pas prescrire, par exemple, dans un julep syruporum de diacodio, de meconio & de papavere albo ana dragmam unam, &c. On commettroit une faute du même genre, si l’on ordonnoit en même tems diverses préparations parfaitement semblables en vertu, de la même substance ; par exemple la décoction, l’extrait ou le sirop simple de chicorée, &c. Ou si ayant prescrit une composition officinale, on demande d’ailleurs la plûpart des ingrédiens de cette composition.
Il faut être instruit encore des tems de l’année où l’on peut avoir commodément certaines substances, comme les plantes fraîches, les fruits récens, &c.
Les différens ingrédiens des formules se déterminent par poids & par mesure. Voyez Poids & Mesure.
Le modus pharmaceutique, ou la maniere de préparer la formule ou de la réduire sous la forme prescrite, termine ordinairement la formule & en constitue proprement la souscription, qui comprend aussi le tems & la maniere de faire prendre le remede au malade.
Cette derniere partie de la souscription qui est appellée signature, doit dans la grande exactitude être séparée du corps de la formule, & être écrite en langue vulgaire (le corps de la formule s’écrit ordinairement en latin), avec ordre de l’appliquer ou de la transcrire sur le vaisseau, la boîte, ou le paquet, dans lequel l’apothicaire livrera le médicament. Il n’est personne qui n’apperçoive l’utilité de cette pratique, qui peut seule empêcher les gardes malades, les domestiques, & en général les assistans de confondre les différens remedes qu’on fait prendre quelquefois aux malades dans le même jour, ou de les donner hors de propos.
Les regles que nous venons d’exposer sont absolument générales, & conviennent aux médicamens préparés sous les diverses formes qui sont en usage. Voyez l’article Médicament.
On use dans les formules ordinaires de divers caracteres & de diverses abréviations, pour désigner les poids, les mesures, certains ingrédiens très-ordinaires, les noms génériques des drogues, & certains mots d’usage & de style qui reviennent dans presque toutes les formules. On trouvera les caracteres des poids & mesures, aux articles généraux Poids & Mesure, & aux articles particuliers Once, Grain, Faisceau, Goutte, &c. Voici la liste des abréviations les plus usitées.
Aq. C. aqua communis. Q. S. quantum sufficit. S. A. secundum artem. ā ā. anæ, de chacun. M. misce. F. fiat. M. F. pulvis. Misce fiat pulvis. S. signatur. D. detur. Rad. radices. Fol. folia. Fl. flores. &c. Les abréviations du genre de ces trois dernieres s’entendent assez sans explication.
Au reste on trouvera des exemples de formules régulieres, & revêtues de tout leur appareil, l’inscription, le commencement, l’ordre, la souscription, la signature, aux articles Opiate, Potion, Poudre, Tisane, &c. (b)
On ne peut s’empêcher d’ajoûter ici d’autres considérations importantes sur les qualités qui résultent du mélange des drogues dans les formules composées, soit magistrales, soit officinales, & l’on empruntera ces considérations du même ouvrage de M. Gaubius.
Les qualités qui résultent du mélange des drogues, & qui sont souvent très-différentes de celles de chacune prise séparément, méritent une attention particuliere ; parce que le changement qui arrive après le mélange est si notable, qu’il attaque même la vertu médicinale des remedes & leur nature : ce qui prouve assez combien on a tort de préférer les composés aux simples, quand il n’y a pas de nécessité absolue qui l’exige.
Les qualités auxquelles on doit avoir égard dans les formules composées, sont sur-tout la consistance, la couleur, l’odeur, la saveur, & la vertu médicinale.
Les vices de la consistance sont l’inégalité du mélange, quand elle est trop seche ou trop épaisse, trop fluide ou trop molle. Pour éviter cet inconvénient, il faut connoître la consistance propre à chaque formule, & la consistance de chaque ingrédient prise séparément.
Rien n’est si changeant que la couleur, sur-tout si on mêle des matieres différentes. On voit bien des gens sur qui cet objet fait grande impression, & qui aiment mieux les compositions d’une couleur diaphane, blanche, dorée, rouge, bleue, que celles qui en ont une jaune, verte, noire, opaque. On ne peut pas néanmoins déterminer physiquement en général, quelle sera la couleur résultante des différentes couleurs mélangées. La Chimie par le mélange des matieres sans couleur, en produit une blanche, jaune, rouge, bleue, brune, noire, &c. elle tire même toutes sortes de couleurs de toutes sortes de matieres ; elle est presque ici la seule science qui donne les exemples & les regles dont le medecin a un besoin essentiel.
Les odeurs ne changent pas moins que les couleurs dans le mélange des remedes différens ; mais leur efficacité est bien plus grande & plus réelle. Ainsi remarquez 1°. qu’il y a peu de regles pour rendre les odeurs agréables ; que ces regles sont très-bornées & très-incertaines ; que les odeurs qui plaisent à quelques personnes, déplaisent à beaucoup d’autres. 2°. Que l’agréable & l’utile ne vont point ici de pair ; les hypocondriaques & hystériques se trouvent quelquefois ne pouvoir pas supporter ce qui sent très-bon ; souvent les odeurs fortes, fœtides ou suaves, font de grandes impressions en bien & en mal. 3°. Qu’en général on aime davantage ce qui n’a point d’odeur, ou ce qui ne sent ni bon ni mauvais. 4°. Que souvent toute la vertu des remedes dépend de leurs odeurs, ou du principe qui les produit.
De plus, on ne peut pas prévoir toûjours l’odeur du mixte par celle des ingrédiens. Voici cependant ce que nous apprend la Chimie, & qui prouve combien il est utile de la savoir quand on commencera à formuler.
1°. Il y a des matieres sans odeur, que le mélange rend très-odoriférantes. Quand on mêle, par exemple, le sel alkali fixe ou la chaux vive qui sont l’un & l’autre sans odeur, avec le sel ammoniac ; quelle odeur forte ne sent-on pas tout-à-coup ? La même chose arrivera, si on verse l’acide vitriolique sur le nitre, le sel marin, le sel ammoniac, le tartre régénéré, & autres semblables. 2°. Il y a des ingrédiens très-odoriférans, qui après le mélange n’ont plus d’odeur : l’esprit de sel ammoniac, joint à l’acide du nitre ou du sel marin, en est un exemple. 3°. Il résulte quelquefois une odeur extrèmement fétide, du mélange d’odeurs, ou suaves, ou médiocrement fétides : pareillement des matieres très-fétides mêlées ensemble, donnent des odeurs très agréables. Quand on verse du vinaigre sur une dissolution de soufre par les alkalis fixes, on sent l’odeur d’œuf pourri. Des sucs très-puans que M. Lemery avoit mis dans un petit sac, rendirent une odeur de musc. Hist. de l’acad. roy. ann. 1706. pag. 7.
Les saveurs demandent les mêmes précautions & les mêmes connoissances chimiques, que les odeurs. Les saveurs naturelles, douces, acides, ameres, un peu salées, &c. sont les meilleures. Les plus desagréables sont celles qui sont putrides, rances, urineuses. La Chimie apprend qu’il y en a d’autres bien différentes, & souvent très-extraordinaires, qui