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qui sont à la suite du procès-verbal de rédaction des coûtumes de cette province. (A)

Coupe, (Belles-lettres.) on donne ce nom à l’arrangement des diverses parties qui composent un poëme lyrique. C’est proprement le secret de l’art, & l’écueil ordinaire de presque tous les auteurs qui ont tenté de se montrer sur le théatre de l’opéra.

Un poëme lyrique paroît fort peu de chose à la premiere inspection : une tragédie de ce genre n’est composée que de 600 ou 700 vers ; un ballet n’en a pour l’ordinaire que 500. Dans le meilleur de ces sortes d’ouvrages on voit tant de choses qui semblent communes ; la passion est si peu poussée dans les premiers, les détails sont si courts dans les autres ; quelques madrigaux dans les divertissemens, un char qui porte une divinité, une baguette qui fait changer un desert en un palais magnifique, des danses amenées bien ou mal, des dénoüemens sans vraissemblance, une contexture en apparence seche, certains mots plus sonores que les autres, & qui reviennent toûjours ; voilà à quoi l’on croit que se bornent la charpente & l’ensemble d’un opéra. On s’embarque, plein de cette erreur, sur cette mer, qu’on juge aussi tranquille que celles qu’on voit peintes à ce théatre : on y vogue avec une réputation déjà commencée ou établie par d’autres ouvrages décidés d’un genre plus difficile : mais à peine a-t-on quitté la rive, que les vents grondent, la mer s’agite, le vaisseau se brise ou échoüe, & le pilote lui-même perd la tête & se noie. Voyez Couper.

Le poëte dans ces compositions ne tient que le second rang dans l’opinion commune. Lulli a joüi pendant la vie de Quinault, de toute la gloire des opéra qu’ils avoient faits en société. Il n’y a pas vingt ans qu’on s’est apperçu que ce poëte étoit un génie rare ; & malgré cette découverte tardive, on dit encore plus communément : Armide est le chef-d’œuvre de Lulli, que Armide est un des chefs-d’œuvre. de Quinault. Comment se persuader qu’un genre pour lequel en général on ne s’est pas accoûtumé encore à avoir de l’estime, est pourtant un genre difficile ? Boileau affectoit de dédaigner cette espece d’ouvrages ; la comparaison qu’il faisoit à la lecture d’une piece de Racine avec un opéra de Quinault, l’amitié qu’il avoit pour le premier, son antipathie contre le second, une sorte de séverité de mœurs dont il faisoit profession, tout cela nourrissoit dans son esprit des préventions qui sont passées dans ses écrits, & dont tous les jeunes gens héritent au sortir du collége.

Si l’on doit juger cependant du mérite d’un genre par sa difficulté, & par les succès peu fréquens des plus beaux génies qui l’ont tenté, il en est peu dans la poésie qui doive avoir la préférence sur le lyrique. Aussi la bonne coupe théatrale d’un poëme de cette espece suppose seule dans son auteur plusieurs talens, & un nombre infini de connoissances acquises, une étude profonde du goût du public, une adresse extrème à placer les contrastes, l’art moins commun encore d’amener les divertissemens, de les varier, de les mettre en action ; de la justesse dans le dessein, une grande fécondité d’idées, des notions sur la peinture, sur la méchanique, la danse, & la perspective, & sur-tout un pressentiment très-rare des divers effets, talent qu’on ne trouve jamais que dans les hommes d’une imagination vive & d’un sentiment exquis ; toutes ces choses sont nécessaires pour bien couper un opéra ; peut-être un jour s’en appercevra-t-on, & que cette découverte détruira enfin un préjugé injuste, qui a nui plus qu’on ne pense au progrès de l’art. Voyez Opéra. (B)

Coupe, (Sculpture.) morceau de sculpture en maniere de vase, moins haut que large, avec un pié qui sert à couronner quelque décoration.

Coupe, (Architec.) est l’inclinaison des joints des voussoirs d’un arc & des claveaux d’une plate-bande.

Coupe de batiment. Voyez Profil.

Coupe de fontaine. Voyez Fontaine.

Coupe de bois. (Jurisp.) Voyez Baliveaux, Bois, & Eaux-et-Forets, Taillis, Vente. (A)

Coupe, s. f. (Drap.) façon que l’on donne aux étoffes. Il y en a une d’endroit & une d’envers. Voy. Drap.

Coupe, (Gravure.) c’est, dans les principes de la Gravure en bois, la premiere & l’une des principales opérations où le coup de pointe est donné & enfoncé dans le bois avec la pointe à graver, en tirant la lame de gauche à droite appuyée devers soi sur le plan incliné du biseau du taillant de cet outil, afin de préparer le bois à l’endroit où cette coupe se fait, à pouvoir ensuite être enlevé par la recoupe à la deuxieme opération de la gravure. Voyez dans les Planches de la Gravure en bois la position de la main pour faire cette coupe. Voyez aussi Recoupe, Gravure en bois, &c. Voyez aussi, tant à l’article Gravûre, qu’aux mots Tailles, & Entretailles, les principes de cet art. Article de M. Papillon.

Coupe des Pierres, ou Stéréotomie, est une partie de l’Architecture qui enseigne à construire des voûtes, ensorte qu’elles soient le plus durables qu’il est possible. Voyez Stéréotomie.

Cette science est entierement fondée sur la Géométrie, la Statique, la Dynamique, &c. ou plûtôt est un composé de toutes ces différentes connoissances judicieusement ramenées à son objet.

L’idée qu’on a attachée au nom de coupe des pierres, n’est pas ce qui le présente d’abord à l’esprit ; ce mot ne signifie pas particulierement l’ouvrage de l’artisan qui taille la pierre, mais la science du mathématicien qui le conduit dans le dessein qu’il a de former une voûte ou un corps d’une certaine figure, par l’assemblage de plusieurs petites parties. Il faut en effet plus d’industrie qu’on ne pense, pour qu’elles soient faites de façon que quoique d’inégales figures & grandeurs, elles concourent chacune en particulier à former une surface réguliere, ou régulierement irréguliere, & qu’elles soient disposées de maniere qu’elles se soûtiennent en l’air en s’appuyant réciproquement les unes sur les autres, sans autre liaison que celle de leur propre pesanteur ; car les liaisons de mortier ou de ciment doivent toûjours être comptées pour rien. Voyez Voûte.

Ce n’est que dans ces derniers tems qu’on a écrit sur la coupe des pierres, du moins il ne nous reste point d’écrit des anciens sur cette matiere. Philibert de Lorme, aumônier & architecte d’Henri II. est, dit-on, le premier qui en ait écrit, dans le traité d’Architecture qu’il publia en 1567 ; cette date n’est pas fort ancienne. Mathurin Jousse produisit quelques traits, dans son livre intitulé secrets d’Architecture, qu’il publia en 1642. Le P. Deran, l’année suivante, mit cet art dans toute son étendue pour les ouvriers. Bosse, la même année, donna un systême tout différent qu’il tenoit de Desargues, lequel ne fut pas goûté. M. de la Rue, en 1718, a redonné une partie des traits du P. Deran, avec quelques nouveaux. Tous ces auteurs s’en sont tenus à une simple pratique dénuée de démonstrations.

Enfin M. Frezier chevalier de l’ordre militaire de S. Louis, & ingénieur ordinaire du Roi en chef à Landau, a publié dernierement un excellent ouvrage sur cette matiere avec des démonstrations, en trois volumes in-4°. Plus de la moitié de son livre, qui est très-méthodique, traite des solides ; ce qui manque dans les élémens de Géométrie ordinaires. (D)

Coupe des Cheveux, terme de Perruquier, qui signifie la dépouille d’une tête, ou tous les cheveux