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qu’on jugeroit à-propos de supprimer le crampon, ne pourroit que se remplir de terre ou de gravier qui s’opposeroient à une nouvelle introduction de la vis du crampon, on substitue toûjours à cette vis une autre vis semblable, à cela près qu’elle ne déborde aucunement l’épaisseur du fer dans laquelle elle est noyée, & qu’elle est refendue pour recevoir le tourne-vis, au moyen duquel on la met en place ou on l’ôte avec aisance.

Quant aux pinçons, on les tire de la pince sur la pointe de la bigorne, au moyen de quelques coups de ferretier.

S’il est question d’appliquer aux fers quelques pieces par soudure, il faut de nouvelles chaudes. Les encoches se travaillent à la lime, &c.

Un ouvrier seul pourroit forger un fer ; mais ce travail coûteroit plus de peine, & demanderoit plus de tems.

Il est nombre de boutiques ou de forges où l’on en employe deux, & même quelquefois trois, à frapper devant, sur-tout quand les loppins font d’un volume énorme. (e)

Forger, (Manége & Maréch.) Cheval qui forge, cheval qui dans l’action du pas, & le plus souvent dans celle du trot, atteint ou frappe avec la pince des piés de derriere les éponges, le milieu, ou la voûte de ses fers de devant. Ce défaut que l’on distingue aisément à l’oüie d’une infinité de heurts répétés, est d’autant plus considérable, que communément il annonce la foiblesse de l’animal : aussi ne doit-on pas être étonné de rencontrer des poulains qui forgent. Il provient aussi de la ferrure, quelquefois de l’ignorance du cavalier, qui, bien loin de soûtenir son cheval, le précipite indiscretement en-avant & sur les épaules, & le met par conséquent dans l’impossibilité de lever les piés de devant assez tôt, pour qu’ils puissent faire place à ceux de derriere qui les suivent. La premiere de ces causes ne nous laisse l’espoir d’aucune ressource : l’art en effet ne nous en offre point, quand il s’agit d’un vice qui procede de la débilité naturelle de la machine. A l’égard de ceux que notre impéritie occasionne, il est aisé d’y remédier. Voyez Soûtenir & Ferrure. (e).

* FORGERON, s. m. on ne donne guere ce nom qu’aux Serruriers, Taillandiers, Couteliers, & quelques autres ouvriers qui travaillent le fer à la forge & au marteau.

FORGES, (Géog.) bourg de France dans la haute Normandie, uniquement connu par ses eaux minérales. Voyez la descrip. géog. & histor. de la haute Norm. Piganiol de la Force, descript. de la France, tom. V. Hist. de l’acad. des Sc. 1708. Forges est dans le petit pays de Bray, à neuf lieues N. O. de Roüen, quatre de Gournai, trois de Neufchâtel, vingt-cinq N. O. de Paris. Long. 19d. 15′. lat. 49d. 38′. (D. J.)

FORGETTER, (se) en Architecture ; on dit qu’un mur se forgette, lorsqu’il se jette en-dehors. (P)

* FORGEUR, s. m. c’est ainsi qu’on appelle dans plusieurs atteliers, l’ouvrier qui préside à la forge & qui conduit l’ouvrage, pendant qu’il chauffe & quand il est sous le marteau. Voyez Grosses-Forges.

FORHUS, s. m. (Vén.) ce sont les petits boyaux du cerf que l’on donne aux chiens au bout d’une fourche émoussée, durant le printems & l’été, après qu’ils ont mangé la moüée & le coffre du cerf. Il se dit aussi de la carcasse dont on fait la curée.

FORHUIR, v. n. (Vénerie.) c’est sonner la trompe de fort loin.

FORJUGER, v. n. (Jurispr.) signifie quelquefois déguerpir un héritage, quelquefois adjuger. Dans les preuves de l’histoire de Guines, page 191. des terres forjugées sont des terres confisquées. Une ancienne chronique dit, que fut forjugée au roi d’An-

gleterre toute la Gascogne, & toute la terre qu’il

avoit au royaume de France. Dans le ch. clxxxxv. des assises de Jérusalem, les forjugés sont des condamnés.

Forjuger l’absent, dans le style du pays de Normandie, est quand le juge forclôt le défendeur défaillant & contumax, & le condamne en l’amende : & dans l’ancienne coûtume de Boulenois, art. 120 & 121. forjuger, c’est lorsque le seigneur féodal retire l’héritage mouvant de lui, faute par son vassal d’acquitter les droits & devoirs. Cette même coûtume & le style de Normandie que l’on vient de citer, usent aussi indifféremment du terme forjurer. Voyez l’auteur de la vieille chronique de Flandres, ch. xxxviij. & lxviij. les constitutions de Sicile, vulgo Neapolitanæ, lib. I. tit. liij. & lib. II. tit. iij. & seq. (A)

FORJUR ou FORJUREMENT, s. m. (Jurisprud.) c’est en Normandie une espece d’abdication & de délaissement que l’on fait de quelque chose. Forjurer le pays, c’est abandonner le pays & se retirer ailleurs, comme font les forbannis & forjugés. Dans les anciens arrêts du parlement, il est souvent fait mention de forjurer, lorsqu’il est traité des assûremens. Forjurer les facteurs en Hainaut, signifie renier les criminels, & abjurer tellement leur parenté qu’on ne prenne plus de part à leurs différends. Cet usage avoit pris son origine des guerres privées, dans lesquelles les parens entroient de part & d’autre en faveur de leur parent ; & quand une fois on avoit forjuré un parent, on ne lui succédoit plus, comme il se voit dans le ch. lxxxviij. des lois d’Henri I. roi d’Angleterre, publiées par Lambard : Si quis propter foridiam vel causam aliquam de parentelâ, se velit tollere & eam fori juraverit, & de societate & hereditate & totâ illius ratione se separet. Il étoit autrefois d’usage en Hainaut, que quand un meurtre avoit été commis, ou qu’il y avoit eu quelqu’un blessé grievement jusqu’à perdre quelque membre, si les auteurs du délit ou leurs assistans s’absentoient ou se tenoient dans des lieux francs, les parens du côté du pere comme de la mere, étoient tenus de forjurer les accusés : mais la coûtume de Hainaut, ch. xlv. abolit ce fojur, & défend aux sujets de ce pays d’user dorénavant de cette coûtume.

Forjurer son héritage, dans l’ancienne coûtume de Normandie, ch. x. c’est le vendre & aliéner. (A)

FORJUREMENT, (Jurisprud.) est la même chose que forjur. Voyez ci-devant Forjur. (A)

FORLANE, s. f. sorte de danse commune à Venise, sur-tout parmi les gondoliers. Sa mesure est à  ; elle se bat gaiement, & la danse est aussi fort gaie. On l’appelle Forlane, parce qu’elle a pris naissance dans le Friou, dont les habitans s’appellent Forlans. (S)

FORLI, (Géog.) Forum Livii, sur la route que les Romains nommoient voie flaminienne ; ancienne petite ville d’Italie dans la Romagne, avec un évêché suffragant de Ravenne. Cette ville fut appellée Forum Livii, parce qu’elle fut fondée 208 ans avant J. C. par Marcus Livius Salinator, après avoir vaincu Asdrubal sur le Metauro. Elle fut aggrandie par Livie femme d’Auguste ; d’où vient qu’elle est souvent nommée Livia dans les auteurs. Après la chûte de l’empire romain, elle se gouverna en république, & a eu ensuite divers maitres, selon les révolutions de l’Italie. Enfin cette ville est revenue au saint-siége sous le pontificat de Jules II. On y comptoit en 1579 plus de vingt mille habitans ; à-présent elle n’en a pas dix mille. Elle est située dans un terrein sain & fertile, à quatre lieues S. E. de Faenza, huit N. de Ravenne, dix-huit N. E. de Florence. Longit. 36d. 10′. lat. 44d. 17′. suivant le P. Riccioli. (D. J.)

FORLONGER, v. n. (Vénerie.) prendre un grand