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défaut de cette séparation dans cette derniere circonstance, est une cause de fistule. Voyez Fistule. (Y)

EXFOLIATIF, terme de Chirurgie, remede propre à faire exfolier les os cariés, c’est-à-dire à faire séparer par feuilles la carie de la partie saine. Voyez Carie & Exfoliation.

On nomme tuyau exfoliatif, un instrument qui perce l’os en le ratissant, & en enlevant plusieurs feuilles les unes après les autres. La tige & la mitte de cet instrument ne different point de celles du trépan couronné, puisqu’il se monte sur l’arbre du trépan, de même que les couronnes. Voyez cette structure au mot Trépan. La partie inférieure du trépan exfoliatif est une espece de lame inégalement quarrée, épaisse de deux lignes dans sa partie supérieure, un peu moins dans l’inférieure ; large d’environ six lignes & demie, & longue d’un pouce. Du milieu de la partie inférieure de cette lame sort une petite meche d’une ligne de longueur pour le plus, qui d’une base un peu large se termine par une pointe. Cette petite meche sert de pivot à toute la machine. Cette lame, qui est tout-à-fait semblable au vilebrequin des Tonneliers, qu’ils appellent leur perçoir, doit avoir six tranchans opposés, deux sur les parties latérales de la lame, deux à sa partie inférieure, & deux aux deux côtés de la petite meche. Ces tranchans sont formés par de véritables biseaux tournés de droite à gauche, afin de couper de gauche à droite.

Cette lame doit être d’un bon acier, mais la trempe doit en être douce : telle est la trempe par paquets, qui est celle qui convient le mieux pour les instrumens qui doivent agir sur des corps durs ; & si les ouvriers voyent qu’elle soit encore trop dure, ils ont le soin de donner un recuit bleu, pour adoucir la trempe & la rendre moins aigre.

L’usage du trépan exfoliatif n’est pas fréquent ; il peut cependant trouver son utilité, & il ne faut pas le soustraire de l’arcenal de Chirurgie, ou quelques praticiens le regardent comme inutile. Voyez la fig. 4. Pl. XVI. (Y)

EXHALAISON, s. f. (Physiq.) fumée ou vapeur qui s’exhale ou qui sort d’un corps, & qui se répand dans l’air. Voyez Emanations.

Les mots d’exhalaison & de vapeur se prennent d’ordinaire indifféremment l’un pour l’autre ; mais les auteurs exacts les distinguent. Ils appellent vapeurs, les fumées humides qui s’élevent de l’eau & des autres corps liquides ; & exhalaisons, les fumées seches qui viennent des corps solides, comme la terre, le feu, les minéraux, les soufres, les sels, &c. Voyez Emanations.

Les exhalaisons, prises dans ce dernier sens, sont des corpuscules ou écoulemens secs, qui s’élevent des corps durs & terrestres, soit par la chaleur du soleil, soit par l’agitation de l’air, soit par quelque autre cause. Les corpuscules parviennent jusqu’à une certaine hauteur dans l’air, où se mêlant avec les vapeurs, ils forment les nuages, pour retomber ensuite en rosée, en brouillard, en pluie, &c. Voyez Atmosphere, Nuage, Pluie. Voyez aussi Evaporation.

Les exhalaisons nitreuses & sulfureuses sont la principale matiere du tonnerre, des éclairs, & des divers autres météores qui s’engendrent dans l’air. Voyez Tonnerre, Eclair, &c.

M. Newton prétend que l’air vrai & permanent est formé par des exhalaisons élevées des corps les plus durs & les plus compacts. Voyez Air. Harris & Chambers.

On voit quelquefois, dit M. Musschenbroeck, flotter dans l’air de fort grandes traînées d’exhalaisons qui sont d’une seule & même espece ; elles different

seulement, quant à la figure qu’elles avoient auparavant dans la terre, en ce que de corps solides qu’elles étoient, elles sont devenues fluides ; ou bien en ce que de fluides denses qu’elles étoient, elles ont été réduites en un fluide plus rare, & dont les parties se trouvant alors séparées les unes des autres, peuvent flotter dans l’air & y rester suspendues : elles doivent par conséquent avoir conservé plusieurs des propriétés qu’elles avoient auparavant ; savoir celles qui n’ont pas été changées par la raréfaction : elles auront donc aussi les mêmes forces qu’elles avoient déjà, lorsqu’elles étoient encore un corps solide ou un fluide plus dense ; & ces forces seront aussi les mêmes que celles qu’elles auront, lorsqu’elles se trouveront changées en une masse semblable à celle qu’elles formoient avant que d’être raréfiées. On n’aura pas de peine à concevoir que la chose doit être ainsi, lorsqu’on viendra à considérer qu’il s’évapore beaucoup d’eau en été dans un jour, & que cette eau s’éleve dans l’air. Lors donc qu’on se représente cette portion d’air qui couvre un grand lac, ou qui se trouve au-dessus de la mer, on doit concevoir alors que cette partie de l’atmosphere se charge en un jour d’une grande quantité de vapeurs, surtout s’il ne fait pas beaucoup de vent. Il arrive quelquefois que le mont Vésuve & le mont Etna exhalent une fumée d’une épaisseur affreuse, & qu’ils vomissent dans l’air une grande quantité de soufre ; ce qui y fait naître de gros nuages de soufre. Après une bataille sanglante & où il y a eu beaucoup de monde de tué, les corps, que l’on enterre alors ordinairement les uns proche des autres, & peu profondément, doivent exhaler une très-mauvaise odeur lorsqu’ils viennent à se corrompre ; & ces exhalaisons qui tiennent de la nature du phosphore, ne cessent de s’élever chaque jour dans l’air en très-grande quantité au-dessus de l’endroit où ces cadavres se trouvent enterrés. (On peut juger de-là, pour le dire en passant, combien est pernicieuse notre méthode d’enterrer dans les églises, & même dans des cimetieres au milieu des grandes villes). De grands champs où l’on n’a semé qu’une seule sorte de graine, remplissent l’air qui se trouve au-dessus d’eux, d’un nuage d’exhalaisons qui sont par-tout de même nature.

Ces amas de vapeurs ou d’exhalaisons d’une même espece qui se font dans l’air & le remplissent, sont poussés par le vent d’un lieu dans un autre, où ils rencontrent d’autres parties de nature différente qui se sont aussi élevées dans l’air, & avec lesquelles ils se confondent. Il faut donc alors qu’il naisse de ce mélange les mêmes effets, ou des effets semblables à ceux que nous pourrions observer, si l’on versoit ou mêloit dans un verre des corps semblables à ceux qui constituent ces vapeurs. Qu’il seroit beau & utile en même tems, de connoître les effets que produiroient plusieurs corps par le mélange que l’on en feroit ! Mais les Philosophes n’ont encore fait que fort peu de progrès dans ces sortes de mélanges ; car les corps que l’on a divisés en leurs parties, & mêlés ensuite ensemble ou avec d’autres, sont jusqu’à présent en très-petit nombre. Puis donc que l’atmosphere contient des parties de toute sorte de corps terrestres qui y nagent & qui se rencontrent, il faut que leur mélange y produise un très-grand nombre d’effets que l’art n’a pû encore nous découvrir ; par conséquent il doit naître dans l’atmosphere une infinité de phénomenes que nous ne saurions encore ni comprendre ni expliquer clairement. Il ne seroit pourtant pas impossible de parvenir à cette connoissance, si l’on faisoit un grand nombre d’expériences sur les mélanges des corps ; matiere immense, puisqu’un petit nombre de corps peuvent être mêlés ensemble d’un très-grand nombre de manieres, comme il pa-