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C’est le plus beau concert de l’Europe, & il peut fort aisément devenir le meilleur qu’il soit possible d’y former, parce que par son établissement il n’est point borné à de simples symphonies ou à des motets ; on y peut faire exécuter des cantates, des airs Italiens des excellens maîtres, des morceaux de chant neufs & détachés, &c. En 1727 on y donna avec succès la cantate du Retour des dieux sur la terre, dont les paroles sont de M. Tanevot, & la musique de M. Colin de Blamont ; & en 1729, la cantate qui a pour titre la Prise de Lerida & plusieurs arietes Italiennes y attirerent beaucoup de monde.

Lorsqu’il paroît à Paris quelque joüeur d’instrumens de réputation, ou quelque cantatrice ou chanteur étrangers, c’est-là qu’on est sûr de les bien entendre. Le nombre de bons instrumens dont ce concert est composé, les chœurs qui sont choisis parmi les meilleurs musiciens des églises de Paris, les actrices de l’opéra les plus goûtées du public, & les voix de la chapelle & de la chambre du Roi les plus brillantes qu’on a le soin d’y faire paroître, le rendent fort agréable aux amateurs de la Musique ; & lorsqu’on a l’art de varier les morceaux qu’on y exécute, le public y court en foule.

Ce n’est que là, au reste, & à la chapelle du Roi, qu’on peut joüir des beaux motets de M. Mondonville. Ce célebre compositeur dans ce genre de Musique est au concert spirituel, ce que M. Rameau est à l’opéra : il a saisi dans ses compositions sacrées la grande maniere que cet illustre artiste a portée dans ses ouvrages dramatiques ; mais il l’a saisie en homme original ; il a vû la lumiere dès qu’elle a paru ; & il a composé de façon qu’on juge sans peine qu’il étoit capable de se frayer de nouvelles routes dans son art, quand même M. Rameau ne les auroit pas ouvertes avant lui. Voyez Chant. (B)

CONCERTO, mot Italien francisé, en Musique, signifie une piece de symphonie faite pour être exécutée par tout un orchestre.

Il y a des concerto faits pour quelque instrument particulier qui joue seul de tems en tems avec un simple accompagnement, après quoi tout l’orchestre reprend, & la piece continue toûjours ainsi alternativement entre le même instrument & l’orchestre. C’est là ce qu’on appelle proprement concerto. Quant à ceux où tout se joue en chœur, & où nul instrument ne récite, les Italiens les appellent aussi symphonies. (S)

CONCERTANT, adj. parties concertantes, sont en Musique, selon l’abbé Brossard, celles qui ont quelque chose à réciter dans la piece, & ce mot sert à les distinguer des parties qui ne sont que de chœur.

Ce mot est vieilli en ce sens ; on dit aujourd’hui parties récitantes ; mais on se sert de celui de concertant en parlant du nombre de musiciens qui exécutent dans un concert, & l’on dit fort bien : Nous étions vingt-cinq concertans ; un concert de huit à dix concertans. (S)

CONCESSION, s. f. figure de Rhétorique par laquelle l’orateur, sûr de la bonté de sa cause, semble accorder quelque chose à son adversaire, mais pour en tirer soi-même avantage, ou pour prévenir les incidens inutiles par lesquels on pourroit l’arrêter. Par exemple : Je ne veux pas contester la réalité du contrat, mais je me récrie contre son injustice ; c’est contre elle que j’implore le secours des lois… Elle est belle, il est vrai, mais ne devroit-elle pas témoigner au ciel sa reconnoissance des faveurs qu’il lui a prodiguées, par un vertueux usage de sa beauté ?

Cette figure est très-fréquente dans les plaidoyers de Cicéron : nous n’en citerons que ce trait de la cinquieme verrine : Esto, eripe hæreditatem propinquis,

prædare in bonis alienis, everte leges, &c. num etiam amicum bonis exturbare oportuit ? &c. (G)

Concession, (Jurisp.) c’est ou ce qui est accordé par grace, comme sont les brevets & priviléges accordés par le prince ; ou une certaine étendue de terrein que le Roi accorde à quelqu’un dans les colonies Francoises, à la charge de le faire défricher ; ou un abenevis, c’est-à-dire la faculté de prendre une certaine quantité d’eau d’un étang, ou d’une riviere ou ruisseau, pour faire tourner un moulin ou autre artifice, ou pour arroser un pré ; ou la distribution que le bureau de la ville fait aux particuliers qui ont acheté de l’eau. Voyez Privilége. (A)

Concession, (Comm.) c’est ou toute l’étendue d’un pays où il est permis à une compagnie de s’établir ou de faire son négoce privativement à toute autre ; ou le terrein que ces compagnies donnent aux habitans pour le défricher, le cultiver, & le faire valoir, en leur rendant quelque redevance ou droit annuel. Dans le premier sens la concession doit être obtenue du prince, qui l’accorde par les édits, déclarations, chartes, lettres patentes, arrêts du conseil, &c. Dans le second sens, ce sont les directeurs qui donnent les concessions, par des contrats ou arrêtés de leurs compagnies dont ils chargent le registre de leurs délibérations. Voyez les dictionn. du Comm. de Trév. & Chambers. (G)

CONCESSIONNAIRE, sub. m. (Comm.) celui à qui appartient une concession. En France on les nomme autrement colons ou habitans. En Angleterre on leur donne le nom de planteurs. Voy. l’article Planteurs. (G)

C’est aussi le nom que l’on donne aux particuliers qui achetent de l’eau du prevôt des marchands & échevins de la ville de Paris ; ce droit d’avoir de l’eau s’appellant concession, comme on l’a dit.

CONCESSUM UT PETITUR, (Jurisp.) c’est la signature de cour de Rome, ou pour parier plus juste, la réponse que le préfet de la signature met entre la supplique & les clauses des provisions ; il met ces mots : Concessum ut petitur, in præsentia domini nostri papæ, &c. & signe : au lieu que les signatures qui doivent être données par le pape lui-même, telles que celles qui portent dispense, celles qui concernent les dignités d’une cathédrale ou collégiale, les prieurés conventuels, les canonicats d’une cathédrale, sont par lui apposées en ces termes : Fiat ut petitur. Le chap. si à sede de præbend. in 6°. & la regle de chancellerie Romaine de concurrentibus in datâ, qui en est tirée, veulent qu’en cas de concours de deux signatures de cour de Rome, l’une par concessum, l’autre par fiat, la derniere soit préférée. Mais cette distinction n’est point reconnue en France, où l’on ne suit ni le chap. si à sede, ni la regle de concurrentibus. Voyez la pratique de cour de Rome de Castel, tome I. sur la seconde partie de la signature, aux notes. (A)

* CONCETTI, s. m. (Gramm. & Rhétoriq.) Ce mot nous vient des Italiens, où il n’est pas pris en mauvaise part comme parmi nous. Nous nous en sommes servi pour désigner indistinctement toutes les pointes d’esprit recherchées que le bon goût proscrit.

CONCHES, (Géog. mod.) petite ville de France en Normandie, dans le pays d’Onche. Long. 18d. 26′. 6″. lat. 48d. 57′. 43″.

* CONCHITE, s. m. (Hist. nat.) espece de pétrification : c’est, selon M. Tournefort, une véritable pierre dont les germes liquides se sont insinués dans les creux de la coquille appellée conque, dont ils ont pris le relief. Voyez les mém. de l’acad. p. 241. ann. 1702. D’autres prétendent au contraire que cette pétrification n’est qu’une marne délayée qui est entrée dans la coquille vuide, où elle s’est ensuite dur-