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Esprit ardent, (Chimie.) Voyez Esprit-de-Vin, sous le mot Vin.

Esprit recteur, (Chimie.) Voyez Eaux distillées.

Esprit-de-Vin, (Chimie.) Voyez au mot Vin.

Esprit volatil, (Chimie.) Toutes les substances auxquelles les Chimistes ont donné le nom d’esprit, sont volatiles (voyez Esprit) ; il a plû cependant à quelques-uns de prendre la dénomination qui fait le sujet de cet article, dans un sens particulier ; de l’attribuer aux alkalis volatils sous forme fluide ; & de les distinguer par ce titre, des alkalis volatils, concrets, qu’ils ont appellés tout aussi arbitrairement, sels volatils. Voy. Sel alkali volatil. (b)

Esprit-de-Vinaigre, spiritus aceti. Voyez Vinaigre distillé, au mot Vinaigre.

Esprits sauvages, (Chimie.) spiritus sylvestres de Vanhelmont. Voyez Gas, Fermentation, & Vin.

Esprit volatil aromatique huileux, (Pharmac. & Mat. med.) On a donné ce nom à une préparation officinale, qui n’est proprement qu’un mêlange d’esprit volatil de sel ammoniac, & d’un esprit aromatique composé. Voici cette préparation, telle qu’elle est décrite dans la nouvelle pharmacopée de Paris.

Prenez six dragmes de zestes récens d’oranges, autant de ceux de citron ; deux dragmes de vanille, deux dragmes de macis, une demi-dragme de gérofle, une dragme de canelle, quatre onces de sel ammoniac : coupez en petits morceaux les zestes & la vanille : concassez le macis, le gérofle & la canelle : pulvérisez le sel ammoniac, & mettez le tout dans une cornue de verre, versant par-dessus quatre onces d’eau simple de canelle, & quatre onces d’esprit-de-vin rectifié : fermez le vaisseau, & laissez digérer pendant quelques jours, ayant soin de remuer de tems en tems.

Ajoûtez, après deux ou trois jours de digestion, quatre onces de sel de tartre ; & sur le champ ajoûtez au bec de la cornue un récipient convenable, que vous luterez selon les regles de l’art : faites la distillation au bain de sable. Vous garderez la liqueur qui passera, dans une bouteille bien bouchée.

L’esprit volatil aromatique huileux, est un cordial très-vif, un sudorifique très-efficace, un bon emménagogue, un hystérique assez utile. On le fait entrer ordinairement à la dose de trente ou de quarante gouttes, dans des potions de quatre à cinq onces, destinées à être prises par cuillerées. (b)

Esprits animaux. Voyez Nerfs, Fluide nerveux, &c.

ESQUAIN, QUEIN, QLIN, (Marine.) Ce sont les planches qui bordent les deux côtés de l’acastillage de l’arriere, au-dessus de la lisse de vibord ; elles sont beaucoup moins épaisses que les autres bordages, & vont en diminuant vers le haut.

L’esquain, ou le bordage de l’acastillage, est tout ce qui se pose du côté de l’arriere, au-dessus de la lisse de vibord. La premiere planche qu’on met au-dessus de cette lisse, doit être de chêne, & épaisse, à cause du calfatage : il faut qu’elle ait au moins la moitié de l’épaisseur des planches du franc-bordage. On y fait une rablure sur le côté qui est par le haut, pour y faire entrer la premiere planche du véritable esquain. Dans les grands vaisseaux, les planches de l’esquain ont d’ordinaire un pouce ou un pouce & un quart d’épaisseur, & vont un peu en diminuant de largeur de l’arriere à l’avant ; mais c’est peu de chose ; car si la premiere planche de l’esquain a dix pouces de large vers l’arriere, elle n’aura que neuf pouces & demi en-avant. Voyez Acastillage.

ESQUIF, (Marine.) C’est un petit bateau destiné pour le service d’un vaisseau, & que l’on embarque

dans tous les voyages. On le place ordinairement sur le tillac, & on le met en mer lorsqu’on en a besoin pour aller à terre, soit chercher des provisions, soit y débarquer quelqu’un. Voyez Chaloupe & Canot.

ESQUILLE, s. f. (Chirurgie.) petit morceau détaché d’un os dans une fracture. Lorsque les esquilles picotent & irritent le périoste ou les chairs qui entourent l’os, & qu’on ne peut pas les réduire & les appliquer à l’os dont elles sont une continuité, on est obligé d’en faire l’extraction ; & pour cet effet, s’il n’y a point de plaie, on fait une incision.

On appelle aussi du mot d’esquilles, des petites portions d’os qui s’exfolient les unes après les autres. Voyez Exfoliation. (Y)

ESQUILIES, s. m. pl. (Hist. anc.) V. Esquilin.

ESQUILIN, adj. (Hist. anc.) Le mont Esquilin est une des sept collines de l’ancienne Rome ; c’est aujourd’hui le quartier de la montagne de sainte Marie majeure. Ce fut Servius Tullius qui l’enferma dans Rome. Il y avoit la porte esquiline, la tribu esquiline. C’est aux Esquilies que se faisoient les exécutions des criminels, & que leurs cadavres restoient exposés.

ESQUIMAN, (Marine.) Les Hollandois donnent ce nom à l’officier-marinier que nous appellons quartier-maître. C’est lui qui est chargé particulierement du service des pompes, & qui est l’aide du maître & du contre-maître. V. Quartier-maître.

ESQUIMAUX. Voyez Eskimaux.

ESQUINANCIE, s. f. (Medec.) est le nom d’une maladie de la gorge, que les Latins appellent angina, angine, d’ango, je serre, parce qu’il se fait un resserrement dans le gosier, par les causes de l’esquinancie ; ainsi la signification générale du mot angina convient à toute sorte d’affection des parties du gosier, qui tend à former des obstacles dans les voies qui servent à la respiration & à la déglutition, sans que le thorax, les visceres qui y sont renfermés, & l’estomac, y soient intéressés essentiellement.

Les anciens medecins, & particulierement les Grecs, qui vivoient peu de tems avant Galien, ont distingué l’angine de quatre différentes manieres, dont ils ont tiré autant d’especes de cette maladie, auxquelles ils ont donné des noms propres. Ils ont appellé cynanche, κυνάγκειν, l’angine, dans laquelle le vice réside dans les muscles & les parties inférieures du larynx. Ils ont fait allusion par ce mot, à l’état de ceux qui sont attaqués de cette espece d’angine, dans lequel ils tirent la langue, comme les chiens que l’on étrangle. Ils ont donné le nom paracynanche, παρακυνάγκειν, à l’angine dans laquelle le vice réside dans les parties extérieures du larynx. La préposition para est employée dans ce cas, comme dans bien d’autres, par les auteurs grecs, devant le nom d’une maladie, pour en distinguer l’espece la moins violente. Ils ont nommé synanche, συνάγκειν, l’angine qui attaque l’intérieur du pharynx ; & <span class="coquille" title="paracynanche, παρακυνάγκειν">parasynanche, παρασυναγκειν, celle qui a son siége à l’extérieur. Ces différens mots grecs sont composés de ἄγκειν, serrer, étrangler ; & de σὺν, avec ; ou de κύων, chien : ainsi de συνάγκειν ou de κυνάγκειν on a formé le mot françois esquinancie.

Mais comme il arrive très-souvent qu’à cause de la proximité le pharynx n’est pas affecté sans que le larynx le soit, & réciproquement, ces distinctions sont plûtôt des subtilités que des conséquences tirées de l’observation : ainsi on ne doit pas y avoir égard pour prendre une juste idée de cette maladie ; il vaut mieux la diviser, avec les modernes, 1° en légitime ou vraie, qui est celle dans laquelle le gosier est retréci par une inflammation ; & en fausse, dans laquelle la gorge est affectée dans quelques-unes de ses parties, par un œdeme ou par un skirrhe qui gêne le passage de l’air ou des alimens : 2° en suffocatoire