ple, contient un morceau de mine qu’on lui présente, mais combien une pareille mine contient d’argent par quintal, le poids réel de son quintal fictif lui est absolument inutile à connoître. Celui qui est le plus en usage en France pese pourtant ordinairement un gros réel. Voyez l’article Poids.
Les petites portions du quintal fictif, telles que les gros, étant de très-petits poids réels, on conçoit combien il importe à l’exactitude de l’art que les poids & les balances de docimasie soient justes. On donnera au mot Poids & au mot Peser la maniere de faire ces poids, de les diviser, ou de les vérifier, aussi-bien que celle de s’assûrer de l’exactitude & de la délicatesse des balances. Voyez les articles Poids & Peser.
Les seuls auteurs originaux de docimasie que reconnoisse M. Cramer excellent juge en cette partie, sont le célebre Georges Agricola qui le premier en a donné un traité méthodique dans le septieme livre de son ouvrage de re metallicâ, achevé avant l’année 1550 ; Lazare Ercker qui a suivi Agricola de très près dans un ouvrage écrit en allemand, & intitulé aula subterranea ; & Modestin Fachs qui a aussi écrit en allemand, & qui a peu ajoûté aux connoissances qu’il a puisées dans ses deux prédécesseurs.
Stahl & Henckel nous ont donné les connoissances les plus exactes & les plus philosophiques sur la nature des minéraux, & sur la théorie des changemens que l’art leur fait éprouver ; le premier dans plusieurs de ses ouvrages, & sur-tout dans sa dissertation intitulée, dissertatio Metallurgiæ pyrotechnicæ, & docimasiæ metallicæ fundamenta exhibens, dont les derniers chapitres contiennent un traité abrégé & scientifique de docimasie ; & Henckel dans sa pyritologie, son flora saturnisans, &c.
La bibliotheque du docimasiste doit être grossie aujourd’hui des élémens de docimasie de M. Cramer, & du traité de la fonte des mines de Schlutter, augmenté de plusieurs procédés & observations, & publié par M. Hellot. (b)
DOCKUM, (Géog. mod.) ville des Provinces-Unies, dans l’Ostergou en Frise. Elle est située à l’embouchure de l’Avert. Long. 23. 28. lat. 53. 18.
DOCTE, SÇAVANT ou plûtôt SAVANT (car ce mot vient de sapere, & non de scire), Gramm. Synon. Docte ne se dit que lorsqu’il est question des matieres d’érudition, & se dit des personnes plûtôt que des ouvrages. Savant s’applique également aux matieres d’érudition, aux matieres de science proprement dite, & se dit également des personnes & des ouvrages. Ainsi on dit, un docte antiquaire, un savant géometre, une savante dissertation sur quelque point de Physique, de Littérature, &c. Savant s’étend encore à d’autres objets auxquels le mot docte ne peut s’appliquer. Ainsi on dit d’un grand Prince, qu’il est savant, & non qu’il est docte en l’art de regner. (O)
DOCTEUR, s. m. (Hist. anc. & mod.) titre honorifique qu’on donne particulierement à ceux qui sont profondément versés dans la Théologie, la Jurisprudence, & le Droit.
Docteur de la Loi, (Hist. anc.) étoit parmi les Juifs un titre d’honneur ou de dignité.
Il est certain que les Juifs eurent des docteurs long-tems avant Jesus-Christ. Leur investiture, si on peut parler ainsi, se faisoit en leur mettant dans les mains une clé & les tables de la loi. C’est pour cela, selon quelques auteurs, que J. C. leur dit, Luc, xj. 52. Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez emporté la clé de science, que vous n’êtes point entrés vous-mêmes, & que vous avez empêché d’entrer ceux qui le vouloient.
Les docteurs Juifs sont appellés autrement rabbins. Voyez Rabbin. Chambers.
Docteur de l’Eglise, (Hist. mod.) est un nom qu’on a donné à quelques-uns des peres, dont la doctrine & les opinions ont été le plus généralement suivies & autorisées par l’Église.
On compte ordinairement quatre docteurs de l’église greque, & quatre de l’église latine. Les premiers sont saint Athanase, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, & saint Chrysostôme ; les autres sont saint Augustin, saint Jérôme, saint Grégoire le Grand, & saint Ambroise.
Dans le breviaire romain il y a un office particulier pour les docteurs. Il ne differe de celui des confesseurs, que par l’antienne de Magnificat, & les leçons.
Docteur (Histoire moderne.) est une personne qui a passé tous les degrés d’une faculté, & qui a droit d’enseigner ou de pratiquer la science ou l’art dont cette faculté fait profession. Voyez Degré.
Le titre de docteur fut créé vers le milieu du douzieme siecle, pour être substitué à celui de maître, qui étoit devenu trop commun & trop familier. On a cependant conservé le titre de maître dans les communautés religieuses à ceux qui sont docteurs en Théologie.
L’établissement du doctorat est ordinairement attribué à Irnerius. On croit que ce titre passa de la faculté de Droit dans celle de Théologie. Voyez ci-après l’article Docteur en Droit.
Le premier exemple que nous en ayons, est dans l’université de Paris, où Pierre Lombard & Gilbert de la Porée furent créés docteurs en Théologie, sacra Theologiæ doctores.
D’autres prétendent au contraire que le titre de docteur n’a commencé à être en usage qu’après la publication des sentences de Pierre Lombard, & soûtient que ceux qui ont expliqué les premiers ce livre dans les écoles, sont aussi les premiers qu’on ait appellés docteurs.
Il y en a qui font remonter cette époque beaucoup plus haut, & veulent que Bede ait été le premier docteur de Cambridge, & que Jean de Beverley, mort en 721, ait été le premier docteur d’Oxford. Mais Spelman soûtient que le mot docteur n’a point été en usage en Angleterre, pour marquer un titre ou un degré, jusqu’au regne du roi Jean vers l’an 1207.
Docteur en général, (Hist. mod.) est aussi un nom qu’on joint quelquefois avec différentes épithetes, qui expriment le principal mérite qu’ont eu ceux que l’on reconnoît pour maîtres dans les écoles, mais cependant avec une qualification particuliere qui les distingue.
Ainsi Alexandre de Hales est appellé le docteur irréfragable & la fontaine de vie, comme dit Possevin. S. Thomas d’Aquin est nommé le docteur angélique ; saint Bonaventure, le docteur séraphique ; Jean Duns ou Scot, le docteur subtil ; Raimond Lulle, le docteur illuminé ; Roger Bacon, le docteur admirable ; Guillaume Ocham, le docteur singulier ; Jean Gerson & le cardinal Cusa, les docteurs chrétiens ; Denis le Chartreux, le docteur extatique. Il en est de même d’une infinité d’autres, dont les écrivains ecclésiastiques font mention.
Docteur, ΔΙΔΑΣΚΑΛΟΣ, est encore le nom d’un officier particulier de l’église greque, qui est chargé d’expliquer les écritures.
Celui qui explique les évangiles, est nommé docteur des évangiles ; celui qui explique les épîtres de saint Paul, est appellé docteur de l’Apôtre ; celui qui explique les pseaumes, s’appelle docteur du pseautier. On les comprend tous sous ce titre de διδασκαλὸς, qui répond à ce que nous appellons théologal. Les évêques grecs, en conférant ces sortes d’offices, imposent les mains comme dans les ordinations. Trév. & Chambers.