs, &c. c’est appliquer quelque ingrédient aux cuirs, peaux, dans le cours de leur préparation ; & comme l’ouvrage est ordinairement d’autant meilleur qu’il a pris ou qu’on lui a donné une plus forte dose de l’ingrédient, on dit charger. Ainsi les Corroyeurs chargent de suif ou graisse. Voyez à Doreur, à Teinture, &c. les autres acceptions de ce terme, qu’on n’employe guere quand l’ingrédient dont on charge veut être ménagé pour la meilleure façon de l’ouvrage.

* Charger, a deux acceptions chez les Doreurs, soit en bois, soit sur métaux : c’est ou appliquer de l’or aux endroits d’une piece qui en exigent, & où il n’y en a point encore, ou fortifier celui qu’on y a déjà appliqué, mais qui y est trop foible. Voyez Dorer.

* Charger, v. act. c’est, dans les grosses forges, jetter à la fois dans le fourneau une certaine quantité de mine, de charbon, & de fondans. V. Forges.

Charger, (Jardinage.) se dit d’un arbre, lors-

qu’il rapporte beaucoup de fruit ; ce qui vient sans

doute de ce que cette production, quand elle est très-abondante, pese sur ses branches au point de les rompre. On dit encore qu’un arbre charge tous les ans, quand il donne du fruit toutes les années. (K)

* Charger la glace ; c’est, chez les Miroitiers, placer des poids sur la surface d’une glace nouvellement mise au teint, pour en faire écouler le vif-argent superflu, & occasionner par-tout un contact de parties, soit de la petite couche de vif-argent contre la glace, soit de la feuille mince d’étain contre cette couche, en conséquence duquel tout y demeure appliqué. Voyez l’article Glace.

* Charger, (Salpetr.) se dit, dans les atteliers de salpetre, de l’action de mettre dans les cuviers le salpetre, la cendre, & l’eau, comme il convient, pour la préparation du salpetre.

Charger, terme de Serrurier & de Taillandier. c’est, lorsque le fer est trop menu, appliquer dessus des mises d’autre fer, pour le rendre plus fort.

* Charger le moulin, (Soierie.) c’est disposer la soie sur les fuseaux de cette machine, pour y recevoir les différens apprêts qu’elle est propre à lui donner. Voyez Soie.

* Charger, en Teinture, se dit d’une cuve & d’une couleur ; d’une cuve, c’est y mettre de l’eau & les autres ingrédiens nécessaires à l’art ; d’une couleur, la trouver chargée, c’est l’accuser d’être trop brune, trop foncée, & de manquer d’éclat. Voyez Teinture.

CHARGEUR, s. m. (Commerce.) est celui à qui appartiennent les marchandises dont un vaisseau est chargé. (G)

* Chargeur, (Commerce de bois.) c’est l’officier de ville qui veille sur les chantiers, à ce que le bois soit mesuré, soit dans la membrure, soit à la chaîne, selon sa qualité, & qu’il y soit bien mesuré.

Chargeur, (Artillerie.) Voyez Charge.

* Chargeur, (Architecture, Œconom. rust. & art méchan.) c’est un ouvrier dont la fonction est de distribuer à d’autres des charges ou fardeaux.

* Chargeur ; c’est le nom qu’on donne dans les grosses forges aux ouvriers dont la fonction est d’entretenir le fourneau toûjours en fonte, en y jettant, dans des tems marqués, les quantités convenables de mine, de charbon, & de fondans. Voyez Grosses forges.

CHARGEURE, s. f. terme de Blason. On s’en sert pour exprimer des pieces qui sont placées sur d’autres. (V)

CHARIAGE, s. m. (Commerce.) a deux acceptions ; il se dit 1° de l’action de transporter des marchandises sur un chariot ; ce chariage est long : 2° du salaire du voiturier ; son chariage lui a valu 50 écus.

* CHARIDOTÈS, s. m. (Mythologie.) surnom sous lequel Mercure étoit adoré dans l’île de Samos. Voici une anecdote singuliere de son culte. Le jour de sa fête, tandis qu’on étoit occupé à lui faire des sacrifices, les Samiens voloient impunément tout ce qu’ils rencontroient ; & cela en mémoire de ce que leurs ancêtres, vaincus & dispersés par des ennemis, avoient été réduits à ne vivre pendant dix ans que de rapines & de brigandages ; ou plûtôt à l’exemple du dieu, qui passoit pour le patron des voleurs. Ce trait seul suffiroit, si l’antiquité ne nous en offroit pas une infinité d’autres, pour prouver combien il est essentiel que les hommes ayent des idées justes de la divinité. Si la superstition éleve sur des autels un Jupiter vindicatif, jaloux, sophiste, colere, aimant la supercherie, & encourageant les hommes au vol, au parjure, à la trahison, &c. je ne doute point qu’à l’aide des imposteurs & des poëtes, le peuple n’admire bientôt toutes ces imperfections, & n’y prenne du penchant ; car il est aisé de métamorpho-