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CUISSETTE, s. f. terme de Manufact. en laine, c’est la moitié d’une portée. Voyez Portée.

* CUISSON, s. m. a différentes acceptions dans les arts où l’on fait cuire. Il se dit & des différentes manieres de faire cuire la même substance (Voyez Cuisson Confis. dans les articles suivans), & du degré convenable auquel il faut faire cuire, soit la même substance, soit des substances différentes.

Cuisson, en terme de Confiserie ; c’est une sorte de préparation qu’on donne au sucre en le faisant passer sur le feu. La cuisson du sucre est le fondement principal de l’art de confire. Il y a diverses sortes de cuissons, comme cuisson du sucre à lissé, à perlé, à soufflé, à la plume, à cassé, & au caramel ; & quelques-unes de ces cuissons se distinguent encore & se soûdivisent en d’autres degrés moindres, comme le petit, le grand lisse ; le petit, le fort perlé ; la petite & la grande plume. Voyez ci-dessous Cuisson à lissé, Cuisson à perlé, &c. & les soûdivisions à leurs articles.

Cuisson au caramel ; c’est le sucre cuit au degré nécessaire pour se casser net sous la dent sans s’y attacher, comme le sucre cuit à cassé. Lorsqu’on manque cette cuisson en laissant brûler le sucre, il n’est plus bon à rien ; ce qui le rend encore différent des autres degrés de cuisson, qu’on peut toûjours réduire & rendre propres à tout ce qu’on veut en les décuisant dans de l’eau.

Cuisson à cassé. Les Confiseurs donnent ce nom au sucre qui se casse en faisant un petit bruit, lorsqu’on le détache du doigt qu’on a trempé dans ce sucre après l’avoir mouillé d’eau fraîche.

Cuisson du sucre à lissé ; c’est, en Confiserie, du sucre cuit seulement à un degré nécessaire pour former d’un doigt à l’autre un petit filet qui se rompt d’abord, & reste en goutte sur le doigt.

Cuisson à perlé. Les Confiseurs appellent ainsi le degré de cuisson qui est immédiatement après celui qu’ils nomment à lissé, c’est-à-dire le sucre qui forme un filet plus fort, & qui s’étend plus loin en ouvrant les doigts.

Cuisson à la plume ; c’est le degré d’après la cuisson à soufflé : il se connoît aux bouteilles ou étincelles qui s’élevent en haut en soufflant à-travers les trous de l’écumoire, lorsque ces bulles sont encore plus grosses & en plus grand nombre, ensorte qu’elles se tiennent plusieurs l’une à l’autre, & font comme une filasse volante. Cela s’appelle à la grande plume.

Cuisson à soufflé. Les Confiseurs appellent de ce nom du sucre cuit de façon qu’en soufflant à-travers les trous d’une écumoire qu’on y a trempée en allant & revenant d’un côté à l’autre, il forme comme des étincelles ou petites bouteilles qui avertissent de son degré de cuisson.

CUITE, s. m. terme de Boulanger, Pâtissier, & autres ouvriers qui se servent de four ou de fourneau ; c’est la quantité d’ouvrage qu’on a mise & retirée du four à chaque fois.

Cuite, s. f. (Pharmac.) opération dans laquelle on réduit par le moyen du feu différentes préparations à certains degrés de consistance déterminés dans l’art. C’est ainsi qu’on dit cuite d’un syrop, cuite de tablettes, cuite d’emplâtres, cuite de sel, cuite de salpetre, cuite de fayence, &c. Voyez Sirop, Tablettes, Emplatres, Sel, Salpetre. (b)

Cuite, en terme de Raffinerie de sucre ; c’est proprement la clairée ou le syrop cuit, & prêt à être mis dans les formes. On appelle encore cuite la quantité de sucre cuit qu’on tire de la chaudiere après la preuve prise. C’est en ce sens qu’on dit, la premiere, la seconde, &c. cuite. Voyez Cuire.

CUIVRE, s. m. (Hist. nat. Métallurg. & Minér.) cuprum, æs, venus, &c. C’est un métal imparfait,

d’un rouge éclatant, très-sonore, très-dur, ductile, & malléable. Il paroît composé d’une substance terreuse rouge, & de beaucoup de phlogistique ou de principe inflammable.

Le cuivre differe des autres métaux, non-seulement par sa couleur, mais encore par le son qu’il possede à plus haut degré que tous les autres. Son poids est à celui de l’or, comme 4 est à 9. Il est moins pesant que l’argent ; il n’y a que le fer qui soit plus dur & plus difficile à fondre que lui. Il rougit long-tems au feu avant que d’entrer en fusion ; il donne à la flamme une couleur qui tient du bleu & du verd : un feu violent & continué pendant long-tems, dissipe une portion de ce métal sous la forme de vapeurs ou de fumée, tandis qu’une autre partie est réduite en une chaux rougeâtre qui n’a plus sa forme métallique ; c’est ce qu’on appelle chaux de cuivre, ou æs ustum. Voyez cet article.

Si on frotte le cuivre avec les mains, il répand une odeur desagréable qui lui est particuliere ; & mis sur la langue, il y imprime une saveur stiptique, austere, & capable d’exciter des nausées : exposé à l’air, il se couvre d’une rouille verte. Tous les dissolvans, tels que l’eau, les huiles, les acides, les alkalis, les sels neutres, les résines, &c. agissent sur le cuivre, & il les colore en verd ; c’est à cette couleur verte qu’il est facile de reconnoître la présence du cuivre. Les alkalis volatils changent cette couleur ver e en bleu. Quand ce métal est en fusion, le contact de la moindre humidité ou d’une goutte d’eau lui fait faire une explosion très-considérable & très-dangereuse pour ceux qui voudroient en tenter l’expérience.

La nature ne nous présente que rarement & en petite quantité le cuivre sous sa véritable forme ; il faut pour cela qu’il soit tiré de sa mine, séparé d’une infinité de substances étrangeres qui contribuent à le masquer tant qu’il est dans le sein de la terre : cependant il se trouve quelquefois tout formé, comme nous le dirons plus bas, mais il n’est point si pur que celui qui a passé par les travaux de la Métallurgie.

Il y a des mines de cuivre dans toutes les parties du monde connu ; il s’en trouve en Europe, en Asie, & en Amérique : celles de l’île de Cypre étoient les plus riches que les anciens connussent. Aujourd’hui la Suede & l’Allemagne sont les pays qui fournissent le plus de cuivre. Il s’en trouve aussi en France que l’on travaille avec assez de succès. Le cuivre qui vient du Japon est fort estimé ; il est en petits lingots assez minces : son mérite consiste à être extrèmement pur ; mais il n’a d’ailleurs aucun avantage sur le cuivre de rosette d’Europe qui a été bien purifié.

Le cuivre est de tous les métaux celui dont les mines sont les plus variées, soit pour les couleurs, soit pour l’arrangement des parties : quelquefois on le trouve par filons, quelquefois par couches dilatées, d’autres fois par morceaux détachés répandus dans la terre : nous allons donner une description succincte des différentes especes de mines de cuivre qui sont connues. Il y a,

1°. Le cuivre natif. C’est du cuivre tout formé qui se trouve attaché à des pierres de différentes especes, & sur-tout à de l’ardoise, sans affecter de figure déterminée : on ne le trouve pas ordinairement par grosses masses ; mais il est ou par petites paillettes, ou par feuillets minces, ou par petits grains. Ce cuivre n’est pas tout-à-fait si pur que le cuivre de rosette.

2°. Le cuivre précipité. Il est très-pur ; il a été précipité, ou naturellement, ou par art, des eaux vitrioliques cuivreuses. Voyez l’article Eau cémentatoire.

3°. Le verd de montagne ou chrysocolle verte. Cette mine ressemble à du verd-de-gris ; c’est du cuivre qui a été mis en dissolution dans le sein de la terre, &