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tu : l’excès dépouille l’homme de sa dignité : il n’y a que les biens acquis avec peine dont on joüisse avec plaisir : le faste & l’orgueil sont des marques de petitesse : il n’y a que vanité dans les visions & dans les songes, &c. ».

Nous ne pouvons dissimuler que le sophiste, qui fait honneur de cette doctrine aux Ethiopiens, ne paroisse s’être proposé secrettement de rabaisser un peu la vanité puérile de ses concitoyens qui renfermoient dans leur petite contrée toute la sagesse de l’Univers.

Au reste en faisant des Ethiopiens l’objet de ses éloges, il avoit très-bien choisi. Dès le tems d’Homere, ces peuples étoient connus & respectés des Grecs, pour l’innocence & la simplicité de leurs mœurs. Les dieux même, selon leur poëte, se plaisoient à demeurer au milieu d’eux. ζεῦς… μετ’ ἀμύμoνας Aἰθιοπῆας… ἔβη… θεοὶ δ’ ἅμα πάντεςJupiter s’en étoit allé chez les peuples innocens de l’Ethiopie, & avec lui tous les dieux. Iliad.

ETHIOPIQUE, adj. (Chronol.) Année éthiopique, est une année solaire composée de douze mois de trente jours, & de cinq jours ajoûtés à la fin. Voyez l’article An.

ETHIQUE, s. f. est la science des mœurs. Ce mot qui n’est plus usité, ou dont on ne se sert que très rarement pour désigner certains ouvrages, comme l’Ethique de Spinosa, &c. vient du grec ἦθος, mœurs. Voyez Morale, Droit naturel, &c.

ETHMOIDALE, adject. en Anatomie ; est le nom d’une des sutures du crane humain. Voyez Crane.

Les sutures ordinaires sont celles qui séparent les os du crane d’avec les os des joues : il y en a quatre, la transverse, l’ethmoïdale, la sphéroïde, & la zygomatique. Voyez Suture.

L’ethmoïdale tire son nom de ce qu’elle regne autour de l’os ethmoïde. Voyez Ethmoïde. (L)

ETHMOIDE, adj. pris subst. (Ostéolog.) os situé à la partie antérieure de la base du crane, & qui se trouve comme enchâssé dans une échancrure particuliere du coronal : il est presque tout placé dans les narines, dont il forme la cloison.

Son nom d’ethmoïde, c’est-à-dire cribleux, lui a été donné parce qu’en le regardant du côté du crane, il paroît percé d’une infinité de trous, comme un crible.

Il est joint avec le coronal, l’os sphéroïde, les os du nez, les os maxillaires, les os unguis, les os du palais, & le vomer. Voyez tous ces mots.

On a beaucoup de peine à séparer l’os ethmoïde sans le briser ; cependant l’on y doit réussir en s’y prenant avec adresse, & sur-tout en choisissant une de ces têtes seches qui ont les engrenures lâches.

Quoique sa figure soit irréguliere, on peut dire néanmoins qu’elle approche plus de la cuboïde que de toute autre ; mais il vaut mieux le considérer simplement dans sa face externe & dans sa face interne.

Etant examiné dans sa face externe, il présente trois parties ; une supérieure, une moyenne, & une inférieure.

La partie supérieure, qui est la plus petite & la plus connue. passe derriere l’épine frontale, s’éleve dans la cavité du crane, & porte le nom de crista galli, crête de coq. La partie moyenne occupe toute la portion des narines qui est entre les deux orbites ; elle est composée d’un grand nombre de lames osseuses, fines & très-cassantes, qui forment par leur disposition plusieurs cellules & anfractuosités irrégulieres. La partie inférieure comprend toute la base osseuse qui sépare la cavité des narines.

Il se trouve du côté de la cloison, une raînure où les cellules de l’os ethmoïde s’ouvrent pour communiquer dans le nez ; car dans tout le reste de la portion cellulaire, les cellules sont fermées pour la plûpart par les os voisins auxquels cette portion se trou-

ve jointe. En effet, elles sont fermées en-haut par le coronal, & les sinus frontaux s’abouchent par-devant avec ces cellules. Dans la partie postérieure & dans la partie inférieure, ces cellules sont fermées par l’os sphénoïde & par les maxillaires. Enfin dans la partie externe du côté de l’orbite, ces cellules sont fermées par l’os unguis & par une lame fort égale, dont les anciens faisoient un os particulier qu’ils ont nommé os planum.

On considere dans la face interne de l’os ethmoïde, une lame nommée cribleuse ; les trous qui s’y trouvent, retiennent le nom des nerfs olfactifs qui y passent. Cette lame est traversée suivant sa longueur par l’éminence nommée crête de coq, dont j’ai parlé ci-dessus.

Ingrassias, né en Sicile en 1510, mort en 1580, savant anatomiste, à qui l’Ostéologie doit beaucoup de bonnes choses, est le premier qui ait donné une description exacte de l’ethmoïde, dans ses Commentaires sur le livre des os, de Galien. Son ouvrage fut imprimé à Palerme en 1603, in-fol. & est devenu très rare. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ETHNARQUE, s. m. (Hist. anc.) est le gouverneur d’une nation. Voyez Tétrarque.

Ce mot est formé du grec ἔθνος, nation, & ἀρχὴ, commandement.

Il y a plusieurs médailles d’Hérode I. surnommé le Grand, sur un côté desquelles on trouve ΗΡΩΔΟΥ, & de l’autre côté ΕΘΝΑΡΚΟΥ, c’est-à-dire Hérode l’ethnarque. Nous lisons qu’après la bataille de Philippe, Antoine passant par la Syrie, établit Hérode & Phasaël son frere, tétrarques, & en cette qualité leur confia l’administration des affaires de la Judéc. Jos. ant. liv. XIV. ch. xxiij.

Hérode eut donc le gouvernement de cette province avant que les Parthes entrassent en Syrie, ou avant l’invasion d’Antigone, qui arriva environ cinq ou six ans après qu’Hérode fut fait commandant en Galilée. Jos. l. XIV. ch. xxjv. xxv. Conséquemment Hérode étoit alors vraiment ethnarque, car on ne pouvoit pas le nommer autrement ; de façon qu’il faut que ce soit dans cet espace de tems que les médailles qui lui donnent ce titre, ayent été frappées. Ces médailles sont une confirmation de ce que nous lisons dans l’histoire, que ce prince fut chargé de ce gouvernement avant d’être élevé à la dignité de roi.

Josephe appelle Hérode tétrarque au lieu d’ethnarque ; mais ces deux termes approchent si fort l’un de l’autre, qu’il étoit bien facile de les confondre. Voyez Tétrarque.

Quoiqu’Hérode le Grand ait cedé de bonne volonté à Archélaüs toute la Judée, Samarie & l’Idumée, cependant Josephe nous dit qu’il fut seul appellé ethnarque. Dictionn. de Trév. & Chambers. (G)

ETHNOPHRONES, adj. masc. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui s’éleverent dans le vij. siecle, & qui prétendirent concilier la profession du Christianisme avec la pratique des cérémonies superstitieuses du Paganisme, telles que l’Astrologie judiciaire, les sorts, les augures, & les autres especes de divination. Ils pratiquoient aussi toutes les expiations des Gentils, célébroient toutes leurs fêtes, & observoient religieusement tous leurs jours, leurs lunes, leurs tems, & leurs saisons ; de là leur vint le nom d’Ethnophrones, composé du grec ἔθνος, nation, gentil, payen ; & de φρὴν, opinion, sentiment : c’est-à-dire sectaires qui conservoient les sentimens des Gentils ou Chrétiens paganisans. S. Jean Damasc. heras. n. 94. (G)

ETHOPÉE, s. f. (Rhétor.) ethopæia ou ethopia ; qu’on appelle aussi éthologie ; figure de Rhétorique. C’est une description, un portrait des mœurs, passions, génie, tempérament, &c. de quelque personne. Voyez Hypotipose.