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stres qui les intimident, ou des chimeres qui les séduisent.

Evitons ces excès, dit M. Adisson, réglons nos espérances, pesons les objets où elles se portent, pour savoir s’ils sont d’une nature qui puisse raisonnablement nous procurer le fruit que nous attendons de leur joüissance, & s’ils sont tels que nous ayons lieu de nous flater de les obtenir dans le cours de notre vie. Voilà, ce me semble, le discours d’un philosophe auquel nous pouvons donner quelque créance.

C’est un sage qui nous conduit,
C’est un ami qui nous conseille.


Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Espérance, (Théologie.) vertu théologale & infuse, par laquelle on attend de Dieu avec confiance le don de sa grace en cette vie & la béatitude en l’autre.

On peut avoir la foi sans l’espérance, mais on ne peut point avoir l’espérance sans la foi ; car comment espérer ce qu’on ne croiroit pas ? d’ailleurs l’apôtre nous apprend que la foi est la base & le fondement de l’espérance, est autem fides sperandarum substantia rerum. Hébr. cap. xj. mais on peut avoir l’espérance, sans avoir la charité. De-là vient que les Théologiens distinguent deux sortes d’espérance, l’une informe qui se rencontre dans les pécheurs, & l’autre formée ou perfectionnée par la charité dans les justes.

L’effet de l’espérance n’est pas de produire en nous une certitude absolue de notre sanctification, de notre persévérance dans le bien, & de notre glorification dans le ciel, comme le soûtiennent les Calvinistes rigides après la décision du synode de Dordrecht, mais d’établir dans les cœurs une simple confiance fondée sur la bonté de Dieu & les mérites de Jesus-Christ, que Dieu nous accordera la grace pour triompher des tentations & pratiquer le bien, afin de mériter la gloire, parce que l’homme doit toûjours travailler avec crainte & tremblement à l’ouvrage de son salut, & qu’il ne peut savoir en cette vie s’il est digne d’amour ou de haine. Voyez Prédestination.

Les vices opposés à l’espérance chrétienne sont le desespoir & la présomption. Le desespoir est une disposition de l’esprit qui porte à croire que les péchés qu’on a commis sont trop grands, pour pouvoir en obtenir le pardon, & que Dieu est un juge inflexible qui ne les peut remettre. La présomption consiste à être tellement persuadé de sa justice & de son bonheur éternel, qu’on ne craigne plus de les perdre, ou à compter tellement sur les forces de la nature, qu’on s’imagine qu’elles suffisent pour opérer le bien dans l’ordre du salut. Telle étoit l’erreur des Pélagiens. Voyez Pélagiens.

Les Philosophes opposent la crainte à l’espérance, & disent qu’elles s’excluent mutuellement d’un même sujet ; mais les Théologiens pensent que toute espece de crainte ne bannit pas du cœur l’espérance chrétienne. La crainte filiale qui porte à s’abstenir du péché, non-seulement dans la vûe d’éviter la damnation, mais encore par l’amour de la justice qui le défend, non-seulement n’est point incompatible avec l’espérance, mais même elle la suppose. La crainte simplement servile ne l’exclut pas non plus ; mais la crainte servilement servile ne laisse qu’une espérance bien foible dans le cœur de celui qu’elle anime. Voy. Crainte. (G)

* Espérance, (Mythol.) c’étoit une des divinités du Paganisme ; elle avoit deux temples à Rome, l’un dans la septieme région, l’autre dans le marché aux herbes. On la voit dans les antiques couronnée de fleurs, tenant en main des épis & des pavots, appuyée sur une colonne, & placée devant une ru-

che. Les poëtes en ont fait une des sœurs du sommeil

qui suspend nos peines, & de la mort qui les finit.

Espérance, (cap-de-bonne) Géogr. Voyez Cap, &c. & ajoûtez-y que, selon M. Cassini, la longitude du Cap est est 37d 36′ 0″, 17d 44′ 30″à l’orient de Paris, sa latitude 34d 15′ 0″mérid. Selon M. de la Caille, la latitude est 34d 24′, & la longitude à l’orient de Paris, 16d 10′.

ESPERNAI, (Géog. mod.) ville de Champagne en France, sur la Marne. Longit. 21. 46. lat. 49. 2.

ESPERNON, (Géog. mod.) ville de Beauce en France ; elle est située sur la Guesle. Long. 18. 20. lat. 48. 35.

ESPIER, voyez Epier.

ESPINAL, (Géog. mod.) ville de Lorraine ; elle est située proche les montagnes de Vosge, sur la Moselle. Long. 24. 14. lat. 48. 22.

ESPINGARD, subst. m. (Art milit.) petite piece d’Artillerie qui, comme l’émerillon, ne passe pas une livre de balle. Voyez Emerillon. (Q)

ESPINOSA, (Géog. mod.) il y a en Espagne deux villes de ce nom, l’une dans la Biscaye, l’autre dans la vieille Castille : celle-ci a de long. 13. 46. & de lat. 43. 2.

ESPION, s. m. (Art milit.) est une personne que l’on paye pour examiner les actions, les mouvemens, &c. d’une autre, & sur-tout pour découvrir ce qui se passe dans les armées.

Quand on trouve un espion dans un camp, on le pend aussi-tôt. Wicquefort dit qu’un ambassadeur est quelquefois un espion distingué qui est sous la protection du droit des gens. Voyez Ambassadeur. Chambers.

Une chose essentielle à un général, & même à tous ceux qui sont chargés de quelque expédition que ce soit, c’est d’avoir un nombre de bons espions & le bons guides ; car sans cela il tombera tous les jours dans de grands inconvéniens. Il ne doit jamais regretter la dépense qu’il fait pour l’entretien des espions ; & quand il n’a pas de quoi y satisfaire, il faut sacrifier celle de sa cuisine & de sa maison plûtôt que de manquer à cet article. C’est-là qu’il faut répandre l’argent à pleines mains. Il est rare en suivant cette maxime qu’on soit surpris, au contraire on trouve souvent l’occasion de surprendre l’ennemi. (Q)

ESPLANADE, (de Parapet) s. f. en Fortification, s’appelle aussi glacis, partie qui sert à la contrescarpe ou chemin couvert ; c’est un talud, ou pente de terrein qui commence au haut de la contrescarpe, & qui en baissant insensiblement, devient au niveau de la campagne. Voyez Glacis.

Esplanade signifie aussi le terrein plat & de niveau qui est entre le glacis de la contrescarpe & les premieres maisons, ou bien l’espace qui est entre les ouvrages & les maisons de la place. C’est encore le terrein ou l’espace renfermé dans la ville entre les maisons & la citadelle. Voyez Citadelle. Voyez aussi Pl. IX. de Fortific. fig. 6.

On applique aussi ce terme généralement à tout terrein applani & de niveau, qui auparavant avoit quelqu’éminence qui incommodoit la place. (Q)

Esplanade, (Jardinage.) est un lieu élevé & découvert pour joüir de la belle vûe. Ces esplanades se trouvent ordinairement dans la rencontre de deux terrasses formant un carrefour, dans le plein-pié d’un belvedere & dans de grands parteres élevés sur des terrasses. (K)

Esplanade, (Fauconnerie.) c’est la route que tient l’oiseau lorsqu’il plane en l’air.

* ESPOLIN ou ESPOULIN, s. m. terme d’Ourdissage. C’est une petite navette qui contient la dorure