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des plantes graminées diversement préparées, telles que le ris, le gruau, l’orge mondé ; la farine de froment, celle de maïs ; les pâtes d’Italie, comme sémoule, vermicelli, macarons, &c. dont on fait des cremes, des bouillies, des potages. Nous employons le sagou de la même maniere. Quelques medecins ont proposé un chocolat de châtaignes, en titre d’aliment médicamenteux. Voy. Ris, Gruau, Orge, Froment, Maïs, Pate d’Italie, Sagou, Chataigne .

C’est sous cette forme que les Medecins prescrivent les farineux dans le traitement de plusieurs maladies chroniques : le système de medecine dominant leur attribue une qualité adoucissante, incrassante ; corrigeant l’acrimonie alkaline ; émoussant ou embarrassant les sels exaltés, acres, corrosifs, & les huiles atténuées, dépouillées de leur terre, rendues acres, volatiles, fétides, &c. Le grand Boerhaave, qui a conçû sous cette idée le vice des humeurs, qu’il attribue à un alkali spontanée, propose les farineux contre les maladies qui dépendent de cette cause. Voyez Boerhaave, aphorism. chap. morbi ex alkalino spontaneo. Le même auteur met les farineux au nombre des causes qui produisent les constitutions des humeurs, qu’il appelle acide spontanée & glutineuse spontanée. Les farineux non fermentés sont regardés assez généralement comme souverains dans le marasme, l’hémophthysie, la phthysie pulmonaire, les ulceres des autres visceres, le scorbut de mer, &c. & leur usage est en effet assez salutaire dans ces cas ; ce qui ne prouve cependant rien en faveur des qualités adoucissantes, incrassantes, &c. dont nous venons de parler. Voyez Incrassant. Leur véritable utilité dans ces maladies, peut très-bien se borner à la maniere dont elles affectent les organes de la digestion, du moins cette action peut-elle se comprendre facilement ; au lieu que la nullité de leur prétendue opération sur le corps même des humeurs, est à-peu-près démontrable. Voyez Incrassant.

La pente à se convertir en acide, ou à engendrer dans les humeurs l’acide spontanée & le glutineux, glutinosum pingue, attribuée aux farineux, est une qualité vague, au moins trop peu définie ; qu’on pourroir même absolument nier, d’après les connoissances assez positives que nous avons, qu’un acide spontanée ne prédomine jamais dans les humeurs animales, & qu’elles ne sont jamais véritablement glutineuses. On avanceroit une chose plus vraie, si on se bornoit à dire que les farineux sont plus propres à produire des acides dans les premieres voies, que la plûpart des alimens tirés des animaux. En général, on ne sauroit admettre dans les farineux aucune qualité véritablement médicamenteuse, altérante, exerçant une action prompte sur les humeurs ou sur les solides ; nous ne leur connoissons que cette opération lente, manifestée par un usage long & continu qui est propre aux alimens.

On a reproché aux farineux non fermentés d’être pesans sur l’estomac, c’est-à-dire de résister à l’action des organes digestifs, & au mélange des humeurs digestives ; aux farineux non fermentés, dis-je, car on pense que la fermentation a détruit cette qualité dans les farineux réduits en pain. M. Roüelle, qui est dans cette opinion, propose dans ses leçons de Chimie, de substituer à la farine de froment ordinaire, dont on fait à Paris la bouillie pour les enfans, la farine du malt ou grain germé ; car la germination équivaut à la fermentation panaire. Voyez Pain. Cette vûe est d’un esprit plein de sagacité, & tourné aux recherches utiles. Cependant la bouillie de farine non fermentée, ne produit chez les enfans aucun mal bien constaté ; la panade qu’on leur donne dans plusieurs provinces du royaume, au lieu de la bouillie, qui y est absolument inconnue, n’a sur ce der-

nier aliment aucun avantage observé : or la panade

est absolument analogue à la bouillie de grain germé ; & dans le cas où l’on viendroit à découvrir par des observations nouvelles, qu’elle est préférable à la bouillie ordinaire, il seroit beaucoup plus commode d’y avoir recours qu’à la bouillie de grain germé, qui est une matiere assûrément moins commune que le pain.

Voici ce que nous connoissons de plus positif sur l’usage des alimens farineux non fermentés. Les peuples qui en font leur principale nourriture, ont l’air sain, le teint frais & fleuri ; ils sont gras, lourds, paresseux, peu propres aux exercices & aux travaux pénibles ; sans vivacité, sans esprit, sans desirs & sans inquiétude. Les farineux ont donc la propriété d’engraisser ou d’empâter par un long usage ; les Medecins pourroient les employer à ce titre dans plusieurs cas. Ce corollaire pratique se peut déduire facilement des effets connus que nous venons de rapporter ; mais la vûe d’engraisser n’a pas encore été comptée parmi les indications médicinales : plusieurs substances farineuses sont employées extérieurement sous la forme de cataplasme. Voyez plus bas Farines résolutives. (b)

Farine de Brique, (Chimie.) on appelle ainsi la brique réduite en poudre subtile.

Farine, (Matiere médicale & Diete.) On se sert en Medecine d’un grand nombre de farines : celles que l’on retire de l’orge, de l’avoine, du seigle, de la semence de lin, s’employent fort souvent en cataplasme. On leur attribue la vertu de ramollir & de résoudre. Voyez Emollient & Résolutif. La farine de ris, d’avoine, sont d’un fréquent usage parmi nous : on les fait prendre cuites avec de l’eau, ou du lait, & du sucre. Voyez Ris, Avoine.

La farine de froment est d’un usage trop connu dans l’économie ordinaire de la vie ; il suffit que l’on fasse attention que c’est avec elle que nous préparons la meilleure & la plus saine de toutes nos nourritures, le pain : mais nous ferons ici une remarque d’après M. Roüelle, célebre apoticaire & savant chimiste, qui dans ses excellentes leçons, dit que l’usage où l’on est de faire la bouillie (aliment ordinaire des enfans) avec la farine de froment, est pernicieux ; & il s’appuie sur une vérité reconnue de tout le monde. Personne, dit ce célebre académicien, ne voudroit manger de pain non levé ; l’expérience apprend qu’il est alors très-indigeste ; cependant, ajoûte-t-il, nous en faisons tous les jours prendre à nos enfans ; car qu’est-ce que de la bouillie, sinon du pain non levé, non fermenté ? Il voudroit donc qu’on préparât cet aliment des enfans avec du pain leger, que l’on feroit bouillir avec le lait, c’est-à-dire qu’on leur fît de la panade, ou bien que l’on fît fermenter le grain avant que de le moudre, comme il se pratique pour la bierre, c’est-à-dire que cette bouillie seroit préparée avec la farine du malt de froment : on auroit seulement la précaution de la faire moudre plus fine que pour la bierre ; cette farine étant tamisée, feroit, selon M. Roüelle, une excellente nourriture pour les enfans ; la viscosité ordinaire de la farine seroit rompue par la germination du grain ; le corps muqueux, qui est la partie nutritive, seroit développé par la fermentation que le pain à éprouvé dans la germination ; en un mot, les enfans prendroient un aliment de facile digestion. Nous croyons que l’on ne sauroit trop faire d’attention à la remarque judicieuse de M. Roüelle ; elle est digne d’un physicien, ami de la société, en un mot, d’un bon citoyen. (b)

Farines résolutives (les quatre), Pharmacie. On entend sous cette seule dénomination les farines d’orge, de lupins, d’orobe, & de féves ; non qu’elles soient les seules qui possedent la vertu résolutive,