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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/380

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3°. L’épistolique, ainsi appellée parce qu’on ne s’en servoit que dans les affaires civiles.

4°. L’hiérogrammatique, qui n’étoit d’usage que dans les choses relatives à la religion.

Ces deux dernieres écritures, l’épistolique & l’hiérogrammatique, tenoient lieu de mots, & étoient formées avec les lettres d’un alphabet.

Le premier degré de l’écriture hiéroglyphique, fut d’être employé de deux manieres ; l’une plus simple, en mettant la partie principale pour le tout ; & l’autre plus recherchée, en substituant une chose qui avoit des qualités ressemblantes, à la place d’une autre. La premiere espece forma l’hiéroglyphe curiologique ; & la seconde, l’hiéroglyphe tropique. Ce dernier vint par gradation du premier, comme la nature de la chose & les monumens de l’antiquité nous l’apprennent ; ainsi la Lune étoit quelquefois représentée par un demi-cercle, quelquefois par un cynocéphale. Dans cet exemple le premier hiéroglyphe est curiologique ; & le second, tropique. Les caracteres dont on se sert ordinairement pour marquer les signes du zodiaque, découvrent encore des traces d’origine égyptienne ; ce sont en effet des vestiges d’hiéroglyphes curiologiques réduits à un caractere d’écriture courante, semblable à celle des Chinois ; cela. se distingue plus particulierement dans les marques astronomiques du Bélier, du Taureau, des Gémeaux, de la Balance, & du Verseau.

Toutes les écritures où la forme des choses étoit employée, ont eu leur état progressif, depuis le plus peut degré de perfection jusqu’au plus grand, & ont facilement passé d’un état à l’autre ; ensorte qu’il y a eu peu de différence entre l’hiéroglyphe propre dans son dernier état, & le symbolique dans son premier état. En effet, la méthode d’exprimer l’hiéroglyphe tropique par des propriétés similaires, a dû naturellement produire du raffinement au sujet des qualités plus cachées des choses : c’est aussi ce qui est arrivé. Un pareil examen fait par les savans d’Egypte, occasionna une nouvelle espece d’écriture zoographique, appellée par les anciens symbolique.

Cependant les auteurs ont confondu l’origine de l’écriture hiéroglyphique & symbolique des Egyptiens, & n’ont point exactement distingué leurs natures & leurs usages différens. Ils ont présupposé que l’hiéroglyphe, aussi bien que le symbole, étoient une figure mystérieuse ; & par une méprise encore plus grande, que c’étoit une représentation de notions spéculatives de Philosophie & de Théologie : au lieu que l’hiéroglyphe n’étoit employé par les Egyptiens que dans les écrits publics & connus de tout le monde, qui renfermoient leurs réglemens civils & leur histoire.

Comme on distinguoit les hiéroglyphes propres en curiologiques & en tropiques, on a distingué de même en deux especes les hiéroglyphes symboliques ; savoir en tropiques, qui approchoient plus de la nature de la chose ; & en énigmatiques, où l’on appercevoit plus d’art. Par exemple, pour signifier le Soleil, quelquefois les Egyptiens peignoient un faucon ; c’étoit-là un symbole tropique : d’autres fois ils peignoient un scarabée avec une boule ronde dans ses pattes ; c’étoit-là un symbole énigmatique. Ainsi les caracteres proprement appellés symboles énigmatiques, devinrent à la longue prodigieusement différens de ceux appellés hieroglyphiques curiologiques.

Mais lorsque l’étude de la Philosophie, qui avoit occasionné l’écriture symbolique, eut porté les savans d’Egypte à écrire beaucoup, ils se servirent, pour abréger, d’un caractere courant, que les anciens ont appellé hiérographique, ou hiéroglyphique abregé, qui conduisit à la méthode des lettres par le moyen d’un alphabet, d’après laquelle méthode l’écriture épistolique a été formée.

Cependant cet alphabet épistolique occasionna bientôt l’invention d’un alphabet sacré, que les prêtres égyptiens réserverent pour eux-mêmes, afin de servir à leurs spéculations particulieres. Cette écriture fut nommée hiérogrammatique, à cause de l’usage auquel ils l’ont approprié.

Que les prêtres égyptiens ayent eu pour leurs rits & leurs mysteres une pareille écriture, c’est ce que nous assûre expressément Hérodote, liv. II. ch. xxxvj. & il ne nous a pas toûjours rapporté des faits aussi croyables. Celui-ci doit d’autant moins nous surprendre, qu’une écriture sacrée, destinée aux secrets de la religion, & conséquemment différente de l’écriture ordinaire, a été mise en pratique par les prêtres de presque toutes les nations : telles étoient les lettres ammonéennes, non entendues du vulgaire, & dont les prêtres seuls se servoient dans les choses sacrées : telles étoient encore les lettres sacrées des Babyloniens, & celles de la ville de Méroé. Théodoret parlant des temples des Grecs en général, rapporte qu’on s’y servoit de lettres qui avoient une forme particuliere, & qu’on les appelloit sacerdotales. Enfin M. Fourmont & d’autres savans sont persuadés que cette coûtume générale des prêtres de la plûpart des nations orientales, d’avoir des caracteres sacrés, destinés pour eux uniquement, & des caracteres prophanes ou d’un usage plus vulgaire, destinés pour le public, regnoit aussi chez les Hébreux. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ecriture hiéroglyphique, voyez ci-dessus Ecriture des Egyptiens. Voyez aussi Hiéroglyphe.

Ecriture-Sainte, (Théol.) nom que les Chrétiens donnent aux livres canoniques de l’ancien & du nouveau Testament, inspirés par le S. Esprit. On l’appelle aussi l’Ecriture simplement, & par excellence, comme on dit la Bible, Biblia, les Livres par excellence.

On a déjà traité fort au long dans les volumes précédens, un grand nombre de questions concernant l’Ecriture-sainte, aux articles Bible, Canon, Canoniques, Chronologie sacrée, Deutéro-canoniques, &c. auxquels nous renvoyons les lecteurs, pour ne pas tomber dans des redites. Nous nous bornerons uniquement ici à quelques notions générales communes à tous les livres dont la collection forme l’Ecriture-sainte, ou le canon des Ecritures ; savoir, I. à l’authenticité des Livres saints, II. à la divinité de leur origine, III. à la distinction des divers sens qui s’y rencontrent, IV. à l’autorité de l’Ecriture-sainte en matiere de doctrine.

I. L’authenticité des Livres saints n’a besoin d’autres preuves pour les Chrétiens, que le jugement & la décision de l’Eglise, qui, en insérant ces Livres dans le canon ou catalogue des Ecritures, a déclaré avec une autorité suffisante pour les fideles, & sur des motifs bien fondés, que ces Livres avoient été inspirés, écrits par les auteurs dont ils portent le nom ; & qu’ils n’avoient été ni supposés dans leur origine ; ni interpolés ou corrompus dans la suite des siecles. Mais cette assertion ne suffit pas contre l’incrédule, & il faut lui démontrer par les regles ordinaires de la critique, que ces Livres que nous nommons divins, n’ont été ni supposés ni altérés, & qu’ils ne sont point le pur ouvrage des hommes : sans cela, quelle force tous les argumens tirés des Livres saints, auront-ils aux yeux de l’homme disposé & même intéressé à tout contester ? La grande difficulté, c’est que ces Livres cités à tout propos, dit-il, par les Chrétiens & par les Juifs, en preuve du dogme ou de la morale reçûe chez les uns & chez les autres, ou chez ces deux peuples ensemble, n’ont jamais été connus ni conservés que chez eux ; qu’ils avoient trop d’intérêt à ne les pas diviniser, pour