Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/1017

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le sens que lui donne l’abbé Brossart, ailleurs que dans son dictionnaire. (S)

GRU, s. m. (Gramm.) ancien terme des eaux & forêts. Il se dit de tous les fruits sauvages qui croissent dans les forêts.

GRUAGE, s. m. (Jurisp.) terme usité dans quelques coûtumes, pour exprimer la maniere de vendre & exploiter les bois ; c’est proprement l’exercice des droits de grurie ou grairie, tiers & danger segrairie.

Suivant un registre du thrésor des chartres de l’an 1315, le roi expose qu’il a droit de gruage dans les bois de Gilles Bergines son chambellan ; mais en considération de ses services, il lui donne ledit gruage estimé 52 liv. 14 s. 6 den.

La coûtume de gruage est celle selon laquelle il faut mesurer, arpenter, layer, crier, & livrer le bois.

Droit de gruage se prend quelquefois pour grurie. Voyez ci-après Grurie.

Gruage est aussi quelquefois un droit qui appartient à certains officiers : par exemple, dans le registre du thrésor des chartres de l’an 1315, pag. 57. il se trouve une chartre, portant que les gruyers de la forêt auront pour leur gruage soixante arpens de bois, exempts de toute redevance. Le concierge & bailli du palais a le droit de gruage sur tous les bois de la forêt Yveline, lequel droit consiste en une certaine quantité de charbon & d’écorce, que doivent lui payer ceux qui en voiturent. Il est parlé de ce droit dans des lettres données au mois de Janvier 1358, par Charles V. alors régent du royaume. (A)

GRUAU, s. m. (Gram.) farine d’avoine ou d’orge dont on a séparé le son, & qu’on a séchée au four ; on en fait de la bouillie ; on en prend au lait & à l’eau. C’est un aliment fort sain. Voyez Farine & Farineux.

Le gruau est encore une espece de farine grossiere, mêlée de son, & qui dans le blé étoit voisine de l’écorce. Il y a des gruaux fins & des gruaux gros.

Les gruaux fins, c’est la farine au dessous de la blanche. Ces gruaux sont les meilleurs.

Les gruaux gros, c’est la farine au-dessous des gruaux fins.

Gruau, s. m. (Méchan.) cette machine a le même usage que la grue, à l’exception qu’elle n’a point tant de saillie. Elle est composée des pieces suivantes.

1°. Le sol ; 2°. la fourchette ; 3°. le poinçon ; 4°. les bras ou liens en contre-fiche ; 5°. la jambette ; 6°. le treuil ; 7°. l’arrêtier ; 8°. la roue ; 9°. le rancher avec ses chevilles ou ranche. La volée qui est la partie mouvante du gruau, comme de la grue, sont les pieces suivantes ; 10°. le rancher ; 11°. le lien ; 12°. la grande moise ; 13°. la poulie ; 14°. les boulons ; 15°. le chable. Voyez l’article Grue, & les Planches du Charpentier.

GRUE, s. f. grus, (Ornith.) grand oiseau aquatique qui a le cou & les jambes fort longues. Il pese pour l’ordinaire dix livres, & il a près de cinq piés de longueur, depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout des piés. Le bec est droit, pointu, & de couleur verdâtre teinte de noirâtre. Il a près de quatre pouces de longueur, & il est applati sur les côtés. Le sommet de la tête a une couleur noire, & il est couvert de poil ou de soie, au lieu de plumes. Il y a sur l’occiput une aréole rouge & nue ; deux bandes blanches s’étendent depuis les yeux jusqu’au sommet d’une tache de couleur de cendrée qui est sur l’occiput, au-dessous de l’aréole dont il a été fait mention : ces deux bandes descendent ensuite jusqu’à la poitrine. La gorge & les côtés de la tête sont noirs ; le dos, les épaules & la poitrine, le ventre en entier, les cuisses & presque toutes les petites plumes des aîles ont une couleur cendrée ; les aîles sont très-étendues, & ont vingt-quatre grandes plumes ; la queue est pe-

tite, ronde & composée de douze plumes qui sont de couleur cendrée, à l’exception du bout qui est noir ; les jambes ont aussi une couleur noire, & sont nues jusqu’au-dessous de l’articulation. Cet oiseau est passager, & il a la chair assez bonne ; il vit de semences & d’herbes. Willughbi, Ornit. Voyez Oiseau. (I)

Grue, (Astron.) constellation de l’hémisphere austral, située entre le Poisson austral & le Toucan. C’est une de celles qui ne sont point visibles dans nos climats. V. Constellation & Etoile. (O)

Grue, (Méchan.) machine en usage dans la construction des bâtimens, pour élever des pierres & autres grands fardeaux.

M. Perrault dans ses notes sur Vitruve, prétend que la grue est le corbeau des anciens. Voyez Corbeau.

La grue des modernes est composée de plusieurs pieces, dont la principale est un arbre élevé perpendiculairement, & terminé en poinçon par le haut : cet arbre est garni par le milieu de huit pieces de bois posées en croix, & soûtenu de huit bras ou liens en contre-fiche, qui s’assemblent vers le haut de l’arbre, & y sont joints avec tenon & mortoise. La piece de bois qui porte & qui sert à élever les fardeaux, s’appelle échelier ou rancher ; elle est garnie de chevilles ou ranches, & posée sur un pivot de fer qui est au bout du poinçon de l’arbre : il est assemblé avec plusieurs moises à des liens montans. Il y a des pieces de bois que l’on nomme soûpentes, attachées à la grande moise d’en-bas & à l’échelier, & qui servent à porter la roue & le treuil, autour duquel se devide le cable. Le cable passe dans des poulies qui sont au bout des moises, & à l’extrémité de l’échelier. Tout le corps de la grue, c’est-à-dire, l’échelier, les moises, les liens montans, les soûpentes, la roue & le treuil, tourne sur le pivot autour de l’arbre pour placer les fardeaux où l’on veut. Chambers.

A proprement parler, la grue est un composé du treuil & de la poulie : ainsi pour connoître l’effet de cette machine & sa force, il ne faut qu’y appliquer ce que nous dirons de ces deux machines. Voyez donc Poulie & Treuil. Voyez aussi Axe dans le Tambour, qui est la même chose que treuil, &c.

Grue, (la danse de la) c’est un ballet des anciens, par lequel ils représentoient les divers détours du labyrinthe de Crete. Il fut inventé par Thesée, après la défaite du Minotaure. Il l’exécuta lui-même avec la jeunesse de Délos ; & cette danse passa dans les tragédies des Grecs, pour y servir d’intermedes. Elle fut mise à la place des ballets qui représentoient le mouvement des astres, &c.

La danse de la grue fut nommée ainsi, parce que tous les danseurs s’y suivoient à la file, comme sont les grues lorsqu’elles volent en troupe. Plutarque, dans la vie de Thesée. Voyez Ballet. (B)

GRUGER ou EGRUGER, v. act. (Gramm.) il se dit en général de l’action de réduire en poudre un corps dur par le moyen de quelque instrument ; ainsi on gruge le marbre avec la marteline. Le même terme se prend aussi au figuré.

GRUME, s. f. (Eaux & Forêts.) c’est en général le bois couvert de son écorce & non équarri. On vend beaucoup de bois en grume.

GRUMEAU, s. m. grumus, (Med.) ce terme est employé pour signifier une petite masse de sang, de lait, ou d’autre humeur concrescible, qui s’est figée même jusqu’à devenir assez dure.

Hippocrate fait souvent mention de sang grumelé, aph. 80. sect. 4. coac. t. 123. l. V. epid. v. 5. Il se sert aussi quelquefois de cette expression à l’égard de différentes matieres excrémentitielles ; comme de la bile (l. II. de morb. lxxiij. 2.), de l’urine, aph. 69.