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thrésor, s’appelloit par cette raison ærarium, du mot æs, æris, cuivre ; parce qu’il n’y avoit pas eu d’autre monnoie à Rome que de ce métal, avant l’an 485 de sa fondation. Voyez Monnoie, Espece.

Ce fut Auguste qui le commença, & il fut entretenu de ce que chacun y contribua volontairement ; mais ces contributions ne suffisant pas pour les besoins de l’état, le vingtieme des legs & des successions fut assigné à ce thrésor, pourvû néanmoins que les héritiers ou les légataires ne fussent pas des proches parens, ou des pauvres.

On tira de la cohorte prétorienne trois officiers, à qui on en confia la garde avec la qualité de præfecti ærarii. Chambers.

ERASTIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) secte ou parti de religion qui s’éleva en Angleterre durant le tems des guerres civiles, en 1647. On l’appelloit ainsi du nom de son chef Erastus. La doctrine de cette secte étoit que l’Église n’avoit point d’autorité quant à la discipline, c’est-à-dire n’avoit point le pouvoir légitime d’excommunier, d’exclure, d’absoudre, de prononcer des censures, de faire des decrets, &c. Chambers. (G)

* ERATO, (Myth.) celle des neuf muses qui présidoit aux poésies amoureuses. On lui attribue l’invention de la lyre & du luth ; & on la représente couronnée de myrthes & de roses, tenant une lyre d’une main & un archet de l’autre, & ayant à ses côtés un amour debout avec son flambeau.

Il y avoit aussi une néréide du même nom.

* ERCEUS, (Myth.) surnom sous lequel les gardes des murs d’une ville invoquoient Jupiter. Jupiter erceus, c’est la même chose que Jupiter garde-murailles. Erceus vient de ἕρκος, septum.

ERE, s. f. en Astronomie, est la même chose qu’époque, en Astronomie. Voyez Epoque, qui est beaucoup plus usité en ce sens.

Le mot ere, selon quelques-uns, vient du mot arabe arach ou erach, qui signifie qu’on a fixé le tems. D’autres croyent qu’il vient des lettres initiales de l’époque des Espagnols : Ab Exordio Regni Augusti. (O)

Ere, (Chronol.) terme synonyme à celui d’époque, & qui désigne un tems fixe d’où on part pour compter les années chez différens peuples. Voyez Epoque. Nous ignorons l’origine du mot ere ; mais il est consacré aux époques particulieres qui suivent. Ajoûtons seulement sur cette matiere, qu’on peut consulter Baronius, Calvisius, Képler, Marsham, Onuphrius, Pétau, Pagi, Prideaux, Riccioli, Salian, Scaliger, Sigonius, Sponde, Vossius, Ussérius, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ere des Abyssins ; voy. Ere de Dioclétien, qui est l’ere dont les Abyssins se servent.

Ere Actiaque, (Chronol.) époque des Egyptiens, qui a pris son nom de la bataille d’Actium, que l’armée d’Auguste commandée par Agrippa gagna contre Marc-Antoine l’an 723 de la fondation de Rome, & qui entraîna l’année suivante la conquête de toute l’Egypte.

C’est à cette conquête que l’ere actiaque doit son origine, suivant l’ordonnance des Romains qui fut ponctuellement exécutée. En effet on se servit depuis ce moment-là de cette époque en Egypte, jusqu’à la premiere année du regne de Dioclétien qui tombe à l’an 284 de J. C. Alors l’ere actiaque changeant de nom, fut appellée l’ere de Dioclétien, & par les chrétiens de ce pays-là, l’ere des martyrs ; parce que ce fut sous le regne de cet empereur qu’arriva la dixieme persécution de l’Église, où tant de martyrs scellerent de leur sang la vérité de leur religion.

Quoique l’ere actiaque tirât sa dénomination de la bataille d’Actium, elle ne commença pourtant que

le 29 Août de l’année suivante, & l’on fixa ce jour-là, parce que c’étoit le premier jour du mois de Fhoth qui faisoit de tems immémorial le premier jour de l’an des Egyptiens. D’ailleurs les Romains trouverent le 29 Août d’autant plus propre à regler le commencement de la nouvelle ere d’Egypte, qu’ils avoient réduit ce royaume sous leur joug vers la fin du mois d’Août.

C’est aussi pourquoi le sénat changea par un decret l’ancien mois de Sextilis en celui d’Augustus, & il ne s’en tint pas à cette seule marque de bassesse & de flaterie pour l’empereur. Mais sans nous y arrêter, admirons le sort des choses humaines ! Octave par la victoire d’Actium enleve l’empire du monde à Antoine, & ce fut la postérité d’Antoine qui dans la suite joüit de cet empire, du moins pendant quelque tems, tandis que celle d’Auguste ne parvint jamais à le posséder, sic vos non vobis…… Voyez M. Prideaux, qui entre dans de plus grands détails. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ere d’Alexandre, voyez Ere Philippique.

Ere d’Antionche, (Chronol.) cette époque dont se servent plusieurs écrivains ecclésiastiques, commençoit 49 ans avant J. C. en la 4e année de la 182e olympiade, l’an 705 de Rome. Ce fut aussi la premiere année de la dictature de Jules César, & celle de la liberté de la ville d’Antioche. Quelques auteurs fixent cette ere d’après l’autorité de Scaliger à la 48e année avant J. C. mais on prétend qu’ils se trompent. Voyez Pagi, dissert. de periodo Græco-romana ; Pétau, de doct. Temp. l. X. cap. lxij. Riccioli, chronol. reform. l. III. cap. xj. p. 1. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

* Ere Arménienne, qui est encore en usage parmi les Arméniens. Elle commence le 9 Juillet de l’an du monde 4501, ou après la naissance de J. C. 552 :

Ere des Arabes, voyez Hégire.

Ere de la Captivité ; elle commence au tems où Nabuchodonosor conduisit à Babylone Jéchonias avec 18000 Juifs d’élite, l’an du monde 3349.

* Ere Chaldaïque ; Ptolomée en a fait mention : elle commence au 26 Septembre, de l’an du monde 3639.

Ere-Chrétienne. (Chronol.) Elle commence au premier jour de Janvier après la naissance de J. C. dont personne ne sait aujourd’hui l’année.

L’opinion commune de l’église catholique romaine la met au 25 Décembre 753 de la fondation de Rome. Sur quoi il faut remarquer qu’il y a au moins huit opinions différentes touchant l’année de la naissance de N. S.

La premiere opinion suppose cette naissance en l’année 748 de la fondation de Rome, sous le consulat de Lœlius Balbus, & d’Antistius Verus : c’est l’idée de Képler.

La seconde opinion la met en l’année 749 de Rome, sous le consulat de l’empereur Auguste avec Cornelius Sylla : le P. Petau, Jésuite, est entr’autres de ce sentiment.

La troisieme opinion est de ceux qui croyent que J. C. naquit l’an de Rome 750, sous le consulat de Calvisius Sabinus & de Passienus Rufus : c’est l’avis de Sulpice Sévere, &c.

La quatrieme opinion est de ceux qui pensent que le Sauveur du monde est né l’an 751 de Rome, sous le consulat de Cornelius Lentulus, & de Valerius Messalinus : le cardinal Baronius, Sponde, Scaliger & Vossius sont du nombre de ceux qui goûtent cette idée.

La cinquieme opinion place la naissance du Messie en l’année 752 de Rome, sous le consulat d’Auguste avec Plantius Silvanus : le P. Salian, Onufrius, &c. suivent cette conjecture.