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été établie pour savoir si certains délinquans doivent joüir de cette immunité, c’est-à-dire si on les doit prendre dans l’église ou non, lorsqu’ils s’y sont retirés : outre plusieurs cardinaux qui y président, elle a encore un clerc de chambre, un auditeur de rote, & un référendaire. La quatrieme est celle du concile, pour expliquer les difficultés qui naissent sur celui de Trente, qui est le dernier concile général. La cinquieme est celle des coûtumes, cérémonies, préséances, canonisations ; on l’appelle la congrégation des rits. La sixieme est celle de la fabrique de S. Pierre : elle connoît des legs pour œuvres pies, dont une partie appartient à l’église de S. Pierre. La septieme est celle des eaux, cours des rivieres, ponts & chaussées. La huitieme, celle des fontaines & des rues, dont le chef est le cardinal Camerlingue. La neuvieme, celle de l’index, qui est chargée de la révision des livres ou imprimés, ou à imprimer. La dixieme est le conseil d’état, pour toutes les affaires qui concernent le domaine du pape & de l’Église, & se tient souvent devant sa sainteté : on l’appelle la consulte. L’onzieme est la congrégation de bono regimine (du bon gouvernement) : le cardinal neveu est le président de ces deux dernieres. La douxieme est celle de la monnoie, qui donne son avis sur les monnoies déjà battues ou à battre, & qui met le prix à toutes celles des princes étrangers. La treizieme, celle des évêques, où l’on examine les sujets qui doivent être promûs aux évêchés d’Italie ; elle se tient en présence du pape. La quatorzieme est celle des matieres consistoriales, dont le cardinal-doyen est le président. La quinzieme est celle de propagandâ fide (de la propagande), établie pour régler ce qui concerne les missions. Il y a encore la congrégation des aumones, qui a le soin de ce qui concerne la subsistance de Rome, & de tout l’état de l’Église. Ces congrégations changent quelquefois, selon la volonté des papes qui en établissent de nouvelles selon l’exigeance des cas ; comme dans les autres pays, les souverains créent des tribunaux ou commissions à tems, & pour certaines affaires. (G) (a)

Congrégration se dit aussi d’une compagnie ou société de religieux, qui fait partie d’un ordre entier, & forme plusieurs monasteres ou maisons religieuses sous une même regle & sous un même chef ; telle que la congrégation de France pour les chanoines réguliers de saint Augustin, les congrégations de Cluni, de S. Vannes, & de S. Maur, toutes trois de Bénédictins. Voyez les articles Bénédictins & Blancsmanteaux ; nous y avons parlé des services que l’ordre de S. Benoît a rendus & rend encore aux Lettres & à l’Église. Il ne sera peut-être pas inutile ici de donner la liste des ouvrages considérables que font ou qu’ont fait des Bénédictins actuellement vivans, dont la plûpart sont de la congrégation de saint Maur, & les autres de celle de S. Vannes. Voici les principaux : l’histoire littéraire de la France, la collection des historiens de France, le Gallia Christiana, la nouvelle diplomatique, l’art de vérifier les dates, l’histoire des Gaulois, l’histoire de Bretagne, celle de Languedoc, l’histoire des auteurs sacrés & ecclésiastiques, les ouvrages nombreux & savans de dom Calmet, l’ouvrage de dom Charles Walmesley sur le calcul intégral, les ouvrages de D. Prudent Maran, & plusieurs éditions des peres, &c. Nous n’indiquons ici qu’une partie de ces travaux ; mais nous saisissons avec plaisir l’occasion de rendre justice à cette savante congrégation, qui ne paroît point déchûe de son ancienne ardeur pour le travail, qui rend à la littérature de vrais services par ses ouvrages, & donne à l’Église & aux autres ordres religieux, un exemple bien digne d’être imité. (O)

Congrégation se dit encore d’une assemblée de personnes pieuses en forme de confrairie, com-

me en ont particulierement les Jésuites en l’honneur de la Vierge, &c. Voyez Confrairie.

Congrégation de Pénitence, voyez Pénitence.

Congrégation de la sainte Trinité, voy. Trinité.

Congrégation de l’Immaculée Conception, voyez Immaculée Conception.

Congrégation de Latran, voyez l’article Latran.

CONGRÈS, s. m. (Hist. mod.) se dit d’une assemblée de députés ou d’envoyés de différentes cours, réunis pour traiter de la paix, ou pour concerter ce qui peut être avantageux à leur bien commun.

Le congrès de la Haye qui se tint pendant le cours de la guerre, terminée en 1697 par le traité de Riswick, étoit composé des ambassadeurs de France, & des envoyés de tous les princes ligués contre la France. Nous avons eu depuis, les congrès de Cambrai & de Soissons, dans lesquels rien ne fut ni reglé ni décidé. Chambers. (G) (a)

Congrès, (Jurispr.) c’étoit une preuve juridique à laquelle on avoit recours autrefois, dans les causes de mariage, lorsqu’on en prétendoit la nullité pour fait d’impuissance.

Cette sorte de preuve, inconnue dans le droit civil aussi bien que dans le droit canonique, avoit été introduite dans les officialités vers le milieu du xvj. siecle.

On en attribue l’origine à l’effronterie d’un jeune homme, lequel étant accusé d’impuissance, offrit de faire preuve du contraire en présence de chirurgiens & de matrones. L’official trop facile ayant déféré à sa demande, cette preuve, toute contraire qu’elle étoit à la pureté de nos mœurs, devint en usage dans les officialités, & fut même autorisée par les arrêts.

Cette preuve scandaleuse se faisoit en présence de chirurgiens & de matrones, nommés par l’official.

On a depuis reconnu l’indécence d’une telle preuve, & le peu de certitude même que l’on en pouvoit tirer : c’est pourquoi l’usage en fut très-sagement défendu par un arrêt du parlement du 18 Février 1677, rapporté au journal du palais. (A)

CONGRIER, s. m. (Jurispr.) du Latin congrégare. Le droit de congrier est la faculté que quelqu’un a de faire une espece de garenne à poisson dans une riviere. Le congrier est une enceinte formée par de gros pieux enfoncés dans la riviere joints l’un près de l’autre, & sortans hors de l’eau. Ce terme est usité en Anjou, comme il paroît par un aveu du 23 Novembre 1598, où un vassal reconnoît devoir à son seigneur une certaine redevance, pour avoir droit de congrier en la riviere de Sartes, dont il est fait mention dans le glossaire de M. de Lauriere ; mais la note est de M. Galland. (A)

CONGRUE, (Jurisprud.) voyez Portion congrue.

CONGRUENCE, s. f. (Métaph.) égalité & similitude de deux choses. Par exemple, deux triangles semblables & égaux sont congruens. Supposez pareillement deux corps humains, où se trouvent les mêmes qualités & les mêmes dimensions, un tout correspondra exactement à l’autre, & chaque partie à la partie semblable. La congruence consiste donc dans l’identité des quantités & des qualités. Prenons les deux triangles congruens ; chaque ligne de la circonférence de l’un est égale à la pareille de l’autre, les quantités des angles sont les mêmes, & la grandeur d’une aire couvre exactement celle de l’autre. Voilà pour les quantités. Il en est de même pour les qualités, savoir de l’espece, de signes, de la propor-