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poignée de bois. Elle n’est point creuse, l’ouvrier ne s’en servant que pour prendre dans un pot un peu de matiere, qu’il attache à la bosse par la boudine pour l’ouvrir & en faire un plat de verre. Voyez l’article Verrerie.

Ferret ou Ferretto, (Verrerie.) c’est le nom que donne Antoine Neri, dans son art de la Verrerie, à du cuivre brûlé ou de l’æs ustum, dont on peut se servir pour donner une couleur verte au verre, afin de contrefaire les émeraudes. Voyez l’article Æs ustum, & l’art de la Verrerie de Neri, Merret, & Kunckel, pag. 59. & 61. Il ne faut pas confondre ce mot avec le mot ferretes d’Espagne. (—)

FERRETE, (Géog.) par les Allemands Pfirth, en latin Fierritum ; petite ville d’Alsace sur la riviere d’Ill, chef-lieu d’un comté de même nom, dans le Sundgaw-propre, sujette à la France depuis 1648. Ferrette ressortit du conseil de Colmar, & est dans un terroir très-fertile, à 4 lieues S. O. de Bâle, 9 E. de Montbelliard. Long. 25d. 10′. lat. 47d. 40′. (D. J.)

Ferretes d’Espagne, (Hist. nat. Minéralogie.) Quelques auteurs, entr’autres Lémery dans son dictionnaire des drogues, nomment ainsi une espece d’hématite qui est une vraie mine de fer, d’une figure réguliere & déterminée, que l’on trouve dans quelques endroits d’Espagne. On dit aussi qu’il s’en rencontre une grande quantité en France, à Bagneres au pié des pyrenées & aux environs. Ce sont de petits corps solides qui n’excedent guere la grosseur du pouce, d’une couleur d’ochre ou de fer rouillé, qui ont ou la forme d’un parallélépipede à six côtés inégaux, & dont les angles sont inclinés ; ou bien ils formeroient des cubes parfaits, & ressembleroient à des dés à joüer, si leurs surfaces n’étoient point un peu inclinées les unes sur les autres. On trouve ces pierres ou ferretes seules & détachées ; mais souvent elles sont grouppées ensemble, & l’on en rencontre quelquefois une centaine attachées les unes aux autres : il y en a qui ont une espece d’écorce luisante, qui ressemble à une substance métallique. On les trouve par couches dans une espece d’ardoise bleuâtre, enveloppées d’une matiere transparente & fibreuse. Voyez le supplément de Chambers, & les Transact. philosoph. n°. 472. p. 30. (—)

FERRETIER, s. m. (Maréchall.) marteau dont le maréchal se sert d’une seule main, pour forger le fer qu’il tient de l’autre main avec la tenaille. Sa longueur n’excede pas cinq pouces : il n’a ni panne ni oreille : son œil, d’environ quinze lignes de longueur sur douze de largeur, est percé précisément au haut du front. Cette face diminue de largeur également par l’un & l’autre de ses bords, depuis sa sommité jusqu’à la bouche, où elle se trouve réduite à moins de deux pouces dans les plus gros ferretiers. Il n’en est pas de même des joues ; elles s’élargissent à mesure qu’elles en approchent, mais un peu plus du côté du bout du manche que de l’autre, & leur largeur en cet endroit est portée jusqu’à trois pouces. Quant aux angles, ils sont si fortement abattus, que la bouche est circonscrite par un octogone très-alongé ; elle est de plus très-bombée, & convexe par l’arrondissement de tous ces angles, jusqu’au point qu’il ne reste aucun méplat dans le milieu. Sa longueur doit concourir avec celle du manche, de maniere que son grand axe prolongé idéalement, remonteroit à environ deux pouces près de ce même manche, dont la longueur totale n’en excede pas dix.

On donne à cette sorte de marteau depuis quatre jusqu’à huit ou neuf livres de poids, selon le volume & la force des fers à forger. Voyez Forger. (e)

FERREUR, s. m. (Comm.) celui qui plombe & qui marque avec un coin d’acier les étoffes de laine. A Amiens il y a six esgards ou jurés de la sayetterie,

que l’on appelle ferreurs en blanc ; d’autres qu’on nomme ferreurs en noir, & d’autres encore qu’on nomme ferreurs de gueldes. Dictionn. de Comm. de Trévoux & Chambers. (G)

FERRIERE, s. f. (Manége, Maréchall.) sorte de valise placée communément dans le train d’une voiture destinée au voyage. Voyez Chaise de poste. Quelques-uns donnent très-mal-à-propos ce nom au tablier à ferrer du maréchal. Voyez Tablier. (e)

FERRONNERIE, s. f. ouvrage de ferronnerie : ce terme comprend tous les petits ouvrages de fer que les Cloutiers & autres artisans qui travaillent en fer, ont droit de forger & fabriquer.

FERRONNIER, s. m. artisan qui fait & vend des ouvrages de ferronnerie. Les maîtres Cloutiers de Paris prennent la qualité de maîtres Marchands-Cloutiers-Ferronniers. Voyez Cloutier.

FERRUGINEUX, adj. (Medecine.) ce qui participe de la nature du fer, ou qui contient des particules de ce métal. Voyez Fer.

On applique particulierement ce mot à de certaines sources minérales dont l’eau, en passant par les entrailles de la terre, s’impregne des principes de ce métal.

Ces eaux sont encore appellées ferrées & martiales. Voyez Fer & Martiaux.

FERRURE, s. f. (Architect. & Serrurerie.) s’entend de tout le fer qui s’employe à un bâtiment, pour les gonds, les serrures, les gaches, les esses, &c. (P)

Ferrures d’un vaisseau, (Marine.) c’est tout l’ouvrage de fer qui s’employe dans la construction d’un vaisseau ; clous, pentures, ferrures de sabords, de gouvernail, &c. garnitures de poulies, &c. & même. les ancres. (Z)

Ferrure, (Maréchall.) La ferrure est une action méthodique de la main du maréchal sur le pié du cheval, c’est-à-dire une opération qui consiste à parer, à couper l’ongle, & à y ajuster des fers convenables. Par elle le pié doit être entretenu dans l’état où il est, si sa conformation est belle & réguliere ; ou les défectuosités en être réparées, si elle se trouve vicieuse & difforme.

A la vûe d’un passage qui se trouve dans Xénophon, de re équestri, & par lequel les moyens de donner à l’ongle une consistence dure & compacte, nous sont tracés, on a sur le champ conclu que l’opération dont il s’agit n’étoit point en usage chez les Grecs. Homere & Appien cependant parlent & font mention d’un fer à cheval ; le premier dans le 151 vers du second livre de l’Iliade, l’autre dans son livre de bello mithridatico. La conséquence que l’on a tirée, en se fondant sur l’autorité de Xénophon, me paroît donc très-hasardée. On pourroit en effet avancer, sur-tout après ce que nous lisons dans les deux autres auteurs grecs, que ce même Xénophon ne prescrit une recette pour durcir & resserrer le sabot, que dans le cas où les chevaux auroient les piés extrèmement mous & foibles ; & dès-lors cette prétendue preuve que les chevaux n’étoient pas ferrés de son tems, s’évanoüit avec d’autant plus de raison, que quoique nous nous servions nous-mêmes de topiques astringens dans de semblables circonstances, il n’en est pas moins certain que la ferrure est en usage parmi nous. On ne sait si cette pratique étoit générale chez les Romains. Fabretti, qui prétend avoir examiné tous les chevaux représentés sur les anciens monumens, sur les colonnes & sur les marbres, déclare n’en avoir jamais vû qu’un qui soit ferré. Quant aux mules & aux mulets, nous ne pouvons avoir aucun doute à cet égard. Suétone, in Nerone, cap. xxx. nous apprend que le luxe de Néron étoit tel, qu’il ne voyageoit jamais qu’il n’eût à sa suite mille voitures au moins, dont les mules étoient ferrées d’argent : Pline assûre que les fers de celles de Poppée, femme de