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nités des hommes s’appelloient les Génies, celles des femmes les Junons.

Ainsi se répandit la tradition parmi presque tous les peuples de la terre, que le monde étoit rempli de génies ; opinion, qui après avoir tant de fois changé de forme, a donné lieu à l’introduction des fées, aux antres des fées, & s’est enfin métamorphosée en cette cabale mystérieuse, qui a mis à la place des dieux, que les anciens nommoient Dusii & Pilosi, les Gnomes, les Sylphes, &c. Voyez Genie, &c.

Il n’est guere douteux que c’est du nombre de ces divinités, en particulier des Junons & des Génies, que sortoient les déesses-meres, puisqu’elles n’étoient que les génies des lieux où elles étoient honorées, soit dans les villes, soit dans les campagnes, comme le prouvent toutes les inscriptions qui nous en restent.

On leur rendoit sans doute le même culte qu’aux divinités champêtres ; les fleurs & les fruits étoient la matiere des sacrifices qu’on offroit en leur honneur ; le miel & le lait entroient aussi dans les offrandes qu’on leur faisoit.

Les Gaulois en particulier qui avoient un grand respect pour les femmes, érigeoient aux déesses-meres des chapelles nommées cancelli, & y portoient leurs offrandes avec de petites bougies ; ensuite après avoir prononcé quelques paroles mystérieuses sur du pain ou sur quelques herbes, ils les cachoient dans un chemin creux ou dans un arbre, croyant par-là garantir leurs troupeaux de la contagion & de la mort même. Ils joignoient à cette pratique plusieurs autres superstitions, dont on peut voir le détail dans les capitulaires de nos rois, & dans les anciens rituels qui les défendent. Seroit-ce de-là que vient la superstition singuliere pour certaines images dans les villes & dans les campagnes ? Seroit-ce encore de-là que vient parmi les villageois la persuasion des enchantemens & du sort sur leurs troupeaux, qui subsiste toûjours dans plusieurs pays ? C’est un spectacle bien frappant pour un homme qui pense, que celui de la chaîne perpétuelle & non interrompue des mêmes préjugés, des mêmes craintes, & des mêmes pratiques superstitieuses. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DEFAILLANCE, s. f. (Medecine.) se dit en Medecine de la diminution des forces vitales qui tendent à s’éteindre ; ainsi la défaillance précede la syncope qui est comme le plus haut degré de cette diminution. Voyez Syncope. (d)

Defaillance en latin deliquium, terme de Chimie. On entend par défaillance la dissolution ou la résolution en liqueur de certains sels par l’eau de l’atmosphere. Ainsi tout sel qui étant exposé sec à l’air libre, devient liquide, s’appelle sel défaillant, sel déliquescent, ou bien sel qui tombe en défaillance, en deliquium. Voyez Sel.

DEFAILLANT, part. pris subst. (Jurisprud.) est celui qui ne comparoît pas à l’audience ou à quelque acte extrajudiciaire, tel qu’un procès-verbal qui se fait en l’hôtel du juge ou devant notaire, quoiqu’il eût été sommé de se trouver. (A)

Défaillant signifie aussi quelquefois manquant. C’est en ce sens que l’on dit une ligne défaillante, pour dire une ligne éteinte. Les héritiers de la ligne maternelle succedent aux propres paternels, lorsque la ligne paternelle est défaillante. (A)

DEFAIRE, v. act. est applicable à tout ouvrage ; l’action par laquelle on le produit, s’appelle faire ; celle par laquelle on le détruit, s’appelle défaire.

DEFAIT, VAINCU, BATTU, (Art militaire & Gramm. Syn.) Ces termes s’appliquent en général à une armée qui a eu du dessous dans une action. Voici les nuances qui les distinguent. Une armée est vaincue, quand elle perd le champ de bataille. Elle est

battue, quand elle le perd avec un échec considérable, c’est-à-dire en laissant beaucoup de morts & de prisonniers. Elle est défaite, lorsque cet échec va au point que l’armée est dissipée ou tellement affoiblie, qu’elle ne puisse plus tenir la campagne. On a dit de plusieurs généraux qu’ils avoient été vaincus, sans avoir été défaits, parce que le lendemain de la perte d’une bataille ils étoient en état d’en donner une nouvelle. On peut aussi observer que les mots vaincu & défait ne s’appliquent qu’à des armées ou à de grands corps ; ainsi on ne dit point d’un détachement qu’il a été défait ou vaincu, mais qu’il a été battu. (O)

Defait ou Decapité, terme dont les auteurs françois qui ont écrit sur le Blason, se servent pour désigner un animal dont la tête est coupée net, & pour le distinguer de celui dont la tête est comme arrachée, & comme frangée à l’endroit de la coupure. (V)

DEFAITE, DEROUTE, subst. f. (Art milit. & Gramm. Syn.) Ces mots désignent la perte d’une bataille faite par une armée ; avec cette différence que déroute ajoûte à défaite, & désigne une armée qui fuit en desordre, & qui est totalement dissipée. (O)

Defaite, (Comm.) est synonyme à débit, & se prend en bonne ou mauvaise part, selon l’épithete qu’on y ajoûte. Cette étoffe, ces blés, sont de bonne défaite ; ces laines sont de mauvaise défaite, pour dire que les uns se vendent bien, & les autres mal. Dictionn. au Comm. (G)

DEFAIX, s. m. (Jurisprud.) sont des lieux en défenses, tels que la garenne & l’étang du seigneur, Voyez Touraille sur l’article 171 de la coutume d’Anjou. (A)

DEFALQUATION, s. f. (Commerce.) déduction, soustraction qu’on fait d’une petite somme sur une plus grande. (G)

DEFALQUER, v. act. (Commerce.) soustraire, retrancher, diminuer, déduire une petite somme d’une plus considérable. On se sert pour cette opération de la soustraction, qui est la seconde des quatre premieres regles d’Arithmétique. Voyez Soustraction. Dictionn. du Comm. (G)

DEFAUT, VICE, IMPERFECTION, (Gramm. Synonym.) Ces trois mots désignent en général une qualité repréhensible, avec cette différence que vice marque une mauvaise qualité morale qui procede de la dépravation ou de la bassesse du cœur ; que défaut marque une mauvaise qualité de l’esprit, ou une mauvaise qualité purement extérieure, & qu’imperfection est le diminutif de défaut. Exemple. La négligence dans le maintien est une imperfection ; la difformité & la timidité sont des défauts ; la cruauté & la lâcheté sont des vices.

Ces mots different aussi par les différens mots auxquels on les joint, sur-tout dans le sens physique ou figuré. Exemple. Souvent une guérison reste dans un état d’imperfection, lorsqu’on n’a pas corrigé le vice des humeurs ou le défaut de fluidité du sang. Le commerce d’un état s’affoiblit par l’imperfection des manufactures, par le défaut d’industrie, & par le vice de la constitution. (O)

Defaut de lait. Voyez Lait.

Defaut de transpiration. Voyez Transpiration.

Defaut de la voix. Voyez Voix.

Defaut, (Jurisprud.) appellé chez les Romains contumacia rei absentis ou eremodicium, signifie en termes de Pratique l’omission de quelque chose. On entend aussi par-là le jugement qui en donne acte. Donner défaut, c’est donner acte du défaut ; prendre défaut, c’est obtenir un jugement qui donne défaut. Le jugement par défaut est celui qui est rendu en l’absence d’une des parties : il y a des défauts que