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Causes. La sueur fébrile est produite par le relâchement & la foiblesse des petits vaisseaux, par la violence de la circulation du sang, par la facilité avec laquelle l’eau se dégage des autres principes du sang, par la dépravation des humeurs, par leur dissolution putride. Enfin les sueurs continuelles sont quelquefois causées par une simple acrimonie ; car suivant que cette acrimonie a une affinité particuliere avec les organes de quelques-unes des voies excrétoires, elle excite, de même que celle des remedes évacuans, l’action de ces organes, & provoque les évacuations qui se font par ces mêmes organes.

Effets. La sueur fébrile qui dure long-tems & immodérément, prive le sang de son liquide délayant ; épaissit le reste, excepté dans les fievres colliquatives ; enleve la partie la plus subtile des humeurs, produit des obstructions, des foiblesses, l’exténuation du corps, l’abattement des forces.

Cure. Il ne faut ni provoquer la sueur, ni l’arrêter par le froid, mais la modérer en se couvrant moins, en s’abstenant de tout ce qui est échauffant, en réparant les pertes par des boissons douces & délayantes, en émoussant l’acreté, quelle qu’elle soit ; en corrigeant la colliquation des humeurs par les boissons anti-septiques & legerement astringentes : mais quand les sueurs colliquatives jettent les malades dans une foiblesse extrème, elles peuvent être supprimées avec succès. Il est facile de remarquer dans de telles maladies, que le sang ou la partie la plus grossiere des humeurs tombe en dissolution ; & que malgré les sueurs copieuses, la partie fluide domine encore dans le sang, comme il paroît par celui qu’on tire alors des veines.

Observations de pratique. Les praticiens observent, 1°. que les évacuations critiques se font souvent tout-à-coup par le secours des sueurs, sur-tout dans les crises des inflammations & des fievres aiguës ; mais les fievres qui durent plusieurs semaines, se terminent rarement par des sueurs critiques remarquables. 2°. Les sueurs critiques abondantes s’annoncent d’ordinaire par un pouls véhément, gros, souple, mou & ondulent. 3°. Une grande sueur termine communément les accès de fievres intermittentes ; mais les sueurs qui sont legeres, fréquentes ou continuelles, annoncent la lenteur de la coction, ou la longueur de la maladie. Voyez Hippocrate & ses commentateurs.

Fievre sympathique, fievre excitée par la communication & la correspondance des nerfs du corps humain avec la partie où la cause irritante se trouve fixée.

On a mille exemples de ces sortes de fievres ; car toutes celles qui sont occasionnées par des plaies, celles qui sont produites par une inflammation locale, celles qui sont causées par des douleurs ou des irritations dans une partie nerveuse, comme au bout du doigt lorsqu’il est attaqué d’un panaris, sont autant de fievres sympathiques, qui cesseront seulement par la guérison de la plaie, de l’inflammation & de l’irritation locale, ou par l’amputation de la partie malade.

Fievre symptomatique ; c’est ainsi qu’on appelle toute fievre excitée par quelque maladie générale ou particuliere, & qui loin d’adoucir ou de détruire cette premiere maladie, ne fait au contraire que l’aggraver.

Causes. Sa cause prochaine est donc toûjours une maladie précédente, qui par son accroissement ou sa fâcheuse métamorphose, excite envain les forces de la nature pour en opérer la guérison par le secours de la fievre.

Signes. On juge qu’une fievre est symptomatique, 1°. quand elle ne paroît qu’après une autre maladie qui a précédé ; 2°. quand cette premiere maladie ve-

nant à s’augmenter, la fievre s’allume aussi davantage ;

3°. quand le sédiment briqueté des urines ne marque plus les paroxysmes de la fievre précédente ; 4°. quand on sait par le tems de l’année ou de la constitution épidémique, que la même nature de fievre ne regne point ; 5°. quand cette fievre ne cede pas aux meilleurs fébrifuges.

Cure. Sa guérison dépend uniquement de celle des maladies aiguës ou chroniques dont elle est l’effet, comme, par exemple, quand elle survient à la goutte, au rhûmatisme, au scorbut, à l’hydropisie, &c. Il faut donc bien distinguer la fievre symptomatique de celle qui se guérit naturellement par coction ou par crise : autre chose est la fievre qui se manifeste avant l’éruption de la petite vérole, autre chose est celle qui paroît symptomatiquement après cette éruption.

Fievre syncopale, affection morbifique qui consiste dans de fréquentes syncopes, lesquelles surviennent au retour de l’accès ou du redoublement de la fievre. Voyez Syncope.

Comme ce symptome est effrayant par la pâleur qu’il produit, la petitesse du pouls, la collabescence des vaisseaux, la flaccidité des muscles ; que d’ailleurs il n’est pas sans danger, parce qu’il arrête le cours du suc nerveux, & suspend le mouvement de la circulation du sang, il faut tâcher d’en découvrir les diverses causes, pour y diriger les remedes.

Si la syncope survient dans la fievre, de la foiblesse de la circulation, on la ranimera par des alimens liquides, analogues, doux, gélatineux, artificiellement digérés, agréables, vineux, cardiaques, aromatiques, tirés du regne animal & végétal, donnés souvent en petite quantité, & aidés dans leurs effets par de legeres frictions aux parties extérieures du corps.

La syncope fébrile qui procede d’humeurs dépravées dans le ventricule, & quelquefois de vers qui s’y rencontrent, se dissipera par des vomitifs & par les vermifuges, & l’on en préviendra le retour par les stomachiques.

Quand la syncope procede de la mobilité des esprits, il faut les rappeller par les volatils portés fréquemment aux narines, les anti-hystériques, les cardiaques, les corroborans, & fortifier ensuite le corps par les stomachiques nervins.

La défaillance qui est occasionnée par des concrétions du sang qui commencent à se former, demande les délayans, les atténuans, les savonneux, l’action des muscles.

On connoît que la compression du cerveau & du cervelet est la cause des défaillances, par la lésion des fonctions qui dépendent de leurs bonnes dispositions, lorsque, par exemple, la syncope est accompagnée de délire, de vertiges, de tremblemens, &c. On relâchera les vaisseaux, en humectant par de douces fomentations la tête, le visage, les narines, la bouche, le cou, & en appliquant aux piés les épispastiques.

Fievre tierce, voyez Tierce.

Fievre tritæophie, Tritæophés, de τριταῖος, tierce, & φύω, être de même nature & de même origine. Cette fievre vient le troisieme jour, & arrive alors presqu’à son plus haut période ; ce qui la distingue de la tierce proprement dite, de la tierce alongée, & de la demi-tierce. Du reste son nom est une épithete commune à toutes les fievres qui ont leur accès ou leur retour périodique le troisieme jour ; elle ne forme jamais de crise parfaite par les urines ou par les sueurs, mais les évacuations bilieuses naturelles l’appaisent. Comme ses causes & son prognostic sont les mêmes que de la fievre tierce ou intermittente prolongée, elle demande le même traitement : voyez donc Fievre tierce.

Fievre tropique, tropica febris. Les anciens appelloient fievres tropiques, les colliquatives putrides