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DIAPHANÉITÉ, s. f. (Physique) c’est la qualité d’un corps transparent, ou ce qui le fait nommer tel. Voyez Transparence.

Les Cartésiens pensent que la diaphanéité d’un corps consiste dans la rectitude de ses pores ; c’est-à-dire, dans leur situation en ligne droite.

M. Newton explique la diaphanéité par un autre principe, savoir par l’homogénéïté & la similarité qui régne entre le milieu qui remplit les pores, & la matiere du corps : alors, selon lui, les réfractions, que les rayons éprouvent en traversant les pores, c’est-à-dire, en passant d’un milieu dans un autre qui en differe peu, étant petites, la marche du rayon n’est pas tellement interrompue, qu’il ne puisse continuer son chemin à-travers le corps. Voyez Opacité, Réfraction, &c. (O)

DIAPHŒNIX, s. m. (Pharm. & Mat. med.) on appelle ainsi un certain électuaire, dont les dattes sont la base. Voyez Datte.

Diaphanix signifie fait de dattes, que les Grecs appellent φονοὶ, & le palmier qui porte les dattes, φοῖνιξ.

La description que nous donnons ici, est celle de Fernel, qui, à peu de chose près, a suivi celle de Mesué.

Electuaire diaphœnix. Faites cuire dans de l’hydromel une suffisante quantité de dattes mondées, & les ayant pilées, passez-les à-travers un tamis de crin pour en avoir la pulpe, que vous ferez un peu dessécher, si elle étoit trop molle : de cette pulpe, une demi-livre ; des penides récens, une demi-livre ; des amandes-douces mondées, trois onces & demie : pilez le tout ensemble exactement, pour bien incorporer les amandes, ensorte qu’elles ne s’apperçoivent point : ajoûtez-y miel écumé, deux livres ; & ayant mis tout ensemble sur le feu, dans une bassine, on le fera cuire en consistance requise ; après quoi, l’ayant retiré du feu, & laissé un peu refroidir, on y mêlera la poudre suivante : gingembre, poivre, macis, canelle, feuilles de rue séchées, semence de daucus de Crete, de fenoüil, de chaque deux gros ; turbith, quatre onces ; diacrede, une once & demie : faites du tout une poudre subtile qui sera incorporée comme il a été dit ci-dessus, & l’électuaire sera fait.

Le diaphœnix est un puissant purgatif, au poids d’une once. Lémery remarque, avec juste raison, que les amandes devroient être bannies de cet électuaire, & que le sucre commun pouvoit être substitué aux pénides. On le donne sur-tout dans le cas où il faut fortement émouvoir, comme dans l’apoplexie, la léthargie, la paralysie, l’hydropisie, &c. (b)

DIAPHORÉTIQUE, (Thérapeut.) sudorifique doux. Voyez Sudorifique & Diaphorese.

Diaphorétique jovial. Voyez Étain.

Diaphorétique minéral, ou Antimoine diaphorétique. Voyez Antimoine.

DIAPHRAGMATIQUE, adj. (Anat.) se dit des arteres, des veines, & des nerfs distribués dans toute la substance du diaphragme. On les appelle aussi phréniques. Voyez Diaphragme, &c. (L)

Diaphragmatique, nerf, (Anat.) le nerf diaphragmatique est formé de chaque côté par des branches de la seconde, de la troisieme, & de la quatrieme paire cervicale : dans quelques sujets il n’en reçoit que des deux dernieres. Il descend à côté de la carotide, & devant la portion antérieure du muscle scalene, pour entrer dans la poitrine, en montant sous la soûclaviere, & reçoit dans ce trajet quelques filets de l’intercostal. Ce nerf marche ensuite tout le long du péricarde, recouvert de la plevre jusqu’au diaphragme, où il se perd.

Il faut observer qu’il grossit en approchant du diaphragme : que celui du côté droit marche tout

le long de la veine cave ; & que le gauche accompagne la veine diaphragmatique, qu’on ne rencontre que de ce côté : il n’est pas inutile de remarquer encore les communications du nerf diaphragmatique avec le nerf intercostal, ou grand sympathique, & avec les plexus voisins du bas-ventre ; enfin, il faut se souvenir qu’il regne ici comme ailleurs des jeux de la nature. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DIAPHRAGME, s. m. (Anat.) il a la figure d’un cœur irrégulier ; il est aponévrotique dans son milieu ; du contour de ce cœur tendineux partent des fibres musculeuses qui vont se terminer aux côtes, avec les particularités suivantes : le paquet qui part de la pointe va s’attacher au cartilage xiphoïde ; les paquets qui sont à côté de celui-là, ne se touchent pas ; ils laissent entr’eux & ce paquet un intervalle vuide de fibres musculeuses ; les fibres suivantes, c’est-à-dire tous les rayons musculeux, vont s’attacher aux côtes ; pour l’échancrure qui est à la base du cœur, plusieurs des bandes rayonnées qui en partent, se réunissent de chaque côté en une, & se terminent par une queue tendineuse ; on nomme ces deux bandes les piliers du diaphragme ; mais étant arrivés à trois doigts de leur origine, le pilier droit envoye un faisceau de fibres qui vont se réunir au pilier gauche, & de même le pilier gauche donne des fibres au pilier droit : ces deux piliers se croisent ainsi alternativement plusieurs fois, & après ces divers croisemens, ils continuent leur route sur les vertebres en forme de cône, & vont se réunir à des tendons qui sont d’une longueur inégale, & qui s’implantent sur les vertebres.

Le diaphragme ressemble à une voûte coupée obliquement ; les parties latérales de cette voûte sont concaves ; elles se colent toûjours aux ailes des poûmons qu’elles suivent dans tous leurs mouvemens ; leur concavité n’est point formée par les visceres de l’abdomen : comme il n’y a point d’air entre le poumon & le diaphragme, ils sont unis étroitement, & l’un est obligé de suivre l’autre dans tous ses mouvemens. Si on en doute, on n’a qu’à percer le diaphragme, l’air qui entrera par cette ouverture affaissera d’abord cette cloison voûtée.

Les piliers ne paroissent pas aussi concaves que les poches latérales ; ils s’attachent en-haut au médiastin, de même qu’une portion assez large du centre nerveux : il n’est donc pas possible que la partie moyenne du diaphragme descende dans l’inspiration.

La partie supérieure des piliers se voûte, & ils reçoivent l’œsophage dans l’espace qu’ils laissent entr’eux depuis leur origine jusqu’au croisement des fibres. Si de chaque côté les fibres des piliers descendoient en ligne droite, leur action n’eût rien produit sur l’œsophage, elles n’auroient pû le presser en se raccourcissant : deux lignes droites tirées par les extrémités ne pressent point ce qui est à leurs côtés : de plus, le haut des piliers est immobile ; il ne peut donc être tiré en-bas : par conséquent, si les fibres des piliers descendoient en ligne droite, ils n’auroient point d’action sur l’œsophage ; mais les fibres des piliers se croisent à leur naissance, ensuite elles se croisent par une direction contraire au-dessous de l’œsophage : ce tuyau est donc entre les fibres qui l’étranglent, pour ainsi dire : le croisement des fibres donne donc à l’œsophage une espece de sphincter.

Il falloit que la partie moyenne du diaphragme fût fixe ; la position du cœur demandoit un soûtien qui ne fût pas exposé à des secousses continuelles ; aussi ces attaches au médiastin affermissent-elles le centre nerveux : il n’y a donc que les parties latérales postérieures qui soient en mouvement ; ce sont