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l’acide y est dissous ; la distillation, par laquelle on enleve à une teinture une partie de l’esprit-de-vin employé à la préparation de cette teinture ; la congelation, par laquelle on retire du vin ou du vinaigre une certaine quantité de leur eau ; l’affusion de l’acide vitriolique très-déflegmé dans un acide moins avide d’eau, par exemple le nitreux, auquel le premier l’enleve selon les lois d’affinité connues. Voyez Acide vitriolique au mot Vitriol. Voyez Vin, Vinaigre, Teinture, Acide nitreux au mot Nitre. (b)

CONCENTRIQUE, adj. terme de Géométrie & d’Astronomie. On donne ce nom à deux ou plusieurs cercles ou courbes qui ont le même centre. Voyez Centre.

Ce mot est principalement employé lorsqu’on parle des figures & des corps circulaires ou elliptiques, &c. mais on peut s’en servir aussi pour les polygones dont les côtés sont paralleles, & qui ont le même centre. Voyez Cercle, Polygone, &c.

Concentrique est opposé à excentrique. V. Excentrique. Harris & Chambers. (E)

CONCEPTION, s. f. (Logiq.) La conception ou la compréhension, est cette opération de l’entendement par laquelle il lie les idées des choses en les considérant sous certaines faces, en saisit les différentes branches, les rapports, & l’enchaînement.

Elle réunit les sensations & les perceptions qui nous sont fournies par l’exercice actuel des facultés intellectuelles. Mais souvent l’esprit, faute d’avoir ces sensations & ces perceptions bien disposées, faute d’attention & de réflexion, ne saisit pas les rapports des choses sous leur véritable point de vûe ; d’où il arrive qu’il ne les conçoit pas, ou les conçoit mal. Suivant la judicieuse remarque de M. l’abbé de Condillac, une condition essentielle pour bien concevoir, c’est de se représenter toûjours les choses sous les rapports qui leur sont propres. Quand les sujets qu’on présente à l’entendement lui sont familiers, il les conçoit avec promptitude, il en connoît les rapports : il les embrasse tous, pour ainsi dire, en même tems ; & quand il en parle, l’esprit les parcourt avec assez de rapidité pour devancer toûjours la parole, à-peu-près comme l’œil de quelqu’un qui lit haut devance la prononciation.

Il arrive encore que l’ame est quelquefois entraînée de conception en conception par la liaison des idées qui quadrent avec son intérêt présent : alors il se fait un enchaînement successif de proche en proche d’une étendue de compréhension à une autre, de-là encore à une autre, & toûjours par le secours de l’intérêt, qui lui fournit des connoissances selon lesquelles elle se détermine plus ou moins convenablement.

La progression de la conception est plus ou moins étendue, selon le degré de perfection du sensorium commune : plus il est parfait, plus l’ame peut recevoir de perceptions distinctes à la fois. L’étendue & le degré de perfection de la conception, regle l’étendue & la promptitude du bon sens ; elle fournit même souvent le fond & la forme des raisonnemens, sans le secours de la raison : mais quand elle est trop bornée, ou trop irréguliere, elle fait toûjours naître des décisions vicieuses.

Il résulte de ce détail, qu’il est très-important de tâcher de concevoir les choses sous les idées qui leur sont propres, de se rendre la conception familiere par l’attention, & de l’étendre par l’exercice : elle ne fait pas le génie, mais elle y contribue quand elle agit promptement ; & lorsqu’elle est active, elle donne l’industrie, mere de l’invention, si nécessaire dans les Arts, & si profitable à certains peuples. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Conception, (Med. Physcol.) voyez Génération & Grossesse.

Conception immaculée, (Théol.) Voyez Immaculée Conception.

Conception, (la) Géog. mod. ville de l’Amérique méridionale dans le Chili, avec un bon port, sur la mer du Sud. Long. 304d 27′ 30″; lat. mérid. 36d 42′.

Conception, (la) Géog. mod. ville de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, dans l’audience de Guatimala.

Conception, (Géog. mod.) ville de l’Amérique méridionale dans le Paraguai, à l’endroit où la riviere des Limaçons se jette dans celle de la Plata.

CONCERT, s. m. (Musique.) assemblée de voix & d’instrumens qui exécutent des morceaux de musique. On le dit aussi pour exprimer la musique même qu’on exécute. Les Indes galantes sont gravées en concert, c’est-à-dire qu’elles sont disposées dans la gravure pour former des concerts. (B)

On ne se sert guere du mot concert que pour une assemblée d’au moins quatre ou cinq musiciens, & pour une musique à plusieurs parties, tant vocales qu’instrumentales. Quant aux anciens, comme il paroît qu’ils ne connoissoient pas la musique à plusieurs parties, leurs concerts ne s’exécutoient probablement qu’à l’unisson ou à l’octave. (S)

On fait des concerts d’instrumens sans voix, dans lesquels on n’exécute que des symphonies. Dans quelques villes considérables de province, plusieurs particuliers se réunissent pour entretenir à leurs dépens des musiciens qui forment un concert. On dit le concert de Marseille, de Toulouse, de Bordeaux, &c. Celui de Lyon est établi en forme par lettres patentes, & a le titre d’académie royale de Musique. Il est administré par des directeurs élûs par les particuliers associés, & c’est un des meilleurs qu’il y ait en province. Par un des statuts de cet établissement, chaque concert doit finir par un motet à grand chœur. Il n’est guere de ville en Europe où on ait tant de goût pour les Arts, dont les habitans soient aussi bons citoyens, & où les grands principes des mœurs soient si bien conservés : l’opulence ne les a point détruits, parce qu’elle n’y fleurit que par le travail & l’industrie. Le Commerce seul fait la richesse de la ville de Lyon, & la bonne foi est le grand ressort de cette utile & honnête maniere d’acquérir.

Le 24 Août, veille de S. Louis, on éleve auprès de la grande porte des Tuileries, du côté du jardin, une espece d’amphithéatre : tous les symphonistes de l’opéra s’y rendent ; & à l’entrée de la nuit on forme un grand concert composé des plus belles symphonies des anciens maîtres François. C’est un hommage que l’académie royale de Musique rend au Roi. On ignore pourquoi l’ancienne musique, beaucoup moins brillante que la nouvelle, & par cette raison moins propre aujourd’hui à former un beau concert, est pourtant la seule qu’on exécute dans cette occasion : peut-être croit-on devoir la laisser joüir encore de cette prérogative, dans une circonstance où personne n’écoute. (B)

Concert spirituel, (Hist. mod.) spectacle public dans lequel on execute, pendant les tems que tous les autres spectacles sont fermés, des motets & des symphonies. Il est établi dans la salle des suisses des Tuileries. On y a fait construire des loges commodes & un grand orchestre ; & ce spectacle a été plus ou moins fréquenté, selon le plus ou moins d’intelligence des personnes qui en ont été chargées.

Anne Daveau, dit Philidor, ordinaire de la musique du Roi, en donna l’idée en 1725. C’est un spectacle tributaire de l’académie royale de Musique : elle l’a régi pendant quelque tems elle-même ; & il est actuellement affermé à M. Royer, maître à chanter des Enfans de France.